MARIAGE ET CONVERSION PASTORALE - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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MARIAGE ET CONVERSION PASTORALE

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Card. Christoph Schönborn, Le regard du Bon Pasteur. – Mariage et conversion pastorale

Entretien avec 
le père Antonio Spadaro SJ

Parole et Silence
 / LA CIVILTÀ CATTOLICA © Éditions Parole et Silence, 2015 ISBN 978-2-88918-476-7

Pendant le synode extraordinaire sur la famille qui s’est tenu du 5 au 19 octobre dernier, j’ai été frappé par l’intervention du cardinal Schönborn, archevêque de Vienne. Nous avions ensuite discuté, lors d’un dîner chez un ami commun, de son expérience d’enfant d’une famille qui avait traversé le divorce. Sa lucidité ne venait pas d’une réflexion purement intellectuelle, mais découlait d’une expérience vécue. Nous promenant sous les colonnades de Saint-Pierre, il m’avait parlé de l’oubli des grands-parents et des oncles et tantes dans les discours synodaux. La famille, disait-il, ne se compose pas uniquement de l’épouse, de l’époux et des enfants. Un éventuel divorce se répercute sur un ample cercle de relations, et pas unique- ment sur une vie de couple. Mais il est également vrai que ce cercle peut résister au choc de la cassure et soutenir les plus faibles, les enfants par exemple.

Nous n’avons pas interrompu cette conversation. Nous l’avons poursuivie au cours de deux entretiens qui se sont déroulés quelques mois après au siège de La Civiltà Cattolica et d’une rencontre à Vienne à la Kardinal König Haus. Le dialogue qui suit est le fruit de ces rencontres mais également d’échanges écrits – surtout sur les questions de la dernière partie – qui ont pris la forme d’un ensemble homogène. J’ai demandé au cardinal une réflexion étroitement liée à son expérience de pasteur. Cette inspiration pastorale anime ces propos.

Antonio Spadaro SJ

LE MARIAGE ET LA FAMILLE DANS LE MONDE D’AUJOURD’HUI

Un regard bienveillant

– Éminence, quelle a été, à votre avis, l’intention de l’Assemblée extraordinaire du synode sur la famille? Il a été ques- tion de la joie et des défis de la famille.

Quand François est devenu pape, le thème prévu pour le synode sui- vant était déjà arrêté par son prédé- cesseur, le pape Benoît : les ques- tions d’anthropologie chrétienne en général, et surtout les questions bioéthiques. Lors de sa première rencontre avec le conseil du synode, le pape François a immédiatement suggéré qu’il était difficile d’aborder ces questions en dehors du cadre fondamental de la famille et du mariage, si bien que, petit à petit, la thématique s’est déplacée, sans pour autant oublier les questions d’anthropologie, mais en les articu- lant à cette anthropologie originelle qu’est l’enseignement de la Bible sur l’homme et la femme, sur leur union, sur leur vocation, sur le grand thème du mariage et de la famille.

– On peut se demander pourquoi revenir sur un sujet que saint Jean Paul II a traité presque exhaustivement au cours des vingt-sept ans de son pontificat.

Je pense que le pape François a voulu avant tout, et il l’a répété plu- sieurs fois, nous encourager à regar- der la beauté et l’importance vitale du mariage et de la famille avec le regard du Bon Pasteur qui se fait proche de chacun.

Il a mis en route ce synodos, ce cheminement commun où nous sommes tous appelés à regarder la situation, non pas avec un regard surplombant à partir d’idées abstraites mais avec le regard de pasteurs qui perçoivent la réalité d’aujourd’hui dans un esprit évangélique. Nous savons bien que cette situation n’est pas simple et que les défis sont énormes. La famille aujourd’hui est dépréciée, maltraitée, mais avec les yeux de la foi, ce souci de vérité et de réalisme doit être tra- versé par un regard de bienveillance, de compassion, de miséricorde sur la réalité familiale et matrimoniale dans le monde d’aujourd’hui et donc dans l’Église catholique partout dans le monde. Comme pasteurs témoins de l’incarnation du Dieu vivant, il nous est demandé de regarder des réalités vivantes auxquelles le Christ est présent : comment au cœur même des difficultés des couples et des sociétés Dieu est-il présent avec son dessein lumineux d’Alliance et de renouvellement ?

