C’est une chose remarquable que les visions d’une religieuse polonaise de 25 ans, après des années de dissimulation par le Vatican, soient devenues ce qui est maintenant une fête majeure dans l’Eglise Catholique : le dimanche de la Divine Miséricorde.
Sœur Maria Faustyna Kowalska (sœur Faustine, née Helena Kowalska en 1905), était une religieuse de la congrégation des Sœurs de Notre-Dame de Miséricorde à Plock, en Pologne, quand elle a commencé à recevoir des instructions de Notre Seigneur, y compris qu’elle prenne des dispositions pour une peinture de Lui tel qu’elle L’avait vu dans ses visions et qui inclurait la phrase « Jesu, ufam Tobie » (« Jésus, j’ai confiance en Toi »).
Il se peut que vous souhaitiez en savoir plus sur cette femme, sur la fête qu’elle a contribué à inspirer (en 2020 elle tombera le 19 avril) et sur le chapelet de la Divine Miséricorde et ses promesses. Et maintenant nous pouvons savoir, grâce à un docudrame du réalisateur Michal Kondrat.
« L’Amour et la Miséricorde » est un film étrange mais de valeur. Je dis que ce film de 90 minutes est étrange – c’est souvent vrai des docudrames ( des films qui mélangent des séquences dramatiques réalisées par des acteurs et des interviews d’experts non-acteurs) – parce que les scènes documentaires sont quelconques, bien qu’instructives, et la reconstitution dramatique de la vie de Faustine est réellement un excellent travail cinématographique.
Les exposés corrélés aux scènes de film, dont certains par l’estimable père Joseph Roesch, ont tout de la lecture des nouvelles sur une petite chaîne télé. Le problème n’est pas que les mots soient insipides mais que, en contraste avec les performances professionnelles des acteurs, l’élocution des commentateurs brise le souffle dramatique du film.
Mais je vous en prie, allez voir ce film, parce qu’il explique pourquoi le dimanche de la Divine Miséricorde et son chapelet sont si importants. De fait, le ciel est en jeu.
De l’histoire de Sainte Faustine, vous devez déjà savoir ceci : Helena Kowalska est entrée au couvent à Varsovie à l’âge de 20 ans, a été déplacée à Plock en 1930 et ensuite au nord-est à Wilno (maintenant Vilnius en Lituanie) en 1933.
C’est dans sa cellule de Plock que le Christ lui est apparu le 22 février 1931. Il lui a dit :
Peins une image selon le modèle que tu vois, avec la mention : « Jésus, j’ai confiance en Toi ». Je désire que cette image soit vénérée, d’abord dans votre chapelle et ensuite partout dans le monde. Je promets que l’âme qui vénérera cette image ne périra pas.
A Wilno, elle a rencontré le père Michal Sopocko – maintenant le Bienheureux Sopocko – qui est devenu son confesseur et son directeur spirituel et qui l’a aidée dans son travail avec un peintre, Eugeniusz Kazimirowski, pour créer l’image maintenant célèbre de la Divine Miséricorde que l’on peut voir à la suite de cet article.
Cette même nuit de février 1931, quand Notre Seigneur a demandé à Faustine de s’occuper de la création de la peinture, Il lui a également demandé que l’image soit « bénie solennellement le premier dimanche après Pâques ; ce dimanche sera la Fête de la Miséricorde ». Le Bienheureux Sopocko et Sainte Faustine étaient ensemble à la première « célébration » (non autorisée) du dimanche de la Divine Miséricorde le 28 avril 1935 à Wilno, lors de laquelle la peinture de Kasimirowski a été exposée.
Peu après, Faustine, malade, dut être renvoyée à Varsovie où elle mourut le 5 octobre 1938. Elle n’avait que 33 ans.
On pourrait supposer que l’influence de la spiritualité de la Divine Miséricorde était à ce moment-là irrésistible, mais ce n’était catégoriquement pas le cas. Bien que la dévotion se soit répandue dans toute la Pologne après la Deuxième Guerre Mondiale (une catastrophe que Faustine avait annoncée) et soit arrivée aux Etats-Unis avec des migrants polonais, Faustine et la Divine Miséricorde avaient des opposants puissants à Rome, dont le cardinal Alfredo Ottaviani, à la tête du Saint Office, qui a réussi à interdire la dévotion jusque 1978.
L’interdictiona fut levée en grande partie par les efforts d’un compatriote de Faustine, Karol Wojtyla, qui comme pape Jean-Paul II, a canonisé Faustine le 30 avril 2000, dimanche de la Divine Miséricorde – un jour que Saint Jean-Paul II a déclaré être « le plus beau de [sa] vie ». Le grand pape est mort en 2005 la veille du dimanche de la Divine Miséricorde, a été béatifié par Benoît XVI le dimanche de la Divine Miséricorde de 2011 et ensuite canonisé par le pape François le dimanche de la Divine Miséricorde de 2014.
« L’Amour et la Miséricorde » présente une lumineuse performance de Kamila Kaminska en Sainte Faustine. Mademoiselle Kaminska irradie l’innocence et la vulnérabilité, la sagesse et la détermination. En Bienheureux Sopocko, Maciej Malysa (qu’on pourrait prendre pour le frère aîné de l’acteur américain Andrew Garfield) est aussi abrupt que devait l’être le prêtre polonais avec la jeune femme venue le trouver pour lui expliquer ce qu’elle avait été appelée à accomplir et Qui l’avait appelée.
« Jésus m’a dit que vous serez mon confesseur » raconte-t-elle au prêtre.
« Qui vous a dit cela ? » demande-t-il.
« Jésus ».
« … Jésus », répète-t-il. « Vous en êtes sûre ? »
Plus tard dans le film, alors que Faustine gît, mourante, elle demande sa bénédiction au père Sopocko, qui la lui donne. Ensuite il lui demande de le bénir, ce qu’elle fait. C’est une scène tendre et émouvante et quand le prêtre, d’un pas chancelant, marche dans le couloir de l’hôpital, le metteur en scène et son équipe brouillent le film, et il est difficile dans un premier temps de savoir si c’est leur technique ou vos yeux qui pleurent.
Bien qu’actuellement les producteurs n’aient aucun plan pour rendre le film disponible pour les paroisses catholiques, nous devons espérer que cela change. Le film sort aujourd’hui (NDT : aux Etats-Unis, j’ignore ce qu’il en est pour la France).
Le chapelet de la Divine Miséricorde devrait devenir le centre d’intérêt de la semaine suivant Pâques, menant à la confession et ensuite à ce saint jour lui-même [de la Divine Miséricorde]. Montrons-nous dignes des Ses promesses !
Le film est déconseillé aux moins de 13 ans en France (aucune censure aux Etats-Unis). Il y a de superbes performances dans les seconds rôles, Janusz Chabior dans le personnage du peintre Kazimirowski et Dariusz Jakubowski en futur Jean-Paul II.
Brad Miner est rédacteur en chef de ‘The Catholic Thing’, membre de l’institut ‘Foi & Raison’ et secrétaire du bureau de ‘L’aide à l’Eglise en Détresse’ aux USA. C’est un ancien rédacteur littéraire de ‘National Review’.
Illustrations : l’affiche du film et le tableau réalisée sur les indications de sœur Faustine
Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/10/28/miracle-in-poland-a-review-of-love-and-mercy/