Lorsqu’on se souvient de la vie de Mgr Joseph Madec, ancien évêque de Fréjus et Toulon, qui vient d’entrer dans son éternité (le 5 février à l’âge de 89 ans), la parole de l’Évangile monte spontanément aux lèvres : « Viens, bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton maître. » Cependant le texte de Saint Matthieu précise que le serviteur en cause avait été « fidèle en peu de choses ». Le grand évêque que fut Joseph Madec a derrière lui une vie pleine de fidélité, riche en toute sorte de services et d’initiatives pour l’Église et le peuple de Dieu. Mgr Dominique Rey, qui a présidé samedi les obsèques de son prédécesseur dans la cathédrale de Toulon, sait tout ce qu’il a reçu de lui, son propre dynamisme apostolique s’étant déployé dans la suite d’un épiscopat profondément missionnaire.
Je garde au fond du cœur un long entretien que j’avais eu avec Mgr Madec, dans le train qui nous amenait de Lourdes à Toulouse, à la suite d’une session de l’épiscopat français. L’évêque de Toulon d’alors était lui-même très reconnaissant à l’égard de Mgr Barthes, à qui il avait succédé, de l’héritage qu’il lui avait confié. L’essor spirituel du Var tenait pour une large part au renouveau monastique qui s’était produit en vertu de causes improbables. Il bénissait cette couronne de maisons religieuses qui s’était déployée, notamment sur des sites prestigieux mais qui avait été relevés de diverses façons. Son récit était captivant. Mais je savais qu’il avait pris lui-même une initiative de premier ordre, en rouvrant un séminaire diocésain d’un nouveau type. Avant même que le mot n’entre dans les esprits, il avait amorcé la nouvelle évangélisation qui se poursuit aujourd’hui avec la richesse d’inspiration que l’on sait.
Celui qui était devenu évêque émérite n’avait en rien abandonné sa mission. On le voyait prendre la tête d’une caravane en route pour Lourdes ou pour Rome, qui rassemblait les pauvres et les blessés de la vie. C’était la suite d’une initiative qui avait intégré le service permanent de la charité dans la sollicitude pastorale. Le Saint-Siège avait confié à Mgr Madec la mission d’assistant religieux auprès de la communauté Saint-Jean à un moment délicat de sa jeune existence. À Rome, on savait pouvoir compter sur cet homme d’expérience, de sagesse, l’homme spirituel selon l’apôtre, celui qui n’a de cesse de professer « la vérité dans la charité ».