Ce regard n’est pas d’abord un regard critique mettant en relief tout ce qui manque, mais un regard bienveillant, qui voit tant de bonnes volontés, tant d’efforts, au milieu de tant de souffrances. Comme Jésus, commençons d’abord par regarder les personnes et non par comptabi- liser ce qui va bien ou ce qui va mal. Ce serait voir avec une absence de regard, une manière de « passer à côté» (Lc 10, 31) au risque ensuite de frayer avec l’aveuglement des scribes et des pharisiens.

C’est au fond un acte de foi qui nous est demandé : se pencher, comme le fait Jésus, sur la personne blessée qu’il rencontre sur le chemin, sur le pécheur avec lequel il se met à table… S’approcher, comme Jésus, de la foule bigarrée sans avoir peur d’être touché.

– Dans la convocation du synode sur la famille par le souverain pontife, nous pouvons discerner des préoccupations concrètes, un désir de rapprochement…

Regarder les personnes concrètes dans les joies et les peines, les tris- tesses et les angoisses de leur vie quotidienne, et leur porter la Bonne nouvelle tout en découvrant ce qu’ils vivent de l’Évangile au milieu de tant de peines mais aussi de tant de générosités.

L’approche cordiale du Bon Pasteur est d’être au milieu d’un peuple qui vit, clopin-clopant, ce désir de bonheur et d’amour que Dieu a mis dans le cœur de chaque homme, et de ne pas avoir peur de toucher les personnes dans le concret de leur vie, dans leur bles- sure comme dans leur générosité. Il faut sortir de nos livres pour se mettre au milieu de la foule et se lais- ser toucher par la vie des gens. Les regarder et appréhender leur situation, plus ou moins bancales, à partir du désir profond inscrit au cœur de chacun. C’est la méthode ignatienne : chercher la présence et l’agir de Dieu dans les moindres détails de la vie quotidienne.

Nous sommes encore loin d’avoir réalisé ce vœu initial du pape François. Entre nous, évêques, dans cette première étape du synode, il y a eu des moments de vérité, des moments où nous avons porté ce regard de compassion, «d’attention aimante à la vie des gens », comme dit saint Ignace. Mais nous n’avons pas encore atteint cette dimension dans le discours ecclésiastique et dans le discours du synode. Nous parlons encore trop avec la langue de bois.

– Selon certains, l’objectif devrait être éminemment doctrinal, d’autres s’inquiètent pour la doctrine.

Le défi que le pape François nous pose, c’est de croire qu’en ayant ce courage de la simple proximité, de la réalité quotidienne des gens, nous ne nous éloignons pas de la doctrine. Nous ne risquons pas de diluer la clarté de la doctrine en cheminant avec les personnes, puisque nous sommes nous-mêmes appelés à che- miner dans la foi. La doctrine n’est pas d’abord une série d’énoncés abstraits mais la lumière de la parole de Dieu attestée par le témoignage apostolique au cœur d’une Église – et au cœur des croyants – qui chemine dans le monde d’aujourd’hui.

La clarté de la lumière de la foi et de son déploiement doctrinal en chacun n’est pas en contradiction avec le cheminement que Dieu fait avec nous-mêmes qui sommes souvent si loin de vivre pleinement l’Évangile.

– La doctrine est liée à la vie. La lumière de la foi doit donc porter avec elle un désir pastoral attaché au concret, un regard attentif aux situations com- plexes dans lesquelles vivent les per- sonnes qui vivent l’Évangile…

Certainement. Cela nous encourage à cheminer nous-mêmes avec ceux que nous rencontrons et auquel Dieu est présent puisque «le Christ, dans son incarnation, s’est d’une certaine façon uni à tout homme» (GS 22, 2). Le Pape François nous place tous dans cette problématique. Non pas une idée de l’homme, la per- sonne idéale, mais l’homme concret, chaque famille, chaque personne aimée de Dieu. C’est au fond, une chose très élémentaire et très simple qui nous permettra, – je suis sûr que le Seigneur nous y aidera, – de faire ce que le pape nous a rappelé à la fin du synode. Personne ici, a-t-il dit, n’a mis en question la doctrine de l’Église sur le mariage, l’indissolubilité, l’unicité, la fécondité, etc. Mais à la lumière de cette doctrine qui est vivante et vitale, nous chemi- nons avec le regard du Bon Pasteur et dans l’attitude miséricordieuse de Jésus envers ceux qu’il rencontre.

(……..)

