« La dévotion du mois de mai dans sa forme actuelle » suivant l’ancienne Encyclopédie Catholique “a pris naissance à Rome où, à la fin du dix-huitième siècle, le Père Latomia, du Collège romain de la Compagnie de Jésus, a fait le vœu de consacrer le mois de mai à Marie, pour contrecarrer l’infidélité et l’immoralité parmi les étudiants. De Rome, cette pratique s’est étendue aux autres collèges jésuites, et de là à presque toutes les églises catholiques de rite latin”.
Hélas, « la forme actuelle » est maintenant surtout « une forme passée » aux États Unis et en Europe. Mais nos efforts pour faire revivre cette dévotion inclueront le couronnement de la Vierge, la décoration des autels des églises avec les « fleurs de Marie », les rosaires en famille chaque soir, et un « pèlerinage de mai » à un site marial.
Par exemple, hier certains de mes amis ont été en pèlerinage au sanctuaire national avec des visiteurs d’une autre ville – deux familles nombreuses – allant de chapelle en chapelle jusqu’à l’église principale, récitant une nouvelle dizaine de chapelet devant chaque autel. Nous apprenons à aimer en éprouvant de l’amour: les quelques dix enfants présents enveloppés dans l’amour de Marie, n’auront pas besoin d’avoir plus tard un livre pour leur enseigner la beauté et la signification de cette dévotion.
L’affirmation dans l’Encyclopédie, reprise sur de nombreux sites catholiques, m’a frappé comme étant un peu étrange. Quelle était cette « infidélité » parmi les étudiants, qui troublait le Père Latomia? (l’immoralité est assez claire.). Est-ce que la dévotion a réellement pu s’étendre à l’ensemble du monde catholique à partir d’une poignée de collèges jésuites?
J’ai voulu vérifier cette assertion, qui – si je peux ajouter un détail, qui ferait plaisir au Père Schall – repose uniquement sur l’autorité d’un certain Reinhold Albers et son « Gerbes de fleurs pour la fête de Dieu et de ses Saints » (Blüthenkränze aux d. Testtage Gottes und seiner Helligen). Ce livre n’est apparement conservé dans aucune bibliothèque U.S. et n’a pas encore été digitalisé, aussi je reste perplexe.
Et cependant, que l’affirmation soit exacte ou erronée, la dévotion existe. Ce n’est pas comme si, de nos jours, une paroisse couronnait une statue de Marie en raison du Père Latomia et de ses vœux. La dévotion du mois de mai s’est imposée par elle-même, depuis les premiers temps de l’Eglise. L’instinct chrétien ressent qu’il y a quelque chose de bien à cela.
Déjà au cinquième siècle, ou même plus tôt, les chrétiens consacraient un jour du printemps à une fête importante en l’honneur de Notre Dame considérée comme une introduction à la fête célébrant l’Assomption en août.
Et l’initiative du Père Latomia n’aurait pas pu être si efficace (si elle l’a été), que si les Catholiques n’avaient pas déjà senti que c’était juste.
C’est pourquoi le Pape Paul VI, dans son encyclique sur Le Mois de Mai, a pu faire référence à la dévotion de mai comme étant un trait perpétuel de l’Eglise :
Le mois de mai est presque là, un mois que la piété des fidèles a depuis longtemps dédié à Marie, la mère de Dieu. Notre cœur se réjouit à la pensée du tribut émouvant de foi et d’amour qui sera bientôt donné à la Reine du ciel de tous les. coins de l’univers. Car c’est le mois durant lequel les chrétiens, dans leurs églises et dans leurs demeures, offrent à la Vierge Marie leurs plus fervents et aimants actes d’hommage et de vénération; et c’est le mois dans lequel la plus grande abondance de dons de Dieu descendent sur nous en provenance du Trône de notre Mère.
On pourrait dire que les Catholiques ont instinctivement désiré consacrer le mois de mai à Marie, pour les mêmes raisons que presque toutes les nations célébrent la fête des
mères en mai – sauf que cette inclination est partie dans la direction opposée pour beaucoup de nations catholiques : où les gens ont désiré honorer leur propre mère le mois au cours duquel ils avaient déjà décidé d’honorer leur commune Mère spirituelle.
Pour encourager et confirmer la dévotion du mois de mai, l’Eglise place une fête majeure le dernier jour du mois (maintenant, la Visitations, mais précédemment le couronnement de la Vierge), et récemment a institué la fête de ‘Marie Mère de l’Eglise, le Lundi suivant la Pentecôte, qui tombe généralement en mai.
L’amour pour Marie tient par lui-même . L’aimer avec ferveur rend la vie plus heureuse, ainsi que le fait tout grand amour. Comme l’expérience nous le montre, Marie protège la vertu, spécialement la pureté. Et cependant, cela a toujours été l’instinct des chrétiens de relier la dévotion à Marie à toutes sortes de causes. La raison est qu’une mère prend soin de nos besoins. Notre Dame des Victoires, Mère du Secours Perpétuel, Notre Dame de la rançon : sucurre cadenti, surgere qui curat populous, « hâte toi de secourir tes enfants déchus qui essayent de se relever à nouveau ».
Dans cet esprit, Paul VI a pressé l’Eglise cette année là de prier Marie en mai spécialement pour la paix dans le monde. Nous avons encore besoin de prier pour la paix. Mais pour nous la dévotion du mois de mai semble répondre à nos besoins particuliers de deux façons.
En premier, c’est un acte de “rébellion chrétienne”, comme cela l’a été, d’insister par la dévotion que la nature a de l’importance et que certaines périodes de l’année et certains aspects de la nature humaine sont mieux adaptés à la signification de la féminité et de la maternité plutôt que la masculinité et la paternité.
Il a toujours été l’intuition des saints que la Chrétienté doit être connectée avec la nature pour vaincre le paganisme. Par exemple, dans son texte trinitaire « Lorica », composé après son triomphe miraculeux sur les grands chefs druides, Saint Patrick se lie à “la lumière du soleil, à la clarté de la lune et à la splendeur du feu….à la stabilité de la terre et à la solidité des rocs”.
En second, il y a que la dévotion du mois de mai relie la maternité virginale de la Vierge Marie à la beauté des fleurs, d´une part et d’autre part à la promesse des fructifications du printemps. La virginité et la maternité sont inséparables dans la Vierge, de même que la beauté attrayante et la fructification sont liées dans la nature. Ainsi relier notre dévotion pour la nature de cette manière c’est affirmer le côté totalement inséparable de la dimension unificatrice et procréative de l’amour.
https://www.thecatholicthing.org/2018/05/29/mother-of-fair-love/
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Michael Pakaluk, disciple d’Aristote, et membre de l,Académie Pontificale St Thomas d’Aquin, enseigne à la Busch School of Business and Economics à la CatholicUniversity of America. Il réside à Hyattsville, MD, avec sa femme Catherine, également enseignante à la Busch School, et leur huit enfants.