Il y a eu 55 ans mardi dernier que J. F. Kennedy était assassiné sur la Dealey Plaza à Dallas à 12h30. Cet anniversaire m’a touché alors que je travaillais sur le grand ouvrage spirituel, de St Alphonse de Liguori La préparation à la mort. Et un puzzle se forma dans mon esprit.
Selon des termes spirituels, la mort de JFK devrait être considérée comme un grand sujet de réflexion sur la signification de la mort. Après tout, « la mort d’un grand prince » a traditionnellement servi un tel objectif. Par exemple, le saint cite Horace : « La mort fait tomber le sceptre au niveau de la bêche. »
Il raconte l’histoire de Diogène qu’Alexandre le Grand voyait en train de chercher attentivement quelque chose parmi les os des morts. Quand le conquérant lui demanda ce que il recherchait, Diogène répondit : « Je cherche la tête de Philippe, votre père. Je ne suis pas capable de la distinguer. Si vous pouvez la trouver, montrez la moi ».
Il y a beaucoup d’autres exemples similaires dans le traité.
Et d’autres tragédies nous ont frappées de cette manière: pas mal de financiers voyant leurs collègues sauter des « twin towers » en flammes, se demandaient, « et si ça avait été moi? » – et ont ensuite fait assez rapidement certaines modifications importantes dans leur vie.
Cependant, dès le début, la mort de JFK semble avoir été surtout interprétée en terme de l’aspiration de la nation. Par exemple, lors de la messe de funérailles dans la cathédrale St Matthew à Washington D.C., le prêtre présidant la célébration, a lu des passage du discours inaugural de Kennedy, au lieu de faire une homélie. De nos jours, on essaie d’expliquer cette mort par des théories de complot, ou on fait l’amalgame avec les assassinats de MLK et RFK, considérant que cela démasque une société polie qui révèle une violence putative en son sein.
Cependant il n’est pas si difficile de méditer cela avec Alphonse de Liguori. Après tout, nous continuons à être choqués par ces faits. Même si quelqu’un est trop jeune pour dire « où étiez vous quand vous avez entendu des nouvelles que, » le film de Zapruder, avec le point de vue de ses témoins, introduit un sentiment de choc similaire. Ce choc a besoin d’être transformé d’un point de vue, et d’une considération, à une autre.
La limousine décapotable entre dans la Dealey Plaza. C’est un jour ensoleillé et chaud. Il se penche en souriant, admirant les familles alignées le long de la rue, tous bien habillés, qui saluent jovialement en bienvenue. Sa femme, Jacqueline, est à côté de lui dans le véhicule, paraissant aussi jolie et élégante que d’habitude, portant un ravissant chapeau rose et un manteau assorti. C’est un couple de rêve, au sommet du succès et de l’adulation.
Le défilé sinueux à travers Dallas est presque terminé. Dans cinq minutes, sortant de la Plaza et entrant dans l’avenue principale, ils arriveront au Trade Mart Center, pour un déjeuner de chefs d’entreprise. Après le long défilé à travers la ville, le repas agréable sera une sorte de répit. Ils l’attendent.
Cependant, le président a des affaires en tête. Il est venu au Texas pour régler certaines négociations délicates avec des rivaux dans son parti. En outre, l’élection de l’année prochaine est un gros souci. Il avait à peine gagné le Texas la dernière fois. Il avait même perdu Dallas. Est ce que cette foule fantastique présage un meilleur résultat aux élections de l’année prochaine? Anticipant son soucis, la femme du gouverneur du Texas se retourne en souriant et le gronde, « M. le Président, on ne peut pas dire que Dallas ne vous aime pas ». « Non on ne le peut certainement pas » répondit-il.
Un moment après il sentit une douleur et une lourdeur dans sa gorge, cela devait avoir été son dernier moment conscient, au moment où la balle fatale le toucha à la tête.
Kennedy commençait raisonnablement à envisager un second mandat. Il ne pensait pas devoir mourrir alors, ni ce jour là. Il n’y eût aucune alerte. Absolument rien dans sa carrière, ses projets, ses plans, ses soucis, ses ennuis, ne suggérait qu’il n’arriverait jamais au déjeuner au Trade Mart, à seulement cinq minutes de distance. Il était l’homme le plus puissant du monde, et l’un des plus admirés – si intelligent, beau, riche et béni par la fortune de toutes les manières.
Liguori écrit « Mon frère, Dieu a déjà fixé l’année, le mois, le jour, l’heure et le moment, oû moi et vous devrons quitter cette terre et entrer dans l’éternité, mais le temps ne nous est pas connu. Pour nous exhorter à être toujours prêt, le Christ Jésus nous dit que la mort vient sans prévenir, et comme un voleur dans la nuit ».«
Je connais une jeune mère, âgée de trente ans, terrassée par une hémorragie alors qu’elle quittait son domicile. Elle n’avait eu aucune alerte médicale, ou douleur; elle mourût instantanément. Une tante, d’âge moyen, préparant le petit déjeuner, n’est pas arrivée à aller de la table au four. Le père d’un de mes amis s’écroula alors qu’il était sur un ponton , en train de pêcher, lors de vacances familiales.: Il décéda alors que son fils, un médecin, lui faisait un massage cardiaque. Vous connaissez certainement des cas similaires. c’est presque certain que au moins un des lecteurs de cet essai mourra cette semaine.
Les mots suivant furent dits durant les funérailles de Kennedy:
« Il y a un moment pour tout et un temps pour toute chose sous le ciel. Un temps pour enfanter et un temps pour mourir » (Eccles 3;12) .
Mais ne prenons pas cela comme une fatalité mais comme une invitation à prier.
Les prières pour une sainte mort sont parmi les plus belles de l’Eglise. St Alphonse nous donne celle-ci:
« Notre Seigneur Jesus Christ, par cette amertume, que vous a fait endurer la croix quand vôtre âme sainte fût séparée de vôtre corps sacré, ayez pitié de mon âme pécheresse, quand elle quittera mon misérable corps pour entrer dans l’éternité. Oh! Marie ! Par les souffrances que vous avez subies au Calvaire, en voyant Jesus expirer sur la croix devant vos yeux, obtenez moi une bonne mort, et que en aimant Jesus et vous-même, ma Mère, dans cette vie, que je puisse atteindre le paradis, où je pourrai vous aimer pour toute l’éternité. »
Amen.
Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/11/27/now-and-at-the-hour/
[Photo: Dan Sheehan / Boston Globe]
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Mickael Pakaluk, un Aristotle scholar and Ordinarius de l’Acadenie Pontificale de Saint Thomas d’Aquin, est enseignant à la Bush School of Business and Economy à la Catholic University of America. Il réside Hyattsville, MD, avec son épouse Catherine, qui enseigne aussi à la Bush School, et avec leurs huit enfants. son dernier livre, sur les évangiles de Marc “The Memoirs of St Peter” sortira chez Regnery Gateway en Mars 2019.
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