Pierres d’attente et éléments positifs

– Quel regard porter et quelle attitude avoir envers les couples en situation irrégulières ?

J’ai proposé au dernier synode une clé de lecture qui a suscité beaucoup de discussions, qui a été encore retenue dans la Relatio post disceptationem, mais qui n’est plus présente comme telle dans le document final, la Relatio Synodi. C’était une analogie avec la clé ecclésiologique que donne Lumen Gentium, la constitution sur l’Église, dans son article 8. Cette clé que donne le concile est devenue la clé par excellence pour l’œcuménisme et pour le dialogue interreligieux. Il s’agit de la question : « Où se trouve l’Église du Christ?» Est-ce une idée abstraite partiellement réalisée ici, partiellement réalisée là, mais sans jamais l’être vraiment ? Ou est-ce que, pour ainsi dire, elle est incarnée quelque part concrètement ? Est-ce que l’Église de Jésus Christ, voulue et fondée par lui existe réellement ? À cela, le concile a répondu avec cette fameuse phrase : « l’unique Église de Jésus Christ est réalisée dans l’Église catholique », subsistit in ecclesia catholica. Ce n’est pas une identification pure et simple : l’Église de Jésus Christ est l’Église catholique. Le concile a dit : «… est réalisée dans l’Église catholique », unie au Pape et aux évêques légitimes. Il ajoute cette phrase qui est devenue une clé : en dehors de la réalité visible de l’Église catholique, « il existe de nombreux éléments de sanctification et de vérité qui, étant propre à l’Église de Jésus Christ, tendent vers l’unité catholique ». C’est une phrase un peu complexe, mais elle dit essentiellement l’apport de Vatican II dans le domaine de l’œcuménisme et dans les relations aux autres religions.

Les autres confessions, les autres Églises, les autres religions ne sont pas tout simplement rien. Vatican II exclut une ecclésiologie du tout ou du rien. Le tout est réalisé dans l’Église catholique, mais il y a des éléments de vérité et de sanctification aussi dans les autres Églises et même dans les autres religions. Ces éléments sont des éléments de l’Église du Christ, et par leur nature, tendent vers l’unité catholique et l’unité du genre humain vers laquelle tend l’Église elle-même, anticipation pour ainsi dire de ce grand projet de Dieu qu’est l’unique famille de Dieu, l’humanité.

Avec cette clé, on a justifié cette approche du concile de ne pas d’abord regarder ce qui manque dans les autres Églises, communautés chrétiennes, religions, mais de voir ce qu’il y a de positif. De discerner les semina Verbi comme on a dit, les semences du Verbe, des éléments de vérité et de sanctification. C’est la base de ce que deviendra la déclaration Nostra aetate du concile sur le rapport au judaïsme et aux autres religions.

– Le pape François aussi a repris cette attitude positive propre au Concile.

Le pape François dans Evangelii Gaudium au n. 254 montre avec beaucoup de force comment ces « éléments de sanctification et de vérité » participent de l’action de Dieu chez les non-chrétiens fidèles à leur conscience dans leur cheminement vers le Dieu vivant. « Les non-chrétiens, par initiative divine gratuite, et fidèles à leur conscience, peuvent vivre justifiés par la grâce de Dieu, et ainsi être associés au mystère pascal de Jésus Christ. Mais en rai- son de la dimension sacramentelle de la grâce sanctifiante, l’action divine en eux tend à produire des signes, des rites, des expressions sacrées qui à leur tour rapprochent d’autres personnes d’une expérience commu- nautaire de cheminement vers Dieu. Ils n’ont pas la signification ni l’efficacité des sacrements institués par le Christ, mais ils peuvent être la voie que l’Esprit lui-même suscite pour libérer les non-chrétiens de l’immanentisme athée ou d’expériences reli- gieuses purement individuelles. Le même Esprit suscite de toutes parts diverses formes de sagesse pratique qui aident à supporter les manques de l’existence et à vivre avec plus de paix et d’harmonie. Nous chrétiens, nous pouvons aussi profiter de cette richesse consolidée au cours des siècles, qui peut nous aider à mieux vivre nos propres convictions. »

– Donc, de quelle façon cette intuition peut-elle s’appliquer, à votre avis, à la famille ? Pensez-vous qu’il y ait des éléments de sanctification et de vérité, c’est-à-dire des éléments positifs, dans les formes imparfaites des mariages et des familles ? Dans ces formes, il manque une alliance conjugale et sacramentelle explicite. Mais cela n’empêche pas qu’il y ait aussi des éléments qui sont quasiment les promesses de cette promesse : la fidélité, l’attention des uns envers les autres, la volonté de fonder une famille. Cela n’est pas tout, mais c’est déjà quelque chose. Est-il possible de reconnaître en ces dernières des « graines » de vérité sur la famille qu’ensuite les pasteurs peuvent aider à faire croître et mûrir ?

