L’été dernier, à Phoenix, à la piscine de l’hôtel Biltmore, nos filles de 7 et 4 ans ont écouté, écouté et réécouté une chansonnette entraînante de danse pop enregistrée par un groupe anglais de garçons nommé « The wanted » (le recherché)
Voici les paroles de cette chanson nommée : Content que tu sois venue.
Le soleil baisse
Les étoiles s’allument
Et tout ce qui compte
C’est ici et maintenant
Mon univers ne sera plus jamais le même
Je suis content que tu sois venue
Tu m’as jeté un sort, jeté un sort
Tu m’as frappé comme si le ciel m’était tombé dessus, tombé dessus,
Et j’ai décidé que tu me regardes bien, regardes bien,
Alors, allons quelque part où personne ne peut nous voir, toi et moi.
Cette chanson nous a rendus cinglés, près de la piscine de l’hôtel. Je me demandais comment ils pouvaient jouer cette affreuse musique là où Ronald Reagan était venu en voyage de noces avec Nancy ? Et la jouer tellement fort !
Mais ce n’était pas seulement à la piscine de l’hôtel. Cette chanson est ressortie au cours de danse de notre fille, dans les restaurants, partout. Et nos petites filles, debout dans le salon, la chantaient régulièrement de leurs jolies petites voix.
Ces paroles sont loin d’être poétiques, et ne sont pas un message parfait pour les petites filles ! Suggérer que vous alliez dans un endroit où personne ne vous voit n’est pas une bonne idée. Et un poème qui dit « te prendre par la main, te donner un autre verre, bois si tu le peux, » n’est certainement pas recommandable, mais peut-être que nos petits anges ne les comprennent pas encore.
Les petites filles grandissent vite de nos jours. Et elles sont vite blasées. Nos petites filles pourtant sont très innocentes. Et elles vont à une petite école paroissiale très charmante et innocente, dirigée par des jeunes femmes qui viennent de Christendon et Steubenville. C’est un îlot d’innocence, et c’est ce que nous aimons.
Mais ici, la culture est partout. Dans le pâté de maisons où nous habitons, tous les enfants vont à l’école publique. Et bien que je ne puisse pas dire qu’ils ne sont pas innocents, ils sont susceptibles d’être exposés à des influences qui sont culturellement troubles. Ils en savent beaucoup sur la musique de variétés, la télévision ou le cinéma – tous ces domaines où nous surveillons ce que nos filles écoutent où regardent.
Parfois, j’ai la vision de démons tournant autour de nos filles. J’ai toujours cru aux démons, mais jamais autant que depuis que nous avons ces deux petits filles. Je sens les démons qui tournent et grondent autour d’elles, avides de les détruire. Et les démons, de nos jours, ont tellement d’outils pour travailler, en particulier dans la culture populaire.
Je veux éloigner les démons, mais je ne veux pas pour autant que mes filles soient des cruches, c’est-à-dire si peu sophistiquées qu’elles soient objets de moqueries, et incapables de se défendre de filles et de garçons plus expérimentés. Bien sûr, entre naïveté et damnation, je choisirais la naïveté, mais entre les deux, il y a de l’espace.
Alors, comment naviguer entre les deux ?
Même si les chanteurs de « The Wanted » nous ont rendus à moitié fous à la piscine de Phoenix, et même si nous ne voulons pas que nos filles deviennent enragées de musique de danse pervertie, pour Noël, nous avons cédé et leur avons acheté leur CD. Et elles l’aiment beaucoup. Elles chantent et dansent, et chantent encore de leurs jolies petites voix.
Au même moment, pourtant, nous avons mis en branle une contre-proposition, que j’appellerai notre « tactique : musique du far west ». Quoique peu amateurs de ce type de musique folklorique, ma femme et moi sommes prêts à en souffrir pendant des années comme antidote à d’autres genres plus dangereux. Aussi, avec « The Wanted », nous avons acheté aux filles Carrie Underwood, et Taylor Swift, de jolies filles qui chantent des chansons saines, du moins le pensions nous. Fondant dessus de grands espoirs, nous avons mis Carrie Underwood sur la chaine stereo, et il en est sorti un fort grincement de guitare qui assaillit aussitôt leurs jeunes oreilles. Rien d’entraînant ni de léger. Les filles en sont restées bouche bée. Pas question de danser. Elles avaient les yeux écarquillés, non pas d’émerveillement, mais plutôt d’une sorte d’alarme. Papa et maman, vous voulez vraiment que nous écoutions cela !
Taylor Smith n’était pas beaucoup mieux. Une de ses chansons parle d’avoir 15 ans, de n’avoir aucun ami et puis de tomber amoureux. C’était plutôt morose et ne correspondait ni à l’état d’esprit, ni à l’expérience de nos filles. Nous avons mis de côté Underwood et Swift, et nos filles ne nous les ont jamais réclamées depuis lors.
Ma femme se contente du fait qu’elles gardent « The Wanted ». Elle dit que les filles l’expérimentent en tant que petites filles. Leur chanson favorite après tout parle de la lune et des étoiles, et de l’univers, et de combien « je suis content que tu sois venue, que tu sois venue ». C’est une chanson entraînante et les vers leur rappellent probablement « Twinkle twinkle little star » (scintille, scintille petite étoile) et des amis qui viennent pour jouer avec elles.
Comme toutes les petites filles, Lucy et Gigi veulent être grandes, mais devenir une grande fille est aussi quelque chose d’un peu effrayant. Je soupçonne que leur réaction face à Underwood et Swift vient peut-être de cette crainte. Elles trouvent leur confort dans leur innocence. Elles y trouvent aussi la sécurité.
En tant que parents, nous sommes profondément conscients de certaines choses, telles que le fait que nous ne sommes que vaguement conscients de ce que nous faisons. Nos instincts sont sains, mais que faire. Nous savons aussi que nous faisons la course avec le diable. Et nous nous sentons très seuls et dépassés par le nombre de ceux qui veulent la ruine de leurs âmes.
Nous avons trouvé une solution : nous constituer des alliés. Aussi nous sommes-nous mis en mouvement. Il ne s’agit pas d’un mouvement de fuite. Il s’agit de se diriger vers une communauté catholique qui s’est constituée naturellement dans ce but autour de l’innocente petite école que fréquentent nos filles. Il y a là une nuée de témoins qui vont pouvoir aider nos filles, et nous avec.
Nous avons entendu dire qu’il y avait aussi de très bons orchestres chrétiens comme Barlow Girl, et Innocence Mission. Je pense que nous allons les essayer, et puis, continuer à prier.
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Austin Ruse est président de l’institut de la famille catholique et des droits humains basé à New York et à Washington
Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/music-demons-and-little-girls.html
Tableau – la ronde des enfants : Hans Thoma, 1872