Il y a trois ou quatre ans, peu importe le temps, je me suis mis à lire le Coran afin de comparer ce que dit Jésus dans les évangiles et ce que Mahomet lui fait dire dans le livre saint des musulmans : mon propos n’est pas ici de dire à quel point j’ai été effaré par ma lecture au point de me demander parfois s’il s’agissait là d’un ouvrage sérieux, mais seulement de revenir sur ce que j’avais écrit au sujet de la nécessaire évangélisation des populations musulmanes… chose qui, en France, ne semble pas d’une évidence absolue ; je me souviens d’une religieuse avec qui j’évoquais cette question, précisant qu’eux aussi avaient le droit de connaître le Dieu d’amour et de savoir qu’Il avait envoyé son Fils pour les sauver puisqu’Il a sauvé tous les êtres humains, du premier qui fut jusqu’au dernier qui sera : elle me répondit que le mieux était qu’on les laissât devenir saint en islam. Cependant, je reconnais qu’il s’agit là d’une évangélisation difficile étant donné les lois qui règnent en pays à dominante islamique ou en certaines zones de nos banlieues où les musulmans sont majoritaires…
Or voici un livre qui vient à point pour nous éclairer à la fois sur cette nécessité et ses difficultés : celui écrit par Moh-Christophe Bilec et publié par les éditions Qabel1 sous le titre Musulmans convertis au christianisme.
L’auteur est très impliqué dans l’accueil des musulmans chercheurs de Dieu, désireux de connaître le Christ ou, mieux encore, d’être baptisés. Car, contrairement à ce qui semble être une certitude en occident, le courant de conversion de l’islam vers l’Église catholique ou d’autres courants du christianisme est bel et bien fort et constant.
« Non seulement ils se convertissent mais de plus en plus nombreux », déclare-t-il. Il est bien placé pour le savoir puisqu’il a fondé un mouvement spécialisé dans l’accueil, « ‘’Mère Qabel’’, totalement inséré dans l’Église catholique dont l’association Notre-Dame de Kabylie, en région parisienne, est le groupe le plus connu ».
Mère QABEL 2 et sa Spiritualité de l’Accueil : à partir du quatrième trimestre 2009, dans le prolongement du message inespéré des pères synodaux africains, Notre-Dame de Kabylie est inspirée par la spiritualité de l’Accueil3. Le but unique : prier, « tous les dimanches, afin que les hommes et les femmes vivant dans l’ignorance de la Bonne Nouvelle de l’Évangile puissent l’accueillir sans en être empêchés, si telle est leur volonté, dans les pays dits musulmans. C’est Jésus qui appelle, c’est l’Esprit Saint qui convertit et c’est vers le Père que nous allons. »
Qui est Moh-Christophe Bilek ? Un Algérien kabyle né en 1950. En 1961, avec ses parents, il arrive en France. Il écoute une radio suisse protestante qui l’amène à s’interroger sur Dieu, le Christ, jusqu’au baptême catholique en 1970.
Il parcourt d’année en année des étapes qui le mène des prêtres ouvriers de l’après-Concile à l’Église d’Algérie, du dialogue islamo-chrétien au renouveau charismatique, des paroisses de banlieue en déshérence au courant traditionaliste : qu’importe, le seul titre qu’il revendique est celui, bienaimé, de « disciple du Christ ».
Ce disciple pense à ses frères kabyles, mais au-delà nécessairement à tous ceux qui, pour quitter l’islam, doivent affronter des épreuves qui vont parfois jusqu’à la mort.
Aujourd’hui, cet homme de 63 ans a derrière lui une expérience spirituelle de longue durée, 40 ans, qui lui permet d’affirmer combien il est urgent, et de plus en plus, de venir en aide à tous ceux qui ne savent pas toujours comment sortir de l’islam, comment entrer dans l’Église. Il donne de nombreux exemples éclairant, aussi bien d’échecs que de réussites : pour lui, comme d’ailleurs pour tous chrétien sincère, l’urgence de la conversion vient de « cet enjeu vital [que représente] la filiation divine par le baptême ».
