Mémoire sélective - France Catholique
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Mémoire sélective

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Rencontre de Napoléon et du pape Pie VII dans la forêt de Fontainebleau, le 25 novembre 1804, Jean-Louis Demarne

Rencontre de Napoléon et du pape Pie VII dans la forêt de Fontainebleau, le 25 novembre 1804, Jean-Louis Demarne

Fallait-il célébrer le bicentenaire de la mort de Napoléon, le 5 mai 1821 ? Celui que l’on a appelé « l’Ogre » pour avoir fait périr des millions de soldats, se trouve aujourd’hui accusé de racisme et de misogynie, victime d’une autre guerre importée des États-Unis, celle des mémoires, avec la volonté d’« effacer » – cancel culture – tout ce qui ne correspond pas à une vision de l’histoire en noir et blanc… Au mépris de sa complexité et de son épaisseur, liée à la nature humaine, elle-même marquée par le péché originel. Sans doute cette considération ne fait-elle pas partie du vocabulaire de ces nouveaux cathares – les « purs »…

Un moment charnière

Il serait dommage en revanche que cette néfaste entreprise idéologique gagne aussi la pensée catholique, au point de faire oublier un moment charnière de notre histoire : par le Concordat de 1801, le rétablissement de l’Église catholique et romaine – et non gallicane – au « centre du village », en France, au lendemain d’une Révolution où elle avait été laminée.
Par la volonté politique d’un homme, Napoléon, et le courage d’un pape, Pie VII, l’Église connut alors un spectaculaire redressement, remarquera plus tard le cardinal Baudrillart.

Tout l’essor formidable des missionnaires au XIXe, dont une très forte majorité de Français, et l’impressionnante moisson de saints français – du curé d’Ars à Thérèse de Lisieux, en passant par Théophane Vénard – allaient en faire la démonstration. La « victoire de la papauté fut immense et féconde en conséquences pour l’avenir », peut ainsi affirmer en 1928 le cardinal Baudrillart, à Notre-Dame de Paris.

Victoire ? Certes, cela ne se fit pas sans souffrances ni sacrifices pour Pie VII, qui supporta avec patience toutes les avanies de la part de l’Empereur, au point que Madame de Rémusat écrit, parlant du couronnement impérial : « Le pape eut toujours l’air d’une victime résignée, mais résignée noblement. » Mais depuis la résurrection du Christ, il est des victimes apparentes dont la victoire n’en est que plus éclatante !

Ainsi, au terme de cette nouvelle lutte entre les pouvoirs politique et spirituel (cf. p. 12-18), tout n’était pas réglé mais la France reconnaissait que rien ne pouvait se faire dans l’Église sans l’aval du pape, et que la religion catholique était celle de la majorité des Français.

Au passage, cet article du Concordat pourrait encore inspirer nos politiques, en mal d’idées dans la lutte contre un « séparatisme » islamiste qui n’en finit plus de faire des victimes. Ils s’éviteraient ainsi des discussions sans fin autour des valeurs de la République et de la laïcité.

Peut-être même seraient-ils frappés de la pertinence de la réponse du cardinal Consalvi, principal négociateur du Concordat, à Napoléon qui lui affirmait, dans un accès de colère, vouloir détruire l’Église : « Vous n’y parviendrez pas : voilà dix-neuf siècles que nous autres, hommes d’Église, n’y sommes pas parvenus… ! » Belle preuve s’il en fallait de son caractère et de sa force surnaturels !