Morts en Afghanistan - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Morts en Afghanistan

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Quatre nouveaux soldats français tués en Afghanistan, cela émeut à juste titre la communauté nationale. Il est toujours impressionnant de considérer ces vies fauchées à l’heure des promesses, ces garçons de vingt ans, souvent arrachés à l’affection des leurs, laissant une compagne et même des petits enfants derrière eux. Pourtant, si l’on considère les guerres passées, celles qu’on commémore le 11 novembre et le 8 mai, force est de constater que nous avons changé d’échelle. Et même si l’on ajoute les conflits d’Indochine et d’Algérie où plusieurs dizaines de milliers de soldats sont morts au combat. Nous avons changé de monde, nous avons changé d’époque. Au moment de la première guerre d’Irak, à la suite de l’invasion du Koweït par les troupes de Sadam Hussein, on reprenait dans les médias le slogan paradoxal du zéro mort. Nous en étions à la guerre électronique et même dans le cas d’une invasion où participaient des effectifs considérables, on estimait possible de conquérir un pays entier, en faisant l’économie de ce sang trop généreusement dispensé dans le passé.

J’avoue que je suis fasciné par l’ampleur des sacrifices accomplis notamment durant la Première guerre mondiale. Chaque monument aux morts de village m’attire irrésistiblement, et il m’arrive de compter le nombre de jeunes gens inscrits sur la plaque commémorative. Dans le petit village limousin où je réside l’été, c’est une quarantaine de noms que je recense régulièrement. Dans une commune qui devait compter à l’époque à peu près 500 habitants, c’est proprement hallucinant. Cela veut dire que l’essentiel des garçons de Saint Yrieix a donné sa vie sur les champs de bataille que je connais bien par ailleurs, aux alentours du Chemin des Dames entre Soissons et Laon, à Verdun et ailleurs.

On ne peut que se féliciter que l’Europe d’aujourd’hui soit délivrée de tels carnages. Mais nous avons toujours une armée, des soldats exposés en diverses régions du monde. La paix universelle n’est pas pour demain. Que nous devions participer aux opérations indispensables là où il s’agit d’éviter le pire ne fait pas question. Mais l’Afghanistan fait question. Le Président français semble hésiter alors que son adversaire socialiste annonce qu’il rapatrierait nos soldats. C’est pourquoi ces quatre victimes pèsent lourd dans notre conscience.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 23 janvier 2012.