J’ai tout simplement proposé d’appliquer cette clé de lecture ecclésio- logique à la réalité du sacrement du mariage. Puisque, le mariage est une Église en petit, – l’ecclesiola, la famille comme petite Église, – il me semble légitime de faire une analogie et de dire qu’est pleinement réalisé le sacrement du mariage là où il y a justement sacrement entre un homme et une femme le vivant dans la foi, etc., mais cela n’empêche qu’en dehors de cette réalité de réa- lisation du sacrement du mariage, il y a des éléments du mariage qui sont des pierres d’attente, des éléments positifs.

– Par exemple, si nous considérons le mariage civil…

Oui, nous le considérons comme quelque chose de plus qu’une simple union de fait. Pourquoi ? C’est un pur contrat civil, qui du point de vue strictement ecclésial, n’a aucune signification. Mais nous admettons que dans un mariage civil, il y a plus d’engagement, donc plus d’al- liance que dans une simple union de fait. Les deux s’engagent devant la société, devant les hommes et devant eux-mêmes, à une alliance plus explicite, légalement ancrée avec des sanctions, des obligations, des devoirs, des droits… L’Église estime que c’est un pas de plus que le simple concubinage. Il y a ici une plus grande proximité avec le mariage sacramentel. Comme une promesse, une pierre d’attente. Et au lieu de dire tout ce qui manque, on peut aussi approcher ces réalités en disant ce qu’il y a de positif dans cet amour qui se stabilise.

– L’important pour le synode est la qualité du regard sur des situations qui ont des manques objectifs.

Regardons les nombreuses situa- tions de cohabitation non pas uni- quement du point de vue de ce qui manque, mais de ce qui est déjà promesse, de ce qui est déjà là. «Tout ce que l’on trouve de bon et de vrai chez celui qui cherche à mener une vie droite est un don de celui qui éclaire tout homme pour qu’il obtienne finalement la vie », lisons- nous au n. 16 de Lumen Gentium. Par ailleurs, si le concile affirme que dans l’Église catholique subsiste l’Église de Jésus Christ, il ajoute que, même s’il y a toujours de la sainteté réelle dans l’Église, elle est néanmoins faite de pécheurs et elle chemine sur un chemin de conversion. Elle a toujours besoin de purification. Du même coup, un catholique ne peut pas se placer à un degré supérieur par rapport aux autres. Il y a des saints dans toutes les Églises chrétiennes, et même dans les autres religions. Jésus a dit par deux fois à des païens, à une femme et à un officier romain : « une telle foi, je ne l’ai pas trouvée en Israël » (Lc 7, 9) : c’est une vraie foi qu’il a trouvé en dehors du peuple élu. L’autre facette de cette affirmation du « subsistit in ecclesia catholica » – l’Église du Christ est réalisée dans l’Église catholique – c’est donc l’affirmation que cette Église et ses membres sont en chemin et sont encore loin de la perfection vers laquelle l’Église doit tendre : «l’Église, qui renferme en son sein les pécheurs, qui est sainte et, en même temps, doit toujours être purifiée, recherche sans cesse la pénitence et le renouvellement», (Lumen Gentium, 8).

– Si nous appliquons cela au mariage, le clivage n’est pas entre ceux qui vivent un mariage sacramentel – et sont pour ainsi dire en ordre, – et tout le reste de l’humanité qui vit clopin-clopant des réalisations imparfaites de ce que devrait être le sacrement du mariage.

Ceux qui ont la grâce et la joie de pouvoir vivre un mariage sacramen- tel dans la foi, dans l’humilité, dans le pardon mutuel, dans la confiance en Dieu qui agit quotidiennement dans notre vie, savent regarder et discerner dans un couple, une union de fait, des concubins, des éléments de vrais héroïsmes, de vraies charités, de vrais dons mutuels. Même si nous devons dire : «ce n’est pas encore la pleine réalité du sacrement». Mais qui sommes-nous pour juger et dire qu’il n’y a pas chez eux des éléments de vérité et de sanctification?

