Najat Vallaud-Belkacem a défendu hier après-midi son projet de loi sur l’égalité homme-femme, auquel on sait qu’elle est particulièrement attachée du fait de son engagement féministe. Dans le contexte idéologique actuel, il est inévitable de s’interroger sur la philosophie d’un tel projet. On peut être féministe de diverses façons.
Celle de Simone de Beauvoir, auteur d’un livre de référence sur Le deuxième sexe, n’est pas unanimement partagée, même chez les militantes les plus virulentes. À lire ce livre-manifeste, il est patent que son auteur n’a qu’une idée en tête : mettre la femme sur le même pied que l’homme, celui-ci étant l’unique référence possible, parce que censé détenir tous les pouvoirs. L’accès du Deuxième sexe à l’emploi apparaît comme le moyen privilégié, sinon unique, d’obtenir l’égalité souhaitée. Le défaut du livre, c’est l’absence totale de symbolique féminine dont la notion est d’ailleurs ridiculisée et réduite à une sorte de pathologie névrotique. En opposition totale à Simone de Beauvoir, une branche importante du féminisme américain a défendu cette symbolique féminine, non sans un exclusivisme qui aboutit à justifier une véritable guerre des sexes.
Les idées afférentes à la théorie du gender vont plutôt dans le sens du déni de la différence féminine, telle du moins qu’elle se manifeste dans la chair et dans la gloire de la chair. Najat Vallaud-Belkacem n’a cessé de lutter en faveur de l’indifférenciation sexuelle, qui trouve dans l’école le dispositif essentiel de sa réalisation. C’est bien pourquoi sa loi ne saurait susciter un consensus profond. Et non seulement à cause de la banalisation de l’avortement qu’elle promeut. On peut être profondément enclin à susciter la promotion de la femme, mais dans l’affirmation de sa différence, indispensable à l’équilibre social et à l’épanouissement des enfants. Des pionnières comme Madeleine Daniélou en France, et Edith Stein en Allemagne pourraient heureusement nous indiquer une voie alternative en faveur d’une métamorphose de l’éternel féminin.
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 21 janvier 2014.
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