Que ressentez-vous, en tant que mère, à l’idée que les catholiques du monde entier se confient à l’intercession de votre fils ?
Antonia Salzano : Je ne me sens pas privilégiée, car cette attitude ne serait pas chrétienne. Jésus fait ce qu’il veut pour confondre ceux qui doivent l’être… Pensons à saint François d’Assise, dont le père était très attaché à son rang social, au contraire de son fils qui est devenu un saint extraordinaire. Ainsi, quand Carlo est né, j’étais dans une logique de table rase vis-à-vis de la foi chrétienne.
Et votre fils est devenu bienheureux…
Dieu a choisi un moyen pour montrer que même dans les familles où les parents sont peu religieux, la lumière peut surgir et faire advenir de grandes choses. Il s’agit d’un beau signe d’espérance pour d’autres parents. Peut-être Dieu avait-il trouvé chez nous une bonne volonté, car Dieu toque chez chacun. Grâce à mon fils, j’ai fait la découverte de ma vie : dans le Saint-Sacrement se trouve la présence réelle de Jésus parmi nous.
Quel modèle représente-t-il pour les jeunes ?
Carlo disait que si nous renoncions au monde pour trouver Dieu, alors nous retrouverions le monde en Dieu. Se mettre dans les pas de Carlo, c’est croire qu’il y a la vie éternelle – le paradis, le purgatoire, l’enfer –, le risque de perdre son âme, mais que Jésus nous donne les moyens pour être heureux pour l’éternité grâce aux sacrements, moyens privilégiés pour obtenir notre salut. Il aimait dire que si la planète n’avait, d’un point de vue naturel, pas changé depuis sa création, il n’en était pas de même d’un point de vue surnaturel : depuis la mort et la résurrection du Christ, nous cohabitons avec la Sainte Trinité, car le Christ est resté avec nous dans le Saint-Sacrement.
Alors je dirais aux jeunes – et aux moins jeunes – : « Perdez du temps » avec Jésus. Même si cela n’est qu’une minute en face du tabernacle ! N’hésitez pas à assister à une messe en semaine, pas seulement le dimanche… L’Eucharistie est un moyen pour nous transfigurer. Tous les miracles eucharistiques, auxquels Carlo avait consacré une exposition en ligne, sont d’ailleurs des signes que Dieu a donnés pour montrer qu’il veut que nous retournions à ce sacrement, particulièrement à notre époque marquée par tant de scandales.
Que confier à l’intercession de votre fils ?
Nous pouvons demander d’aimer le Christ comme la Vierge l’a aimé à sa naissance, en l’emmaillotant. Nous devons emmailloter dans notre coeur l’Enfant-Jésus pour le faire vivre et devenir des témoins véritables de Dieu dans le monde, en annonçant la Bonne Nouvelle. Nous devons mettre Jésus à la première place et nous débarrasser de toutes les idoles qui nous en empêchent. Carlo n’avait ni stigmates, ni visions. Sa spiritualité se déployait dans la vie de tous les jours : il a mis Jésus au centre de sa vie. Et ça, tout le monde peut le faire. C’est simplement une question de volonté.
Le début du livre est éprouvant : vous racontez le diagnostic d’une leucémie foudroyante pour votre fils, qui l’emporte en moins d’un mois. Et pourtant, il ne s’est pas départi de sa joie…
Carlo ne comprenait pas que la mort soit considérée comme une chose terrible, puisqu’avec l’Incarnation de Jésus, la mort est devenue la vie. Car le Christ est le vainqueur de la mort ! Il pensait qu’avoir peur de la mort, c’était ne pas avoir confiance en Dieu. La seule peur que nous devrions avoir, c’est la peur de pécher, car ce sont les péchés qui peuvent empêcher cette béatitude.
Carlo déplorait un « refroidissement » de la foi en l’Eucharistie …
Il disait que nous étions plus chanceux que les apôtres, qui avaient pourtant la chance de fréquenter le Christ… À l’époque, on devait en effet parcourir des kilomètres pour lui parler lui qui était toujours entouré par une foule de personnes. Mais pour nous, c’est plus facile : il suffit d’aller dans une église avec un tabernacle.
Et pourtant… Carlo disait qu’il y avait des foules pour assister à des concerts, à des matchs de foot, aux apparitions publiques des influenceurs, mais qu’il n’y en avait pas devant le tabernacle ou le Saint-Sacrement.
Qu’en était-il des autres sacrements ?
Carlo était très attaché à la confession et utilisait l’image de la montgolfière : en se confessant, on allume les gaz et l’âme monte vers Dieu. Mais allumer le feu, c’est tout confesser, même les petits péchés, que l’on appelle péchés véniels ! Carlo faisait d’ailleurs un examen de conscience quotidien. Il était très exigeant envers lui-même, car il voulait marcher vers la sainteté… Il avait bien compris que nous ne sommes pas des pèlerins du monde, mais des pèlerins de l’absolu et que l’Église déclare quelqu’un saint non pas pour les grâces qu’il a reçues gratuitement, mais parce que la personne a vécu les sept vertus chrétiennes – foi, espérance, charité, prudence, justice, force et tempérance – de façon héroïque. Pour cela, l’Eucharistie joue un rôle : avec elle, Jésus nous aide à nous transfigurer, à résister aux tentations.
Il avait compris que les sacrements sont un médicament pour l’âme. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous devons avoir confiance dans nos prêtres : c’est à travers eux, par les sacrements, que le Seigneur nous donne la grâce. D’ailleurs, avant de mourir, Carlo m’a demandé : « Que penserais-tu si je me faisais prêtre ? » Je ne sais pas s’il le serait devenu, mais il avait en tout cas l’idée de consacrer sa vie au Christ.
Que représentait Noël pour Carlo ?
Carlo avait un attachement tout particulier pour Noël car c’est la fête de l’Incarnation de Jésus, notre Sauveur. Or, il nourrissait une dévotion particulière pour l’Eucharistie, son « autoroute pour le Ciel » ! Le mot Bethléem, en arabe, veut d’ailleurs dire « maison de la chair » tandis qu’en hébreu, il signifie « maison du pain ». Déjà, dans le nom du lieu où il est né, se trouve le destin de Jésus, qui s’est fait nourriture pour notre salut. Carlo entretenait aussi une grande affection et dévotion pour saint François d’Assise, l’inventeur de la crèche. Il ne manquait pas de nous aider à l’installer, à chaque Noël.
Votre fils était très attaché à Noël. Il avait beaucoup réfléchi à la notion d’incarnation, qu’il liait à l’humilité…
Noël est la fête de l’incarnation de Jésus, notre Sauveur. Or Carlo nourrissait une dévotion particulière pour l’Eucharistie, son « autoroute pour le Ciel » ! Jésus est né dans la pauvreté de la crèche, mais Carlo disait que sa grande humilité a été de traverser le tunnel de l’incarnation, de prendre notre condition d’être fini lui qui, étant Dieu, est infini ! Carlo considérait aussi que Marie était le premier tabernacle. À son école et avec l’Eucharistie, nous devons apprendre l’humilité : « Pas moi, mais Dieu » disait Carlo. C’est-à-dire : pas ma propre gloire, mais celle de Dieu. Car si l’on ne fait pas de la place pour Dieu, alors c’est notre ego, notre amour propre qui prend la prend et empêche Dieu de réaliser les projets extraordinaires qu’il a pour chacun de nous.