L’Église, c’est un peuple que Dieu s’attire et dans lequel tout le monde est appelé. Le rôle de l’Église, c’est d’accompagner chacun dans une croissance, une marche. C’est cette joie d’être en chemin que pasteur j’expérimente, parmi les croyants, mais aussi parmi de nombreux non-croyants.


http://benoit-et-moi.fr/2015-II/actualite/le-cardinal-schoenborn-et-les-unions-de-fait.html

http://www.lavie.fr/religion/catholicisme/cardinal-schonborn-une-relation-homosexuelle-stable-est-preferable-a-une-aventure-16-09-2015-66471_16.php


La mission universelle de la famille

Cité du Vatican, 16 septembre 2015 (VIS). Ce matin, à l’audience générale tenue Place St.Pierre, le Saint-Père a conclu le cycle de catéchèse consacré au mariage et à la famille, à la veille de la Rencontre mondiale des familles et du Synode des évêques. Ces deux événements, dont « la portée correspond à la dimension universelle du christianisme, sont de grande importance pour la famille, communauté humaine fondamentale et irremplaçable. Nous vivons les effets à long terme d’une société dominée par la dictature économique, où la morale est écrasée par la logique du profit qui dispose de moyens financiers et médiatiques énormes ». Contre cela « une nouvelle alliance entre l’homme et la femme est non seulement nécessaire mais obligatoire pour libérer la société de la dictature de l’argent. Cette alliance devant à nouveau conditionner la politique, l’économie et la vie sociale. Il en va de la survivance du monde, de la transmission de la vie mais aussi du lien entre la mémoire et l’espérance. D’où l’importance du mariage et de la famille, de l’alliance génératrice entre hommes et femmes… Dieu n’a pas seulement confié à la famille le soin d’une intimité close sur elle même, mais le projet de domestiquer le monde. C’est pourquoi la famille est à la base d’une culture mondiale salvatrice. Elle nous protège de tant d’agressions, destructions et colonisations, de l’argent et des idéologies qui menacent le monde. La famille est la forteresse qui nous défendra ».

Revenant aux sources bibliques, le Saint-Père a alors déclaré que « la création n’est pas une promesse philosophique mais l’horizon universelle de la vie et de la foi. Dans le dessein divin, création et salut sont unis. C’est pour le salut de toute créature que Dieu s’est fait homme… La création est confiée à l’homme et à la femme et ce qu’ils font marque le destin de l’humanité. Leur refus de la bénédiction de Dieu entraîne fatalement un délire de toute puissance…appelé péché original… Malgré ce risque nous ne sommes pas abandonnés à nous même ». Dans le récit biblique, Dieu a « assigné à la femme un rôle de barrière contre la mal. Elle porte en elle une bénédiction particulière pour la défense contre les pièges du Malin… Il existe nombre de lieux communs, parfois agressifs, à propos de la femme tentatrice inspirant le mal, alors qu’il existe une théologie de la femme à la hauteur de la bénédiction divine… La protection miséricordieuse de Dieu envers l’homme et la femme ne fait jamais défaut ». En dotant Adam et Eve de vêtement au jardin de l’Eden, Dieu a manifesté sa tendresse, « qui sera incarnée en Jésus de Nazareth, le fils de Dieu né d’une femme ». Dieu, a-t-il ajouté, se penche sur nos blessures, nos erreurs et nos péchés. « La promesse faite à l’homme et à la femme, qui est à l’origine de l’histoire, englobe à jamais tous les êtres humains. Si notre foi est forte, les peuples se reconnaîtront dans cette bénédiction », quelles que soient les religions. Nous marchons tous ensemble, sans prosélytisme, sous la bénédiction de Dieu qui fait de nous des frères et des soeurs, « dans un monde né de la famille, de l’union de l’homme et de la femme ».


Le livre avec les trois entretiens dominicains vient de paraître en italien sous le titre Verità e misericordia aux éditions Ancora.

Une version longue de celui de Christoph Schönborn vient donc de paraître en français sous le titre Le regard du bon pasteur chez l’éditeur Parole et Silence, qui nous a offert les « bonnes feuilles » ci-dessus.

Les deux autres entretiens (Cottier et Garrigues) viennent d’être publiés sous le titre Vérité et miséricorde par les éditions du Cerf. Fr. Jean-Miguel.