Mandela : le spectacle du monde - France Catholique
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Mandela : le spectacle du monde

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La grande cérémonie d’hommage à Mandela qui s’est tenue hier dans le principal stade de Johannesburg nous a donné une image pour le moins contrastée de notre planète. Je dis bien planète, puisque c’est la terre entière qui se trouvait représentée par une centaine de chefs d’États. Cela faisait un peu penser aux obsèques de Jean-Paul II, bien que le cadre et le climat des deux cérémonies fussent très différents. Il n’y a pas tant d’occasions de rassemblements de ce style, où cohabitent des personnages qui sont parfois aux antipodes les uns des autres, lorsqu’ils ne sont pas carrément en guerre. On a évidemment remarqué la poignée de main entre Barack Obama et Raoul Castro. Mais il y avait là aussi le président Afghan, Hamid Karzaï qui vient de prendre, d’une façon spectaculaire, ses distances avec les États-Unis dont il dénonce « l’attitude coloniale ». Joli paradoxe, après tant d’années où l’armée américaine s’est trouvée en protection de son régime ! Mais ainsi va le monde.

Une cérémonie comme celle-là, consensuelle par principe, toute tournée vers la glorification d’une figure mondiale, ne devrait comporter aucun couac, aucune dissonance. Eh bien, ça n’a pas été le cas, puisque le président sud-africain lui-même a été littéralement hué par une grande partie de l’assistance, qui a d’ailleurs quitté le stade à ce moment. Il y a eu aussi de la déception du point de vue de la participation populaire puisque ce stade, où se déroulait l’hommage, n’a jamais été rempli, et que les trois autres stades de Johannesburg qui avaient été ouverts au public pour projeter la cérémonie sont demeurés désespérément vides.

Il ne faut pas en tirer la conclusion qu’il y aurait désaffection de la part du peuple sud-africain à l’égard de son héros, mais la vie continue avec ses aspérités, et il faudra aux successeurs de Mandela infiniment de courage et d’imagination pour poursuivre une œuvre d’une extrême difficulté.

Chronique lue sur radio Notre-Dame le 11 décembre 2013.