Le 13 décembre, la « Commission de suivi » de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe a nommé deux rapporteurs pour enquêter sur les violences policières et atteintes aux droits des manifestants en lien avec le mouvement de la Manif pour Tous. Il s’agit des députés Valeriu Ghiletchi (Moldave, PPE) et Stefan Schennach (Autrichien, socialiste).
L’ECLJ se réjouit de cette décision qui contribuera à exposer publiquement les abus dont ont été victimes de nombreux manifestants, ainsi qu’à identifier les responsabilités.
La « Commission pour le respect des obligations et engagements des États membres du Conseil de l’Europe », dite commission de suivi ou de monitoring, est chargée de veiller au respect des obligations contractées par les États membres, en particulier dans le domaine du respect des droits de l’homme.
Les deux rapporteurs vont rencontrer et interroger les représentants des victimes ainsi que les autorités publiques françaises ; une audition officielle est prévue ces prochains mois à Paris. Les rapporteurs disposent d’un délai de deux ans pour faire leur enquête et rendre leur rapport à la Commission qui jugera alors, sur la base des faits rapportés, de la nécessité de poursuivre la procédure jusqu’à une éventuelle sanction. A défaut de sanction, l’Assemblée peut aussi décider d’entamer un dialogue avec les autorités nationales sur certaines questions. (Voir ici une présentation de la procédure).
La désignation de ces rapporteurs fait suite au dépôt le 26 juin dernier du projet de Résolution « Graves revers dans le domaine des droits de l’homme et de l’État de droit en France » par une vingtaine de députés. Par ce texte, les députés demandaient l’ouverture d’une procédure de suivi contre la France en raison « des abus des forces de police dans le contexte des manifestations contre l’approbation de la « loi Taubira », visant en particulier les brutalités, l’usage abusif des gaz lacrymogènes et les arrestations arbitraires.
Le 27 juin 2013, l’Assemblée du Conseil de l’Europe a déjà adopté une résolution 1947 (2013) dénonçant l’usage abusif par les autorités françaises de la force contre les manifestants. Cette résolution rappelait que « face à des manifestations, le rôle des forces de l’ordre est de protéger les droits des manifestants, leur liberté d’association et d’expression, tout en protégeant les autres ». L’Assemblée invitait enfin les Etats notamment à garantir la liberté de manifestation et à « mener des enquêtes diligentes concernant le recours excessif ou disproportionné à la force par des membres des forces de l’ordre, et en sanctionner les responsables ».
Le 26 juin 2013, le Parti Populaire Européen (PPE) et le European Centre for Law and Justice, ont organisé au Conseil de l’Europe une audition publique sur le thème « Manif pour Tous et la répression policière ». A cette occasion a été présenté un rapport contenant plus d’une centaine de témoignages de personnes faisant état d’abus policiers.
Afin de soutenir le travail du Conseil de l’Europe, l’ECLJ poursuivra la collecte de témoignages et d’informations, en lien avec les victimes, les associations et leurs représentants, dans l’attente de la prochaine audition.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- « Manif pour tous » : deux rapporteurs du Conseil de l’Europe enquêtent cette semaine en France sur la répression policière.
- Discours final du Pape – Sommet sur la protection des mineurs
- Répression des « Manif pour Tous » : le Conseil de l’Europe condamne l’usage disproportionné de la force publique et entame une procédure de suivi
- « Manif pour tous » : La répression policière dénoncée au Conseil des Droits de l’Homme des Nations-Unies