Pourquoi un tel attachement à Marie ?
Gad Elmaleh : Il m’est difficile d’en parler, car il s’agit d’une relation tellement forte et intime que j’ai envie de rester fidèle à ce que je ressens en évitant de donner à la Vierge Marie une utilité ou une fonctionnalité. Ma relation à Marie est absolue, inconditionnelle et relève de la protection. Ma sœur se moque de moi, et dans le film et dans la vie, en disant que si j’aime Marie, c’est parce qu’elle est une femme qui ne vieillit pas et qui sourit tout le temps ! Mais je ne suis pas d’accord avec elle. J’ai eu de la chance de faire cette rencontre.
Dans le film, vous vous moquez gentiment des catholiques qui n’osent pas s’assumer…
S’assumer, c’est célébrer sa foi ou son identité sans faire du prosélytisme ou de la récupération. Cette attitude n’est d’ailleurs pas seulement bonne pour soi, mais aussi pour les autres ! Au contact de certains catholiques que j’ai eu la joie et la chance de rencontrer – comme le Père Barthélemy, qui joue dans le film –, j’ai découvert une lumière que je regrette de ne pas voir de manière plus évidente. Lors d’une projection de mon film, il y a quelques jours, un jeune catho un peu gêné m’a demandé : « Ne sommes-nous pas un peu stigmatisés ? » Et je lui réponds : « Oui, par vous-mêmes, beaucoup. Vous êtes auto-stigmatisés ! »
Retrouvez l’intégralité de l’entretien dans le magazine.
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Après trois années passées aux États-Unis, Gad Elmaleh revient à Paris, officiellement pour retrouver sa famille et ses amis. En réalité, il prépare son baptême. Depuis tout petit, il est en effet attiré par la Vierge Marie.
♥♥ Caméra à l’épaule, Gad Elmaleh fait jouer ses proches pour incarner leurs réactions face à ses interrogations spirituelles et son attirance pour le catholicisme. C’est donc un film très intimiste que l’humoriste livre aux spectateurs en privilégiant un format qui ressemble, dans la forme, au documentaire. La performance de ces acteurs « amateurs » sonne juste, certains improvisant même des répliques tout droit sorties du cœur. Tout en abordant un sujet ô combien sérieux, la conversion au catholicisme dans le milieu juif, Gad Elmaleh arrive à offrir des scènes très drôles.
♥♠ Il convient de saluer le courage de l’artiste pour sortir un tel film sur la foi, dans un univers cinématographique français très distant avec la religion quand il n’est pas insultant. Toute- fois, son itinéraire très singulier l’amène, dans cette semi-fiction, à exprimer des réticences et des doutes qui pourraient déranger le spectateur catholique.
Guillaume Jeanneret