Un désir lancinant et ardent court tout au long de la Première Alliance, en particulier dans le livre des Psaumes. Ce désir habite la longue attente multiséculaire des prophètes, des patriarches, des justes. C’est le désir amoureux de l’homme de voir le Visage de son Dieu ! Le Visage du Sauveur !
« Montre-nous ton visage et nous serons sauvés ! » (Ps 79).
« C’est ta Face que je cherche Seigneur ; ne me cache pas ta Face » (Ps 26).
« Au réveil, je me rassasierai de ton Visage » (Ps 16).
« Qui regarde vers lui resplendira sans ombre ni trouble au visage » (Ps 33).
Face douloureuse et glorieuse
Contemplons la Face outragée du Serviteur souffrant, que chante le prophète Isaïe. Face recouverte de crachats, qui n’a plus figure humaine : « Il était sans apparence ni beauté qui attire nos regards, son aspect n’avait rien pour nous plaire. Méprisé, abandonné des hommes, homme de douleur, familier de la souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face » (Is 53, 2-3). Face douloureuse, mais aussi Face glorieuse de la Transfiguration au mont Thabor, Face lumineuse de la Résurrection ! De la Passion à la Résurrection : du suaire d’Oviedo lors de la descente de Croix du Vendredi saint, du linceul de Turin du Samedi saint, au voile de Manoppello du matin de Pâques, où resplendit le Visage du Christ apparu à sainte Marie Madeleine aux premières heures d’un monde nouveau, recréé, racheté par la Croix douloureuse et glorieuse.
Recréation du monde par l’union des deux Cœurs, de Jésus et de la Pietà au pied du calvaire ; du nouvel Adam et de la nouvelle Ève, Marie mère de l’Église enfantant les âmes à l’éternité. Église de la Résurrection. Dans la prière eucharistique, unissons notre voix à la parole sacrée du prêtre évoquant l’adoration des Anges dans le Livre de l’Apocalypse : « Les Anges innombrables contemplant la splendeur de ta Face, n’interrompent jamais leur louange ! »
Mémoire de ses blessures
Oui, désormais Jésus est dans la Gloire, escorté du chant des Séraphins et des Chérubins, des Trônes, et des Dominations, des Vertus et des Puissances, des Archanges, et de toute l’armée des Anges… Il est retourné dans le sein du Père, au Chœur trinitaire, emportant avec lui toute notre humanité.
Mais Il a gardé, en sa Chair transfigurée, la mémoire des blessures de sa douloureuse Passion. « J’ai soif », supplie-t-il, caché au creux du tabernacle, attendant sur la margelle de tous les puits, que sont nos cœurs de pierre… afin qu’en lui, et en son Cœur Sacré, ils deviennent chair.