Avec le brusque départ de son brusque ministre de l’Intérieur, Emmanuel Macron a perdu un atout de poids dans son gouvernement, en la personne de Gérard Collomb, son précieux parrain lyonnais, un homme de réseaux par excellence qui avait tant fait pour son élection à l’Elysée. Episode cruel de la fin de l’état de grâce de la macronie, on assiste à l’éruption d’une sorte de dépit affectif : cela met fin à une relation quasi fusionnelle entre les deux hommes, qui avait fait d’Emmanuel Macron un filleul politique, voire un fils adoptif symbolique de Gérard Collomb, longtemps ébloui par les qualités intellectuelles du jeune fondateur d’ « En Marche ».
Cet été, avec l’éclatement de l’affaire Benalla, comme ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb s’est trouvé déstabilisé et placé en porte-à-faux sur le théâtre des opérations de la république macronienne, confronté à un amateurisme déroutant pour ce marcheur qui souhaitait ne pas voir dépasser les bornes… De là à se sentir quelque peu ridiculisé… En outre, il a pu juger superflues certaines fantaisies du jeune président, depuis le concert rock coloré et très débridé de la Fête de la musique de juin dernier à l’Elysée, jusqu’à sa toute récente fugue de trois heures d’affilée sur l’île Saint-Martin loin de ses gardes du corps.
Quitte à se désolidariser de ce cirque parisien fort peu à son goût d’homme d’ordre, l’ancien maire de Lyon s’est souvenu que la capitale des Gaules a grand besoin de ses services, et qu’il a donc l’ardente obligation de se préparer à entrer en campagne sur les rives du Rhône et de la Saône. Désormais, le jeune Emmanuel se retrouve orphelin, privé de ce parrain longtemps attentif, efficient et dévoué, qui s’était penché sur le berceau de sa carrière présidentielle avec une sollicitude efficace. A quel prix il lui faudra payer cette soudaine solitude, c’est ce que nous verrons bientôt.