Mourir pour la patrie - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Mourir pour la patrie

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Hommage national aux treize soldats tués (le 25 novembre) au Mali dans la cour des Invalides, 2 décembre.

Hommage national aux treize soldats tués (le 25 novembre) au Mali dans la cour des Invalides, 2 décembre.

Capture d'écran YouTube Élysée

«Oh tendre France, douce gardienne de mon baptême,
Prenez ici ma vie, je vous en fais le don,
Veillez sur ma famille et tous les gens que j’aime,
Et rendez je vous prie mon sacrifice fécond… »

C’est le capitaine Clément Frison-Roche, l’un des treize militaires décédés au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane, qui en écrivant ce poème, nous livre la leçon de son sacrifice et nous implore de la méditer. Âgé de 28 ans, marié et père d’un enfant, n’est-il pas un bel exemple de don total à une cause supérieure ? En l’espèce, celle de la France, celle aussi de sa mission dans le monde au service de la paix. La paix dans une Afrique sahélienne gravement menacée par le terrorisme islamique. Il est vrai, par ailleurs, qu’un certain climat moral ne se prête guère à l’estime du don de soi, alors qu’il n’est question que de développement personnel et plus généralement de culture de l’individualisme. Le pacifisme intégral demeure une tentation, à l’instar de la mentalité des Grünen dans l’Allemagne des années 80 qui proclamaient : « Plutôt rouges que morts. »

Mystique du soldat

Mais l’histoire a tôt fait de nous rattraper avec son tragique, dont Raymond Aron rappelait qu’il est inhérent à la condition humaine. N’avertissait-il pas ses contemporains : « Si la morale des Occidentaux est maintenant la morale du plaisir, du bonheur des individus et non pas la vertu du citoyen, alors la survie est en question. » Cependant, le soldat est plus qu’un citoyen, puisque son existence est radicalement vouée à la survie de la patrie et que la perspective du sacrifice suprême est liée à son engagement au métier des armes. Il n’est pas exagéré d’affirmer qu’il y a un aspect mystique à un tel engagement, au sens de Charles Péguy :

« Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles,
Couchés dessus le sol à la face de Dieu, (…)
Heureux ceux qui sont morts pour des cités charnelles,
car elles sont le corps de la cité de Dieu. »

Lorsque le capitaine Frison-Roche définit la France comme la douce gardienne de son baptême, il consone tout à fait avec le Péguy qui offrait sa vie à la face de Dieu. Nous avons gardé le souvenir du colonel Beltrame participant de la même geste héroïque associée à la mystique chrétienne du don de soi. À l’image de celui qui a montré l’exemple absolu : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15,13).