Tout le monde connaît Fabrice Luchini. Mais jusqu’à ces derniers mois, il n’ y avait qu’un public fervent et restreint pour s’intéresser à Philippe Muray. Or grâce à Luchini, Muray est en passe de devenir un auteur célèbre, à mesure que le public se précipite au théâtre de l’Atelier à Paris pour écouter l’acteur interpréter des textes percutants de l’écrivain. Et ce n’est que justice. Philippe Muray, qui nous a quittés en 2006, était un des critiques les plus drôles, les plus pertinents de nos ridicules contemporains. Et ses chroniques publiées dans des revues puis réunies en volumes, font désormais partie du trésor de notre littérature. Il est à sa façon, pour notre temps, ce que Molière et Balzac furent pour le dix-septième et le dix-neuvième siècle.
L’homme était immensément cultivé, d’une indépendance farouche, et donc d’une liberté d’esprit absolue. C’est pourquoi il n’avait peur d’aucun tabou et pourfendait allègrement la bien-pensance, fut-elle revêtue du sceau redoutable de la modernité. Il faut lire notamment un de ses plus grands livres « Le dix-neuvième siècle à travers les âges » afin de se rendre compte de sa force de pénétration à comprendre une culture en ses profondeurs. Faute de pouvoir être exhaustif, je n’ajouterai qu’une précision. Muray était chrétien, catholique. Certes de façon plutôt discrète, mais résolue, très solide. Il ne supportait pas certaines attaques contre l’Eglise, le pape et la foi. Cela il faut le dire, car on l’oublie un peu trop souvent quand on parle de lui. Alors, s’il passe près de chez vous en tournée ou si vous montez à Paris, courez écouter Luchini, et surtout, en attendant, lisez Philippe Muray !
Fabrice Luchini lit Philippe Muray,
au Théâtre de l’Atelier, 1 place Charles Dullin, 75018 Paris
01 46 06 19 89 ou 01 46 06 49 24, jusqu’au 1er novembre.
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Chronique lue à Radio Notre-Dame le 27 septembre 2010