Mgr Gemayel : Garder vivantes les racines de l’Église maronite - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Mgr Gemayel : Garder vivantes les racines de l’Église maronite

La décision de Benoît XVI (21 juillet 2012) d’ériger en diocèse la communauté maronite de France, évaluée à 85 000 personnes, a été saluée aussi bien par la communauté maronite que par l’Église catholique en France. Mgr Maroun-Nasser Gemayel en est le premier évêque. Il assume simultanément la fonction traditionnelle de visiteur apostolique dans quinze autres pays d’Europe occidentale.
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Cette nomination constitue un événement historique dans les relations entre la France et l’Église maronite, puisque c’est la première fois dans l’histoire de ces relations, qui remontent à Saint Louis, que l’Église maronite nomme un évêque en France.

L’Église maronite affirme être la seule Église d’Orient depuis toujours entièrement unie à Rome. Elle s’est fondée sur le tombeau de saint Maroun, ermite à Brad en Syrie, à une quarantaine de km d’Alep où il meurt en 410. Le 1600e anniversaire de sa mort a été célébré par les Libanais et les Syriens en 2010. La communauté de rite syriaque fondée par Maroun émigra dans la montagne libanaise au moment de la conquête islamique. Le patriarcat fut créé en 685. Il s’installa à Bkerke au XVIIIe siècle, lors du synode de 1735. « L’Église a pris en main l’éducation du peuple en instaurant l’école gratuite pour tous, puis au XIXe, siècle sous le régime autonome du Mont-Liban, les missionnaires notamment français ont assuré l’enseignement dans chaque village, en français », rappelle aujourd’hui Mgr Gemayel.

La communauté maronite développa ses liens avec la France au XIXe siècle quand de nombreuses communautés religieuses françaises s’installèrent au Liban. Les relations se développèrent à un tel point, après les massacres intercommunautaires de 1860, que nombre de maronites demandèrent la protection de la France, ce qui entraîna la présence du Patriarche Hoyek à la Conférence de la Paix de Versailles en 1919 et la création de l’État du Grand-Liban sous mandat français en 1920.

De nombreux maronites émigrèrent en France durant la guerre civile du Liban de 1975-1990. Cette présence des Libanais a suscité une réaction de la part de Mgr Gemayel, dans sa première déclaration comme évêque : « Je ne voudrais pas que mon peuple disparaisse, en se dissolvant dans la culture européenne en général, française en l’occurrence. Avec les mariages mixtes, on a tendance à oublier et nos origines, et nos racines, et la langue arabe et syriaque. Dans deux ou trois générations, il n’y aurait plus d’appartenance à l’Église maronite orientale antiochienne. »

Pour y remédier, Mgr Gemayel expose quelques projets, notamment la création d’écoles en affirmant à ce propos dans une déclaration sur le site Web de la Conférence générale des évêques de France, après son installation, comme évêque : « En France, on a le droit de créer des écoles, je souhaiterais que là où nous avons des paroisses (Paris, Lyon, Marseille), il y ait, à côté de chacune, au moins une école primaire, quitte à avoir une école secondaire à Paris qui soit, à la manière des écoles du Liban, une école trilingue — si possible — pour accueillir les Libanais de toutes confessions et les Français qui seraient intéressés. Le but est de pouvoir garder un lien intense pour nos fidèles, en France et en Europe, avec notre Église mère et avec la culture moyen-orientale libanaise. »

Ce projet s’inscrit dans le cadre des recommandations du Synode des évêques du Proche-Orient réuni à Rome en 2010, qui a confirmé la nécessité des chrétiens du Proche-Orient, quand ils se trouvent à l’étranger, de garder des liens importants avec la tradition de l’Église mère dans leurs pays d’origine.

Mgr Gemayel a affirmé aussi que sa mission d’évêque maronite consiste « à tisser des relations avec les autres évêques en France car je serai amené à rendre visite aux diocèses où il y a des maronites. Il faudra trouver des églises pour nos fidèles. J’aimerais aussi rassembler les registres — je suis historien — pour créer une mémoire à cette Église. Le tout dans une bonne collaboration avec l’Église qui est en France ». 

Mgr Gemayel assure une présence d’un évêque maronite en France à part entière au sein de la Conférence des évêques de France et a le droit de vote pendant les travaux de la Conférence générale des évêques de France. Il a les mêmes droits que les autres évêques de rite latin mais a une mission tout à fait particulière auprès des maronites de France et d’Europe
Il a insisté sur son rôle d’évêque et pasteur de son troupeau en France et en Europe en affirmant : « Je suis disposé à faire de mon mieux pour fédérer les maronites et servir ce troupeau, les mener vers le Christ Sauveur. »
Les évêques français ont accueilli avec grande satisfaction et joie cette nomination de Mgr Gemayel. Je me contente de citer ici la déclaration de l’évêque de Saint-Étienne, Mgr Dominique Lebrun, dans laquelle il a affirmé : « Il ne nous est pas insensible d’avoir parmi nous un évêque qui prie en arabe. »

Il est à rappeler que l’évêque maronite connaît bien la France, où il étudia à l’université catholique de Lyon et à la Sorbonne. Mgr Gemayel d’ajouter : « J’ai revu en France, pendant la réunion annuelle de la Conférence générale quelques évêques français, anciens copains d’université, connus à Lyon. Nous avons en commun une partie de notre formation académique. »
Lors de son homélie pour la fête de saint Maroun le 9 février 2013, après avoir dessiné une nouvelle fois l’histoire des maronites et de leurs liens avec la France et le Saint-Siège, Mgr Gemayel annonça la tenue prochaine d’un synode diocésain dans le but de lancer un vaste chantier de réflexion, de réorganisation et de réforme pour de redynamiser la présence maronite en France et en Europe sur le plan religieux et culturel.

Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, souligna à son tour les liens étroits entre l’Église maronite et la France, et notamment l’archevêché de Paris : « Je prie pour que le synode annoncé [par Mgr Gemayel] ouvre une phase de renouveau, d’approfondissement de la foi et de dynamisme missionnaire chez tous les membres de la communauté maronite et orientale en France », a-t-il déclaré.