Cette année, pour le quatrième dimanche de l’Avent, l’Église écoute le récit de la Visitation dans l’Évangile de Luc. L’évangéliste fait voyager Marie en hâte vers la région des collines (cf. Luc 1:39). Là, elle retrouve Élisabeth, qu’on pensait incapable de concevoir (cf. Luc 1:7), maintenant en attente d’enfant. La merveille d’une telle conception miraculeuse n’est pas du tout évidente, toute l’attention étant accordée à la femme qui vient d’arriver dans la maison de Zacharie (cf. Luc 1:40).
C’est Marie et sa grossesse qui attirent l’attention exclusive d’Élisabeth et la nôtre à quelques jours de Noël.
Élisabeth loue sa jeune cousine, mais pas de la façon dont nous envisageons habituellement la louange de nos jours. De nos jours, nous louons plus volontiers pour des choses que nous avons faites indépendamment de Dieu plutôt que pour ce que Dieu a fait à travers nous et avec nous dans l’histoire du salut. La Bible n’approuve évidemment pas la vision moderne de la louange et établit fort justement que ce n’est pas Marie qui s’est de soi distinguée des autres femmes ; c’est Dieu qui l’a fait. Ses propres paroles ne sont pas ce en quoi Marie met sa confiance ; ce sont les propres paroles de Dieu. A la fois en étant distinguée et en croyant, la Mère virginale est bénie. Sa bénédiction ne vient pas de sa propre initiative mais avec sa coopération.
La Visitation est vraiment une affirmation du dessein déjà perceptible lors de l’Annonciation. Car le choix de la Bienheureuse Vierge Marie a son origine dans ce mystère et le rôle d’Élisabeth dans l’évangile de ce jour est de donner une voix humaine à la véracité de la maternité divine. Mais le choix de Marie par Dieu ne pouvait pas lui être imposé. Il devait être librement accepté, et c’est ce qui est arrivé. « Je suis la servante du Seigneur. Qu’il en soit fait selon ta parole » (Luc 1:38).
Notre Dame consent clairement à la maternité. Ce thème de la maternité se trouve être le thème central dans Mulieris dignitatem (Sur la dignité et la vocation des femmes), la Lettre Apostolique du pape saint Jean-Paul II de 1988. Au milieu de ce document, le pontife déclare que la maternité donne aux femmes une attitude nouvelle qui marque profondément leur personnalité. Il ne fait pas référence ici uniquement à l’attitude de la mère vis-à-vis de l’enfant qu’elle porte ; le lien entre les deux personnes est indéniable. Mais également à la façon dont généralement la mère se sent proche des gens. Il y a une sensibilité accrue, postule le pape, de la mère envers ceux qui l’entourent une fois qu’elle a conçu et a un enfant (cf. MD 18). A la fin de la lettre, le pape appelle cette sensibilité accrue « une manifestation du ‘génie’ propre aux femmes » (MD 30).
Envisageant la charité à la manière de Saint Paul, c’est-à-dire nous réjouissant avec ceux qui sont dans la joie et en pleurant avec ceux qui pleurent (cf. Romains 12:15), nous pouvons dire de la Visitation que la Bienheureuse Mère témoigne de la charité à Élisabeth. Mais nous pourrions également dire que Marie manifeste en même temps une sensibilité accrue. La charité est une vertu insufflée dans l’âme tandis qu’une sensibilité accrue est ce à quoi elle ressemble humainement parlant, mais cela ne tient pas compte de son effet dans l’ordre de la grâce.
Une sensibilité accrue est louable dans la mesure où elle contribue au but d’unité et de solidarité au sein de la famille humaine. Cependant, la maternité est toujours comprise d’abord au niveau personnel. Concevoir un enfant et être une mère pour lui est le chemin pour que la femme et son enfant commencent une coopération avec la Providence Divine, et où l’image et la ressemblance de Dieu (cf. Genèse 1:27) sont contemplées – à la fois littéralement et figurativement.
Une Madone à l’Enfant n’est pas seulement une image adaptée pour une carte de Noël. A un niveau plus profond, c’est également un signe prescient que le Seigneur ne nous abandonnera pas. Cela nous rappelle l’image appropriée utilisée par le prophète Isaïe dans le 49e chapitre de son livre. Il y écrit : « une mère peut-elle oublier son enfant… Même si cela arrivait, moi je ne t’abandonnerai pas » (v. 15).
La Sainte Mère n’a jamais oublié son Enfant, et de ce fait nous ne pouvons manquer à nous rappeler la fidélité du Seigneur à Son alliance avec nous. Revenons une fois encore à Mulieris dignitatem : le pape saint Jean-Paul II déclare que toute maternité dans l’histoire humaine est liée à l’alliance que Dieu a établie avec la race humaine par la maternité de Marie (df. MD 19). La conception de Jésus par le pouvoir du Très-Haut (cf. Luc 1:35) et le soin pris ensuite du Fils du Très-Haut (cf. Luc 1:32) jusqu’aux larmes du Calvaire, tout cela est un puissant témoignage du pouvoir d’influence d’une unique femme sur l’histoire et de la façon dont l’accomplissement de la vocation de chaque mère aide également à façonner l’histoire du monde.
En cette fin d’Avent, nous nous préparons pour la venue du Christ enfant. Notre préparation ne peut pas laisser de côté la maternité de Marie car elle est le moyen absolument indispensable pour que nous soyons sauvés du péché et de la mort. La chair et le sang de la femme de Nazareth ont été le premier lieu de repos de Notre Sauveur – avant la mangeoire de Bethléem.
Avant l’arrivée de la naissance du Seigneur, honorons l’Arche d’Alliance car elle nous enseigne comment aimer les enfants que nous avons – par la chair ou au plan spirituel. L’amour d’une mère nous apporte le réconfort et la paix. Puisse ces dons découler pour nous abondamment de la célébration de la Nativité de notre Seigneur.
Pour aller plus loin :
- La France et le cœur de Jésus et Marie
- Quand le virtuel se rebelle contre le réel, l’irrationnel détruit l’humanité
- Folies antédiluviennes
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- La paternité-maternité spirituelle en vie monastique est-elle menacée en Occident ?