Michael M. Uhlman, gentleman catholique accompli - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Michael M. Uhlman, gentleman catholique accompli

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Michael M. Uhlman, fils dévoué de l’Eglise, grand Américain et ami cher de beaucoup, est mort le 8 octobre à Newport Beach, en Californie.

Des lecteurs se souviennent peut-être de ses essais dans ‘The Catholic Thing’, ‘First Things’ ou ‘The Claremont Review of Books’. Peu connaissaient l’homme cependant, parce qu’il était différent de la plupart des gens qui ont passé beaucoup de leur temps à vivre et travailler à Washington. Il préférait discuter philosophie, théologie et politique publique plutôt que de parler de lui-même et de se mettre en avant. Mais quand tant dans l’Eglise et dans le monde semble démoralisant, sa biographie mérite d’être contée.

Il est né à l’Hôpital Universitaire de Georgetown et a été scolarisé dans un établissement secondaire catholique, qui ironiquement portait le nom de l’homme qu’il révérerait plus tard dans la vie, Saint Thomas More. Grâce à un généreux bienfaiteur, P.R. Mallory (le fondateur de ce qui deviendrait la compagnie de piles Duracell), Mike a pu terminer ses études secondaires à The Hill School de Pottstown (Pennsylvanie) durant la direction du légendaire chef d’établissement Edward T. Hall.

Il est parti de là pour rejoindre l’Université de Yale en 1958 grâce à une bourse universitaire, a développé de l’intérêt pour la politique et était présent lors de la naissance du mouvement conservateur moderne.

Durant un week-end de septembre 1960, Mike assistait à un rassemblement des « Young Americans for Freedom » (YAF – Les jeunes Américains pour la Liberté) à « Great Elm », le domicile de William F. Buckley Jr à Sharon dans le Connecticut. Il a été l’un des auteurs de la déclaration des principes conservateurs fondatrice des YAF, connue ensuite sous le nom de « Déclaration Sharon »

Après Yale, il a rejoint l’école de droit de l’université de Virginie, et y a obtenu sa licence de droit en 1966. Un professeur de droit que Mike avait impressionné l’a envoyé à sa place à la conférence de la Philadelphia Society à Chicago pour y présenter son article. A ce rassemblement, Mike fut captivé par un autre participant, le célèbre philosophe politique Harry Jaffa.

Cette rencontre l’a convaincu de faire le voyage pour étudier sous la direction de Jaffa et de son collègue encore plus célèbre, Leo Strauss, à l’université de Claremont. Mike y a gagné son doctorat, rédigeant sa thèse sur les mérites du Collège Electoral.

Du professeur Jaffa, devenu un ami proche, Mike a appris que « les grands principes du bien et du mal doivent gouverner les peuples, si les peuples sont capables de se gouverner eux-mêmes… [Que] aucune majorité, si grande soit-elle, ne peut autoriser ce qui est intrinsèquement immoral ».

Pour le restant de sa vie, Mike allait promouvoir dans l’espace public des politiques basées sur ces principes – particulièrement quand il a été question d’avortement. Il est retourné à Washington quand il a été recruté comme conseiller républicain en chef dans plusieurs comités sénatoriaux et comme assistant législatif du sénateur Roman Hruska du Nebraska.

Quand en 1970 la Chambre des Représentants a voté une loi pour abolir le Collège Electoral en faveur d’une élection directe du Président, Mike a écrit pour le Comité Judiciaire du Sénat le rapport de la minorité dissidente, lequel a convaincu une majorité des sénateurs, y compris le sénateur Eugene McCarthy, de rejeter le projet de loi de la Chambre des Représentants.

En 1971, Mike est devenu conseiller législatif du sénateur James Buckley de New-York. Dans cette fonction, il a rédigé l’ébauche de Human Life Amendment (amendement sur la vie humaine), qui a été présenté par le sénateur Buckley après que la Cour Suprême ait légué l’arrêt Roe contre Wade.

Buckley, maintenant âgé de 96 ans, faisait remarquer la semaine passée : « Mike Uhlman était un homme à la voix calme et posée et d’une grande intelligence, quelqu’un qui combinait un délicieux sens de l’humour avec une adhésion sans faille à des principes mûrement réfléchis. Sa connaissance en profondeur de la Constitution et ses racines philosophiques et politiques m’étaient d’une aide énorme quand il était membre de mon équipe sénatoriale et les leçons qu’il m’a enseignées m’ont été d’un grand secours dans mon rôle ultérieur de juge d’appel fédéral ».

Appelé par le président Ford à diriger un ministère de la Justice de transition, Mike fut par la suite nommé adjoint de l’Attorney Général pour les Affaires Législatives. C’est durant l’administration Ford que Mike s’est également lié avec l’adjoint de l’Attorney General pour le Bureau de Conseil Juridique, Antonin Scalia.

Quand Jimmy Carter a pris ses fonctions en janvier 1977, Mike est devenu président du Centre National Juridique pour les Intérêts Publics, un consortium à but non lucratif de fondations juridiques « agissant en justice au nom de la libre entreprise et d’un gouvernement à pouvoir limité ».

Durant son mandat, il a dit à un chroniqueur du ‘New York Times’ que les gauchistes « n’avaient pas le monopole de l’usage du terme ‘intérêt public’ ». Il a ajouté que les gens de gauche se comportent  « tout comme les monopolistes quand quelqu’un soumet quelque idée de compétition ».

