Pourquoi notre société a-t-elle si peur de la mort, au point de l’évacuer et de mettre le pays quasiment à l’arrêt ? La question est devenue cruciale avec cette crise sanitaire, on l’a vu depuis le premier confinement, avec le mépris de l’accompagnement des derniers instants, pourtant si essentiels.
N’est-ce pas que la mort, par définition, échappe à tout contrôle, et résiste toujours au désir prométhéen de l’homme de devenir son propre dieu ? Une pierre d’achoppement en quelque sorte…
Plutôt que de consentir à notre finitude de créatures, le plus grand mensonge de notre époque est ainsi de faire croire que nous pourrions échapper à la mort, ou du moins la retarder indéfiniment, grâce à la technique scientifique. C’est tout l’enjeu des débats autour du transhumanisme, dont les lois de bioéthique actuellement en discussion ne sont qu’une étape, qui vise à s’affranchir des limites du vivant et de la nature.
Au IIe siècle déjà…
À vrai dire, le fait n’est pas nouveau : au IIe siècle déjà, les gnostiques, première hérésie chrétienne, s’efforçaient de s’émanciper des limites du corps, y compris par la transgression des interdits moraux. Le tout afin de satisfaire cette soif d’immortalité qui réside au fond de chacun. Mais qui fait l’ange fait la bête… Nous ne sommes pas loin, au fond, du livre de la Genèse, de la volonté de l’homme de ravir l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Avec le désastre que l’on sait !
Dès lors, face à la dimension véritablement mondiale de cette pandémie, à la prise de conscience incontournable de notre fragilité, chacun sur cette planète se trouve désormais nu, tels Adam et Ève.
Il revient alors à l’Église, mater et magistra, de se montrer à la hauteur du défi lancé à toute l’humanité : quelle réponse apporter à cette vérité cachée dans le désir de prolonger la vie humaine ? N’est-il pas urgent que la vie éternelle revienne au centre de son discours ?
De manière très immédiate, cette Année Saint-Joseph en donne un moyen et un modèle très concret. S’il est aussi le patron de la bonne mort, c’est que Joseph a reconnu par toute sa vie qu’il n’était qu’une simple créature, y compris par sa fin dont les Écritures n’ont pas retenu la trace : homme de l’ombre, il s’est laissé conduire par Dieu et s’est effacé devant Celui qui devait sauver l’humanité. Sans doute au prix du grand sacrifice de se séparer de l’intimité avec une telle (Sainte) famille : Jésus et Marie.
En cela, il est une grande leçon pour aujourd’hui : cette sainte compagnie tout au long de la vie est un précieux viatique, qui permet d’apprivoiser l’idée terrifiante de notre fin. À la suite de Joseph, beaucoup de saints ont ainsi médité sur la mort, comme saint François d’Assise, au point de l’appeler sa « Sœur »…
« Ô mort, où est ta victoire ? », chanterons-nous à Pâques, exprimant le cœur de la foi. Il serait bon de clamer dès à présent cette espérance au monde, qui a soif de cette parole.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- LA « MODERNITÉ » : UN CENTENAIRE OUBLIÉ
- La France et le cœur de Jésus et Marie
- Quand le virtuel se rebelle contre le réel, l’irrationnel détruit l’humanité
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918