Merci à ceux qui me permettent d'écrire - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Merci à ceux qui me permettent d’écrire

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Le père Perricone et moi marchions le long de Park Avenue à New York un jour du printemps 1996, quand il m’ informa d’une messe à venir à la cathédrale Saint Patrick. Il s’agissait de la première messe tridentine depuis qu’elle avait été mise à l’écart trente ans auparavant.

« Mon Père, ça m’a tout l’air d’être une nouvelle importante. Allez-vous diffuser des communiqués de presse ? »

« Pourquoi ne vous en occuperiez-vous pas » me répondit-il. Comme beaucoup des demandes de cet homme de Dieu, elle ne s’achevait pas par un point d’interrogation.

Alors je rédigeai un communiqué de presse assez simple, intitulé « La messe interdite par le passé arrive à la cathédrale Saint Patrick », et l’envoyai à plusieurs journalistes. Parmi eux, Peter Steinfels. Son article fit la une du New York Times la veille de la célébration.

Grâce à cet article, l’information fut relayée par les journaux des stations de radio de toute la côte Est des Etats-Unis. Des gens prirent leur voiture et conduisirent toute la nuit pour venir. On a dit que 4 000 personnes étaient présentes pour la Sainte Messe pour ce dimanche de fête des mères. Et il y avait tellement d’équipes de presse que j’avais dû leur arranger non pas une , mais deux zones à l’intérieur de la cathédrale.

L’éditeur Roger McCaffrey se renseigna auprès du père Perricone pour connaître l’identité de celui qui avait prévenu la presse. Le père lui répondit et Roger m’invita à écrire pour le journal Sursum Corda, qui n’existe plus aujourd’hui.

Roger me demanda alors de rédiger des récits approfondis sur les communautés catholiques qui étaient nées dans le pays; Steubenville, Front Royal, et Star of the Sea Village dans l’Arkansas. Il m’est arrivé de prendre des avions pour pouvoir décrire ces communautés, comme à State of the Sea Village.

A Front Royal, alors que je traversais le nouvel et énorme bâtiment de Human Life International (organisation américaine pro-vie), je me posai cette question :  » Pourquoi ne pas travailler dans ce genre d’endroit ? »
Une partie de mon travail pour le Père Perricone consistait à lui organiser des conférences. Il y en avait une au Canada qui s’est avéré providentielle, parce qu’elle a conduit une jeune femme à s’assoir à notre table un jour après la messe.

« Qu’est-ce qui vous amène à Front Royal ?

– Je travaille pour Human Life Internaional – Canada, et nous avons levé des fonds pour créer un nouveau groupe pro-vie à l’ONU ». J’ai cru entendre les cloches sonner à toute volée.

Même si je n’avais jamais été à l’ONU ni travaillé pour un groupe pro-vie, je savais que d’une certaine façon, c’était la raison pour laquelle j’avais quitté le prestige et les avantages du monde des gros journaux.

« Ce travail est pour moi », lui ai-je dit. Six semaines plus tard, c’était devenu une réalité, au moins indirectement :e travaillais pour Human Life International. C’est amusant comme Il peut interpréter nos pensées comme des prières.

J’ai d’abord appris à écrire – simplement, clairement, et avec un objectif – dans les ventes et la publicité du journal. Quelques gros malins très diplômés se sont moqués de mon style « Petit ours brun », mais ça me va. Les enjolivures linguistiques, ce n’est pas pour moi.

C’est à C-Fam que j’ai appris la discipline de l’écriture. Jusqu’à aujourd’hui, nous publions deux nouveaux articles par semaine, de 500 mots chacun, toutes les semaines depuis maintenant dix-sept ans. Pendant des années, j’ai fait tout cela moi-même.

L’un de nos premiers projets à A C-Fam consistait en une séries de conférences sur la loi naturelle à l’ONU. Cette expérience m’a donné l’opportunité de me mettre en relation avec des gens que j’admirais de loin : George Marlin, Michael Uhlman, Hadley Arkes et Robert Royal. Ils ont tous accepté de donner une conférence aux Nations-Unies.

Outre le fait d’en mettre plein la vue aux diplomates de l’ONU (qui n’avaient pas assisté à de telles conférences depuis que Jacques Maritain avait participé à la création de l’organisation), j’ai rencontré ces personnes avec la sensation de découvrir une nouvelle famille. Je n’ai jamais connu de frères si loyaux, n’hésitant pas à vous défendre sans faire d’histoire, même quand vous avez tort. Cette conférence compte parmi les rencontres les plus importantes de ma vie.

Très vite Bob Royal a rejoint mon comité, rapidement il est devenu un ami et collègue apprécié. Lorsque Bob a eu l’idée de créer un site internet d’articles catholiques, j’ai sauté sur l’occasion ; je suis fier que le titre « Catholic Thing » vienne de moi, même si je l’ai empruntée au Père Neuhaus qui l’emploie régulièrement. Je l’ai dit à haute voix le jour où nous nous étions réunis pour travailler la création du site, et Michael Novak a réagi : «Nous tenons le titre !». C’était le nom du journal que je voulais lancer pendant ma période plus « traditionnelle ».

Bob m’a donné l’opportunité d’écrire tous les quinze jours (presque 200 articles aujourd’hui), et c’est ce qui a fait toute la différence. C’est un exercice remarquable que de se limiter à 1 000 mots par papier.

Bob n’a refusé que trois de mes papiers. Le premier était sur pratiques sexuelles quotidiennes de Hugh Hefner, fondateur du magazine Playbloy, le deuxième traitait de la conversion alors imminente de Hadley Arkes, et le troisième parlait d’un ami prêtre en passe de se marier. Inutile de préciser que j’avais des collègues. [Note de l’éditeur: les opinions diffèrent à ce sujet.]
En fait Bob est le meilleur et le plus élégant éditeur avec qui j’ai jamais travaillé. Nous vivons à l’ère des journaux en ligne, et plus rien n’est vraiment édité. Je ne crois pas avoir jamais eu de différend avec lui sur les révisions qu’il faisait à mes articles. [Note de l’éditeur: les opinions diffèrent à ce sujet]. Je remarque à peine ses modifications, et elles amélioraient toutes mes articles.

Pourquoi écris-je aujourd’hui cet article ? Je ne suis pas mourant, mais à ce jour il s’agit de mon dernier article pour The Catholic Thing. Essentiellement parce que mon travail pour ce journal a prodigieusement participé à multiplier le nombre de rédactions hors de The Catholic Thing. Surtout, une grosse agence m’a proposé d’écrire un livre sur les articles que j’ai rédigés pour The Catholic Thing sur les plus petites âmes souffrantes.

J’espère que Bob m’autorisera à revenir de temps en temps. Cette rubrique va me manquer. Grump et Jack du Connecticut et tous les autres vont me manquer, ainsi que les révisions et conseils avisés de Bob.

Roger McCaffrey m’a offert ma première chance, mais Bob Royal a construit ma carrière d’écrivain. Je lui en suis et lui en serai toujours reconnaissant.
 


Austin Ruse est le président du  Catholic Family & Human Rights Institute (C-FAM) de New York et Washington, D.C, un centre de recherche qui se concentre exclusivement sur une politique sociale internationale. Les remarques faites dans cette articles l’ont été pour préciser que M. Ruse parle en son nom propre et qu’il ne correspond pas obligatoirement aux politiques et positions de C-FAM.



Photo :         Austin Ruse avec sa famille


Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/gratitude-to-those-who-let-me-write.html