Premier ministre de l’Etat-PS toujours au plus bas dans les sondages, Jean-Marc Ayrault a encore raté sa cible, allant sans doute même jusqu’à se tromper de combat, en déclarant impérieusement qu’il « ne veut aucun maire » élu avec l’étiquette du Front national… Ici, il a commis une triple erreur : d’abord, en confondant la démocratie et une sorte de paternalisme idéologique d’Etat où on peut ostraciser ceux qui déplaisent aux maîtres du moment. Ensuite, en se permettant de frapper d’une sorte d’interdit un parti politique qui a légalement droit de cité, quel que soit le jugement qu’on peut porter sur lui et sur son évolution actuelle, et donc en prétendant se placer au-dessus des lois, et en jugeant à la place des électeurs d’une façon bien peu démocratique. Et enfin, en oubliant qu’aux élections municipales, la plupart des Français souhaitent, ou souhaiteraient autant que possible, choisir des hommes et des femmes pour leurs qualités personnelles, et non pour les étiquettes délavées des partis politiques dévalués.
Jean-Marc Ayrault aurait pu se souvenir que les élections municipales sont souvent devenues le dernier refuge d’un vote à échelle humaine, où la politique politicienne du régime des partis autrefois rejeté en 1958 peut – et doit – être remplacée par la politique autrement plus digne et plus noble de la démocratie locale.
Lors des élections municipales, n’en déplaisent aux idéologues sectaires des différents partis – le Parti socialiste ne se montrant pas ici le moins idéologue ni le moins sectaire, tant s’en faut… – la transparence et le réalisme gardent certaines chances. Et ainsi l’idéologie et le sectarisme peuvent être surmontés par le bon sens et par un reste d’honnêteté. En attendant, en prétendant ostraciser un parti – en l’occurrence le Front national à l’identité devenue aujourd’hui assez floue sur les questions fondamentales de société… – le chef du gouvernement socialiste toujours discrédité ne fait que lui conférer un statut de martyr qu’il ne méritait sans doute guère et qu’il n’osait espérer… Ainsi, cela ne fera sans doute que renforcer l’audience de ce parti de mécontents auprès d’un électorat exaspéré par autant de suffisance de la part de gouvernants en situation de faillite politique prolongée. Une telle maladresse n’a pu que réjouir Marine Le Pen et ses lieutenants : le zélé socialiste Jean-Marc Ayrault est devenu le meilleur agent électoral du Front national… ! De quoi rendre l’UMP jaloux… !
