Cette année, l’Assemblée des évêques tenue à Lourdes était marquée par la prise de responsabilité d’une nouvelle équipe à sa direction, alors que l’année écoulée avait été fertile en événements où l’Église de France avait été forcément impliquée. Il semble pourtant qu’à propos des grandes manifestations qui se sont produites sous l’égide de la Manif pour tous, il y ait eu une sorte de réserve, dont les interventions de Mgr Pontier étaient témoin. Il est possible qu’il y ait différentes approches du sujet parmi les évêques. Ainsi le cardinal Barbarin déclarait que ces manifestations constituaient un point de départ, alors que d’autres préféraient que l’Église s’engage sur d’autres terrains. Il est assez significatif qu’on ait parfois voulu mettre l’accent sur le rassemblement de Diaconia qui, en se concentrant sur la solidarité avec les plus démunis, pouvait donner un visage évangélique à l’engagement chrétien, sans se laisser prendre à la logique d’un mouvement qui paraissait à certains trop exclusif.
Il est inutile de se cacher les difficultés de cette nature. La question de l’avenir de la famille est capitale car elle détermine les fondements structurels et plus encore ontologiques et moraux de la vie sociale. Mais le souci caritatif est aussi important. Il est légitime de la part de l’épiscopat de vouloir réaliser la communion de tous, dans la diversité des services et des vocations. Mais il serait dommageable à l’Église catholique de France de rester en marge d’un formidable mouvement de fond dans lequel s’est investie une grande partie des forces vives du catholicisme français. Il est d’ailleurs patent que les exigences élémentaires de la pastorale sont liées à l’évolution de la société. On s’en est aperçu notamment dans la discussion à propos de la préparation au mariage. Non seulement le nombre de mariages religieux est en baisse significative d’année en année, mais les organismes de préparation au sacrement sont confrontés à l’ignorance religieuse, à la dissociation des familles et à la rupture fréquente et renouvelée des engagements. En s’opposant fermement aux tendances lourdes qui conduisent à l’anomie et à la désagrégation des liens, l’Église prend conscience d’une charge démesurée.
L’examen du dossier sur la formation des prêtres montrait aussi comment dans une situation d’extrême pénurie de prêtres, il était crucial d’armer les candidats au sacerdoce spirituellement et intellectuellement pour une tâche qui sera plus lourde encore que pour les générations précédentes. Une convergence de vues est apparue à partir d’expériences différentes : les séminaristes qui répondent à l’appel sont tout à fait conscients de ce qui les attend et ils demandent aux responsables de prendre les décisions nécessaires pour engager l’Église entière sur la voie du courage pour la nouvelle évangélisation.
