En évoquant hier le discours de François Hollande sur l’immigration, je faisais part de ma réserve de fond par rapport au danger de provoquer des mouvements d’hostilité à l’égard des immigrés. C’est ce que j’ai toujours craint et c’est pourquoi j’ai toujours demandé qu’on traite le problème par le haut. Sans cacher les difficultés et dans le but de les surmonter. Ma crainte est aujourd’hui illustrée par les manifestations qui se déroulent en Allemagne dans de nombreuses villes. Ainsi à Dresde, dans l’ancienne Allemagne de l’Est, plus de 15000 personnes ont participé à une manifestation désormais hebdomadaire « contre l’islamisation de l’Occident ». On note, en même temps, de plus en plus d’attaques contre les foyers qui abritent des réfugiés. Le correspondant du Monde à Dresde affirme que la police a recensé 86 tentatives d’incendies ou inscriptions de croix gammées sur les murs, depuis le début de l’année.
Je sais bien qu’il faut se méfier des amalgames, mais ce sont des extrémistes qui organisent ces rassemblement Outre-Rhin. Et le risque est de provoquer des réactions de rejet contre des immigrés considérés sans distinction comme des envahisseurs, alors que la plupart cherchent à vivre honnêtement de leur travail dans un pays d’accueil, caractérisé par ailleurs par un sérieux déficit démographique, et en demande de main d’œuvre. Il ne faut pas sous-estimer la question des heurts de civilisation qui sont parfois plus vivement ressentis, à propos des symboles religieux, par des agnostiques et des non-pratiquants que par des fidèles chrétiens.
Beaucoup sont d’avis que c’est un régime strict de laïcité qui peut remédier à ces craintes. Je ne suis pas d’accord, parce que la laïcité à la française ne règle pas toutes les difficultés, et en particulier les conflits civilisationnels. Raison de plus pour prendre les problèmes au sérieux afin de trouver des solutions raisonnables. Il faut réguler l’immigration, il faut faciliter l’intégration. Le pire serait d’ignorer les problèmes et d’enflammer la rue, ce qui serait le plus vain et le plus dangereux des exutoires.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 17 décembre 2014.