Ce qui interpelle le lecteur, c’est sa confiance qu’existe bien un plan de Dieu sur l’islam, qu’existe bien un rôle attribué à la Vierge Marie4… En annexe, il rappelle que seule Marie a vaincu l’émir qui tenait la place où se situe Lourdes aujourd’hui ! Charlemagne ne parvenait pas à l’emporter, mais un prêtre prit le manteau du diplomate, alla voir cet émir et lui fit rendre son fief à Notre-Dame du Puy… Pendant des siècles, Lourdes fut le comté dévolu à celle que l’émir avait choisi sans hésitation en demandant le baptême. Elle revint en ce lieu mille ans plus tard…
Moh-Christophe nous livre donc de nombreux témoignages parfois bouleversant de ceux que son association a aidés à franchir le pas, sans brusquerie, sans jamais chercher à imposer quoi que ce soit : on ne se donne que librement au Christ !
Il rend compte donc de nombreux cas de conversions, mais je ne retiendrai que celui d’une jeune femme qui présente de singulières similitudes avec celui de l’Égyptienne Nahed Metwali… qui se convertit à la suite d’un songe si fort qu’elle a par la suite accepté les épreuves les plus dures…
L’auteur ‘des musulmans qui deviennent chrétiens’ est invité à donner une conférence à l’Institut catholique de Toulouse (ICT) , le 26/03/2013 à 20h30, sur le thème de son livre. Il écrit, en quatrième de couverture : « Si l’islam était salvateur, ‘’nous serions les plus malheureux des hommes’’, pour reprendre les termes de saint Paul aux Corinthiens. Non seulement nous sommes méprisés et persécutés par nos frères de sang, en tant qu’apostats, mais nous encourons, de plus, la colère d’Allah et les pires de ses châtiments. Notre conversion serait-elle alors inutile et la foi chrétienne, fondée sur la mort et la résurrection du Christ, une imposture ?
» Non ! Notre confiance n’est pas entamée. Au contraire, par notre prière incessante nous posons un acte de foi serein en la miséricorde de Dieu, qui aime nos parents et nos frères bien plus que nous ne les aimons, en dépit de ce que leur foi musulmane ne soit pas une ‘’voie de salut’’.
» En quittant l’islam, nous sommes simplement en cohérence avec la déclaration de Jésus : ‘’Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie’’. Et que nous soyons baptisés Mohamed-Christophe, Maria-Aïcha, Joseph ou Ali, c’est bien librement que nous avons pris l’unique chemin qui mène vers le Père et la joie de Le connaître dans la Vie éternelle. »
M.-C. Bilek souligne le rôle des convertis venus des traditions musulmanes et démontre qu’aujourd’hui il s’avère crucial. De plus en plus nombreux ils bousculent les anciennes certitudes du courant islamo-chrétien installé dans l’Église catholique, particulièrement en France. Ils sont au-delà des divisions qui nous invalident car ils ont rencontré et adopté de tout leur être, de toute leur âme la foi en Jésus Christ, ce Fils unique du Père entré dans la mort sur la croix pour sauver le genre humain : événement fondateur nié par les dogmes islamiques. « Ils amènent, dit-il, une fraîcheur étonnante pour leurs frères aînés qui les comparent volontiers aux premiers chrétiens ».
Aux vieux chrétiens issus des mamelles de la Fille ainée de l’Église d’aller au-devant d’eux et de les accueillir en frères très aimés5. Ils peuvent être en effet et à bien des égards, des pionniers spirituels.
- Éditions Qabel : http://qabel-editions.com
- « Qabel voulant dire accueil et faire face (en kabyle notamment, mais pas seulement), aura sa propre rubrique pour mettre en exergue la prière du dimanche et la promouvoir. »
- Joindre l’association à l’adel suivante : mere.qabel@ gmail.com
- Rôle qu’elle a commencé à tenir d’une façon explicite par ses nombreuses visites à la population égyptienne…
- Un autre ouvrage est à lire, ne serait-ce que pour mieux comprendre ce qui pourrait advenir demain si le peuple chrétien s’en donnait la peine : Les convertis issus de l’islam et l’avenir religieux de l’Europe. Ce texte analyse en premier lieu la déchristianisation de l’Europe, qui se produit en parallèle avec la montée en puissance de l’islam. Aucune conclusion pessimiste, d’avance « invalidée par le contact direct des musulmans avec une culture, des religions et des philosophies, imprégnées d’une liberté inexistante dans leur culture d’origine, ceci joint au libre accès à un vaste éventail d’informations. Il en résulte que beaucoup de musulmans abandonnent l’islam, une grande partie allant vers le christianisme », indique la 4e de couverture.
