La question des rapports de l’islam avec la violence est aujourd’hui partout. J’ai regardé en différé l’intervention de Michel Onfray sur le sujet, samedi soir dans l’émission de Laurent Ruquier On n’est pas couché. Elle m’a beaucoup intéressé, d’autant que le fondateur de l’université populaire de Caen se trouvait opposé, dans un véritable bras de fer, avec le journaliste Aymeric Caron, bien connu pour ses positions à propos de l’islamophobie. On pourrait certes reprocher à Michel Onfray une sorte d’hostilité anti-religieuse, thématisée dans son Traité d’athéologie, un ouvrage que, personnellement, je récuse totalement, mais l’intéressé a au moins un mérite : celui d’argumenter ses positions. Avec lui, on peut toujours discuter.
Or, samedi soir, Onfray avait des arguments incontestables contre lesquels Caron avait du mal à présenter des objections. Son recours consistait à désigner le danger d’essentialiser un islam violent et ainsi de stigmatiser l’ensemble des musulmans. Telle n’était pas l’intention de Michel Onfray, qui réclamait la liberté d’interroger l’histoire et les sources. Là-dessus, je ne puis qu’être d’accord, d’autant plus que je suis disposé à la même acribie à l’égard de ma propre religion, à condition que le travail soit fait sérieusement. Ce n’est pas souvent le cas, la tentation étant de mettre toutes les traditions sur le même pied à partir de postulats rationalistes. L’ennemi intellectuel, c’est bien le fondamentalisme, qui récuse toute intelligence de la foi et toute approche critique du corpus de toutes les traditions.
Je ne nie pas qu’il y a un problème de la violence dans le corpus biblique, mais il n’est pas tabou aussi bien chez les juifs que chez les chrétiens. Peut-être conviendrait-il aussi de reprendre les choses sur le mode de René Girard, qui a montré que, dès l’origine, le sacré est en relation directe avec la violence qu’il a pour mission de limiter, non sans dérives dangereuses. Reprendre l’analyse girardienne serait un bon moyen de discernement, en prenant quelques distances avec les passions présentes.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 20 janvier 2015.
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