Un jeune Rom de 16 ans, victime d’un lynchage horrible, c’est évidemment insupportable, et on ne peut qu’approuver le Président de la République et le Premier ministre d’avoir exprimé leur réprobation à l’égard d’un acte inacceptable. Notre pays ne saurait être le champ clos des règlements de compte et des expéditions vengeresses. On peut craindre, malheureusement, que ce soit le cas dans certaines zones de non-droit où sévissent les trafics, se multiplient les vols et où une population exaspérée n’en peut plus d’être cambriolée. Le jeune Darius a-t-il été victime d’une opération de représailles, puisqu’il était patent qu’il était connu des services de police pour des larcins commis en ce mois de juin ?
Tant que l’enquête n’est pas parvenue à une conclusion certaine, il est téméraire de tirer des conclusions prématurées et de stigmatiser, par exemple, le racisme prétendu des habitants de Seine-Saint-Denis. Les associations, qui s’occupent du sort des Roms, s’inquiètent de la défiance dont ils font l’objet. Mais il serait dangereux de désigner des boucs émissaires en partant d’un cas tout à fait particulier. Faut-il incriminer les pouvoirs publics dans l’incapacité d’engager une action efficace pour faciliter l’intégration de ces groupes nomades, qui vont de campement en campement, de terrains insalubres en terrains plus insalubres ? Là encore, attention à la démagogie. Tous les responsables peinent à trouver des solutions.
Nous sommes, les uns et les autres, confrontés plus ou moins à des Roms de tous âges, qui nous tendent la main et nous harcèlent dès lors que nous leur avons, une seule fois, donné quelque argent. J’observe qu’autour de moi, les citadins ne sont nullement hostiles. Ils créent même des liens quand une famille s’installe durablement dans leur ville. Je ne crois ni à l’hostilité spontanée, ni à l’indifférence. Il faut trouver en commun des solutions pour qu’on n’en arrive pas à ce qui s’est déroulé à la cité des Poètes (oh, mon Dieu !) de Pierrefitte-sur-Seine.