Ronald Reagan a fait revenir Mike au service public en 1980-1981, d’abord comme Directeur du Bureau de la Politique Administrative Légale de la transition présidentielle et Directeur Politique de l’équipe de transition de Département de Justice, et ensuite comme adjoint spécial au président, sécrétaire exécutif du bureau de politique juridique et directeur associé du bureau de développement politique de la Maison Blanche.

Un conflit que Mike a eu avec les « pragmatiques » autour de Reagan concernait l’avortement. Après que le président Reagan ait fini d’écrire, avec l’aide de Mike, un très long essai intitulé « L’avortement et la conscience de la Nation », beaucoup des conseillers de la Maison Blanche se sont opposés à la publication. Mike a persuadé le président de ne pas les écouter et l’essai est paru tout d’abord dans ‘The Human Life Review’ et plus tard en éditions de poche.

Dans cet ouvrage, Reagan déclarait : « mon administration est vouée à la préservation de l’Amérique comme pays libre et il n’y a pas de cause plus importante pour préserver cette liberté qu’affirmer le droit transcendant à la vie de tous les êtres humains, ce droit sans lequel aucun autre droit n’a de sens ».

A partir de 1985, Mike, père de cinq enfants, a du faire face à des frais de scolarité et autres dépenses familiales allant toujours croissant. Il a alors décidé de quitter l’administration Reagan pour devenir associé dans le cabinet d’avocats Pepper Hamilton.

Peu après que George H.W. Bush ait prêté serment comme président en 1989, le conseiller de la maison Blanche C. Boyden Gray a dit à Mike que Bush voulait le nommer à la Cour d’Appel pour le district de Columbia.

Il a décliné pour deux raisons. La première était un commentaire troublant que le sénateur Joe Biden – alors président du Comité Judiciaire – lui avait fait au cours d’une réunion fortuite : « j’entends que le président voue votre nom aux gémonies et je ne peux attendre pour citer à comparaître tous vos mémos à la Maison Blanche datant des années Reagan ». Il était à juste titre préoccupé que ce la ne conduise à un autre spectacle : qu’il soit constamment pris à partie par les sénateurs démocrates en raison de sa position publiquement pro-vie. (Mike était un membre fondateur de ‘Human Life Foundation’ qui publie ‘The Human Life Review’, ‘la Fondation pour la Vie Humaine’ qui publie ‘la revue Vie Humaine’).

La seconde raison était les soucis familiaux, particulièrement financiers, qui étaient considérables avec une famille de cinq enfants. Gray a essayé de le convaincre malgré tout, mais Mike a recommandé que le président nomme à la place Clarence Thomas. Le juge Thomas a fait cette remarque que « si ce n’avait été pour Mike Uhlman, il n’aurait jamais fait partie de la Cour Suprême ».

Comme lot de consolation, le Président Bush a nommé Mike Membre Public de la Conférence Administrative des Etats-Unis.

En 1994, Mike a rejoint le Centre d’Ethique et de Politique Publique. Durant cette période de quatre ans, ‘Eerdmans’ Press’ a publié le livre de 600 pages de Mike intitulé « les derniers droits : débats sur le suicide assisté et l’euthanasie ». Un livre qui examine les perspectives morales, théologiques, médicales et légales sur ce sujet.

En 1998, Mike Joyce, président de la fondation ‘Lynde et Harry Bradley’, dans le Milwaukee, a convaincu Mike de quitter Washington et de devenir son vice-président.

Cependant, Mike a trouvé sa véritable vocation en 2002, quand il est devenu professeur de gouvernement à l’université de Claremont. Durant dix-sept années, il a été tuteur de douzaines d’étudiants, au nombre desquels le sénateur Tom Cotton d’Arkansas. Les résultats de ses étudiants l’ont placé invariablement parmi les meilleurs de la faculté.

L’un de ses anciens étudiants dit qu’aucun homme n’a davantage influencé sa pensée, qu’il le révère et le considère comme un père adoptif. Un autre étudiant a fait remarquer qu’il s’est converti au catholicisme grâce à l’exemple et à l’influence de Mike.

Ce n’est pas un legs sans importance. Et il y a beaucoup d’autres cas similaires.

Beaucoup se souviendront de Mike comme d’un sage de la politique ou d’un érudit de la constitution ou ils retiendront son plus célèbre trait d’esprit, connu comme le Rasoir d’Uhlman : « quand la stupidité semble une explication suffisante, il n’est pas nécessaire de recourir à une analyse plus élaborée ».

Mais nous nous souviendront toujours de Michael, notre ami dévoué, comme d’un gentleman catholique accompli, un fougueux partisan du bien dans la vie publique – mais comme son héros Thomas More, d’abord serviteur de Dieu.

Michael Martin Uhlman, requiescat in pace.

Susannah Patton a travaillé avec Michael Uhlman quand il était président du Centre National Juridique pour les Intérêts Publics et quand il était conseiller spécial du président Reagan. George J. Marlin est un contributeur régulier de ‘The Catholic Thing’.

Illustration : différentes photos de Michael Uhlman, homme de principes et d’autorité

Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/10/26/michael-m-uhlmann-compleat-catholic-gentleman/