Qu’est-ce qu’un miracle ?
Père Patrice-Marie : Quand on parle de miracles, on pense immédiatement à l’extraordinaire. À ce point, demandons-nous ce qu’est l’ordinaire : selon quel principe et quel but jugeons-nous la normalité ? Si c’est selon l’expérience de notre vie actuelle avec sa brièveté et sa fragilité, alors la maladie, la précarité, la mort sont normales. Mais si nous jugeons selon la nostalgie de paix et de joie sans fin que nous portons en nous, alors la réalité normale est la vie éternelle, où il n’y aura plus ni larmes ni mort.
De cette réalité, en avons-nous connaissance ? Non. Et c’est là qu’interviennent les miracles, comme signes de ce qui devrait être normal, mais ne l’est plus pour nous, à cause du péché qui a introduit sur la terre la disharmonie et la mort.
En quoi sont-ils utiles à notre foi ?
Quand notre attente intérieure est tendue vers la vérité, la charité et la vie éternelle, nous désirons connaître Dieu et l’aimer davantage, selon la parole de la petite Thérèse. En énigme, nous le connaissons et l’aimons déjà sans le voir : c’est cela la foi. Les miracles sont une expérience forte de la présence de Dieu et de son amour pour nous ; ils viennent au secours de la faiblesse de notre foi ; ils la fortifient.
Marie est là depuis le premier miracle de l’Incarnation, puis à Cana, au premier miracle du Christ ; enfin à la Croix, au grand miracle de l’amour : le jaillissement de la Miséricorde de son Cœur transpercé. Marie est-elle la « Mère des miracles » ?
Marie est la Mère du Verbe fait chair ; elle est la Mère du Miracle qui est la source et le but de tous les autres. Le changement de l’eau en vin à Cana ne se limitait pas seulement à la satisfaction d’un bon repas de mariage, mais annonçait la joie des Noces éternelles. La multiplication des pains et des poissons ne devait pas seulement rassasier une foule affamée, mais préparer le cœur de ceux qui avaient écouté le discours de Jésus à une communion plus élevée avec lui. Ainsi en est-il aussi de l’eau et du sang qui ont jailli en abondance du Cœur transpercé de Jésus ; le centurion en a été le premier touché et la foi l’a envahi. Dans tous les cas, Jésus est la source et le but de ce que le miracle signifie : le don de la vie éternelle. Et de cette vie nouvelle sur la terre, Marie en est la Mère.
Le miracle de Cana est-il donc le signe que Marie est médiatrice des Noces éternelles de Dieu avec chacune de nos âmes ?
« Les paroles de Jésus à Cana : “Qu’y a-t-il de commun entre toi et moi ?” concernent tout le mystère de la Sainte Vierge depuis l’Immaculée Conception jusqu’à l’Assomption, et le mystère du Christ depuis l’Annonciation jusqu’à l’Ascension, écrit le Père Théodossios-Marie de la Croix, notre fondateur. Le lien avec sa Mère, auquel se réfère Jésus, est le même au début de son ministère qu’au pied de la Croix à la fin de sa vie terrestre : “Femme, qu’est-ce qui nous lie ?” »
Ce lien dans la foi et l’amour éternel qui unit la Mère à son Fils, Marie a mission de le tisser en chacun de nous afin que nous puissions, par elle et avec elle, participer en Jésus à la vie de la Trinité. C’est cette union que nous appelons les Noces éternelles de l’Agneau : « Bienheureux les invités au repas des Noces de l’Agneau. » Celui que Jean-Baptiste nous montre, la Vierge Marie nous le communique.