Interrogé un jour sur les dogmes de l’Église catholique, Philippe Sollers, que je ne prends pas pour un Père de l’Église, déclara : « Ce sont autant de chefs-d’œuvres. » Voilà qui contredit les préjugés si courants à l’égard de l’Église et de son dogmatisme, qui serait une sorte de fixisme intellectuel pour empêcher de penser librement. Et si c’était tout le contraire ? Loin d’être des carcans rigides, les dogmes nous délivrent de notre encagement nihiliste pour regarder bien au-delà. Lisons La divine comédie de Dante, à l’occasion du centième centenaire de la mort de son auteur et nous voyons à quel point la beauté surhumaine de la Révélation nous réconcilie avec notre humanité.
Je suis toujours étonné de voir contesté, même par des catholiques, le dogme du péché originel. Que n’ont-ils médité Blaise Pascal : « Sans ce mystère le plus incompréhensible de tous, nous serions incompréhensibles à nous-même. Le nœud de notre condition prend ses tours et ses plis dans cet abîme. De sorte que l’homme est plus inconcevable sans ce mystère, que ce mystère n’est inconcevable à l’homme. »
En cette fête de l’Immaculée conception qui nous est particulièrement chère, nous sommes renvoyés à ce prodigieux mystère de la mère du Seigneur préservée de la faute originelle. Ce qui faisait dire à Bernanos dans Journal d’un curé de campagne que la Vierge était l’innocence même, parce qu’elle était « plus jeune que le péché, plus jeune que la race dont elle est issue et bien que mère par la grâce, mère des grâces, la cadette du genre humain ».