Pourquoi un rite si simple est-il significatif de notre entrée en Carême ?
« Souviens-toi que tu es poussière, et que tu retourneras en poussière. Un peu de cendre imprimé sur le front du fidèle par le prêtre… c’est comme si nous étions marqués d’un sceau d’humilité, qui rend à leur vanité les grandeurs matérielles auquel nous nous attachons si facilement, pour nous convertir aux choses d’en haut qui expriment l’authentique grandeur de notre vocation. Car il n’y a nul masochisme dans le rite des Cendres. Au contraire, notre humiliation symbolique nous est une délivrance, une libération. On songe à François d’Assise se libérant de ses beaux habits, pour épouser Dame Pauvreté. François se libère du fardeau de tout les faux prestiges, pour se livrer à l’aventure de la vrais vie.
C’est peut-être un des motifs pour lesquels nous sommes mystérieusement attirés par cette cérémonie du mercredi des Cendres. Elle nous permet, en totale discrétion, de faire la démarche d’entrée dans ce que nos frères orthodoxes appellent « le Grand Carême ». Car il s’agit d’un commencement, avec un signe initiatique pour accomplir cette marche vers la grande Semaine, vers le sommet de la Révélation chrétienne, où nous allons une fois de plus puiser au trésor du Salut accompli par le Christ.
Il s’agit d’une certaine façon de se retirer du monde sans vraiment l’abandonner. Au sortir du sanctuaire, dans la pénombre de cette fin d’hiver, il est peu vraisemblable que l’on remarque ce signe tracé au front. Mais il est bien là pour nous rappeler que nous avons librement décidé de nous associer à cette démarche ecclésiale, où nous nous retrouverons « peuple de Dieu » « Assemblée des Saints », associés sur la route de Jérusalem pour vivre les événement inouïs de la fondation de l’Eucharistie de la Passion et de la Résurrection. On n’accède pas à la dernière Semaine sans préparation intérieure, sans pénitence, sans détachement. Au terme d’une journée très ordinaire, l’Eglise nous attend, pour nous offrir le cadeau le plus extraordinaire. Comment nous dérober à cette grâce si singulière ?
Chronique lue sur Radio Notre Dame, 9 Mars