Les images reçues d’Athènes, avec les batailles de rue, les immeubles en feu autour d’un parlement assiégé sont suffisamment éloquentes pour nous suggérer la situation actuelle de la Grèce. Même si les émeutiers, ceux qui recourent à des solutions extrêmes, sont minoritaires, il n’empêche qu’ils ne pourraient pas agir ainsi, s’ils n’étaient soutenus par une population qui n’en peut plus. Certes, j’entends les arguments en faveur du traitement drastique infligé au peuple grec. Il s’est permis trop de facilités, ses dirigeants ont falsifié ses comptes officiels, et il convenait de revenir sur nombre de privilèges indus. Mais je lis aussi des relations très précises sur la pauvreté qui ne cesse de gagner le pays, les centres d’accueils débordés par des gens qui n’arrivent plus à se nourrir. Certains économistes peuvent m’expliquer que l’économie va tout de même redémarrer après ces purges nécessaires. Je ne puis m’empêcher de songer à Molière et à ses médecins : Purgare, deinde purgare ! Purger, toujours purger !
Dans l’immédiat, le résultat de la purge, c’est plus d’un million de chômeurs, c’est-à-dire le cinquième de la population active. Et puis il y a cette énorme inconséquence : alors que les mesures imposées par les instances européennes et internationales sont censées réduire la dette, celle-ci ne fait que s’alourdir. Et elle s’alourdira d’autant plus que l’économie affaiblie ne cessera de plonger dans la récession. Les chiffres sont éloquents : la dette grecque est passé de 263 milliards en 2008 à 355 milliards en 2011. Le PIB grec lui est passé de 233 milliards à 218 milliards. Lorsqu’on étrangle une économie, on fait souffrir les habitants et on les rend encore plus insolvables.
Je ne suis pas économiste. C’est bien pourquoi j’aimerais que les économistes m’expliquent ces inconséquences, d’autant qu’il n’y a pas que la Grèce en cause. Le Portugal et l’Espagne sont soumis aux mêmes purges. Tous ces pays vont-ils, finalement, mourir guéris ?