Mandela : l'incontestable - France Catholique
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Mandela : l’incontestable

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Parmi les multiples commentaires et hommages qui entourent la mort de Nelson Mandela, j’ai distingué le témoignage de Mark Behr, ancien soldat Afrikaner devenu ardent partisan de la sortie de l’apartheid. Non que j’en approuve tous les termes et les motifs idéologiques, mais une citation de l’Écriture m’a frappé dans sa tribune publiée dans Le Monde : « J’appellerai mon peuple celui qui n’était pas mon peuple, et bien-aimée celle qui n’était pas la bien-aimée. » Behr attribue à l’épître aux Romains de saint Paul une phrase qui est en fait reprise du prophète Osée dans un passage qui est un des plus frappants de l’Ancien Testament, et même bouleversants. Je ne sais si Mandela avait médité ce texte où la révélation de l’amour divin produit des miracles de conversion inouïs, mais le rapprochement est singulièrement judicieux.

Celui que le monde entier honore aujourd’hui protestait qu’il n’était pas un saint. Il n’était sûrement pas non plus un démiurge. La situation de l’Afrique du Sud, aujourd’hui, n’est pas particulièrement idyllique. Mandela n’a pas pu faire de son pays la terre pleinement réconciliée qu’il souhaitait, et la misère, souvent accablante, d’une grande partie de la population ne semble pas devoir être réduite dans un proche avenir, alors que certains s’enrichissent sans vergogne. Cela n’empêche pas que celui qui aura mis fin à l’apartheid est aussi celui qui aura tendu la main à l’adversaire, refusé la vengeance et proposé à tous les chemins de la réconciliation. C’est là où la citation du prophète Osée prend tout son sens.

Mandela a demandé à ses frères Noirs de reconnaître les Blancs comme leurs frères. Le peuple qui était son adversaire cruel est devenu, pour le coup, son peuple et l’allégorie de celle qui n’était pas la bien-aimée s’est trouvée transposée sur le terrain inattendu de la politique. Cela a tout changé, et la leçon se projettera au-delà de Mandela. « Je te fiancerai dans la justice et dans le droit » dit encore le prophète Osée. Idéal toujours à prolonger et à faire renaître.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 9 décembre 2013.