Malaise dans le féminisme - France Catholique
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Malaise dans le féminisme

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Tout le monde ne partage pas forcément le goût des idées et de leur généalogie. Mais il est bien difficile d’échapper à cette dernière si l’on veut comprendre son temps et la société actuelle. J’y songeais en consultant la biographie d’Antoinette Fouque, qui vient de mourir et qui est saluée comme « une militante de l’émancipation des femmes ». Très marquée par la psychanalyse, elle ne pensait pas que le féminin appartenait à une symbolique d’ordre pathologique. C’est pourquoi, elle était l’adversaire intellectuelle de Simone de Beauvoir, dont elle dénonçait la phrase universellement célèbre : « On ne naît pas femme, on le devient. » Pour elle, il s’agissait de « la plus grande ânerie du siècle ». Voilà qui nous replace au sein même de la polémique présente. Car, si j’en crois Elisabeth Roudinesco, Antoinette Fouque croyait dur comme fer que Beauvoir niait l’existence de la différence anatomique des sexes au profit d’une identité construite.

C’était sans doute excessif, mais pour avoir lu très attentivement Le deuxième sexe, je puis attester qu’il y avait chez son auteur une véritable phobie de la biologie féminine et que tout ce qui touchait à la disposition à devenir mère, et donc parturiente, lui était insupportable. Cela explique bien des choses et notamment la scission au sein du féminisme entre celles qui, à force de luttes en faveur de l’égalité, écrasaient la différence féminine, et celles qui voulaient magnifier et surdéterminer la symbolique de la femme. Dans la configuration des luttes présentes, ce genre de débat n’a pas perdu son acuité. Y a-t-il vraiment un sujet féminin qui s’affronte à la vie et y construit sa personnalité ? Ou n’y a-t-il qu’un sujet neutre, indifféremment masculin ou féminin, qui construit un genre qui n’a de relation que purement abstraite avec la chair vivante qui s’offre, pourtant, comme un inappréciable cadeau à l’origine de tout destin ?

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 25 février 2014.