Né en 1754 à Versailles, le roi est sincèrement croyant, marqué par son éducation religieuse et aussi par les promesses faites lors de son sacre à Reims pour la protection de l’Église catholique. Cette foi intime l’accompagne tout au long des épreuves, quand débutent les troubles révolutionnaires. Le 25 décembre 1792, alors que vient de s’achever pour lui un procès politique inédit, Louis XVI rédige son testament : l’un des plus émouvants textes de l’histoire de France, où le roi fait part de sa foi profonde et de sa confiance en Dieu.
Le matin du 21 janvier 1793, il entend son ultime messe auprès de son confesseur l’abbé Edgeworth de Firmont qui lui donne la communion pour la dernière fois. Au moment de partir pour l’échafaud, il se met à genoux devant l’abbé en lui disant : « Tout est consommé, donnez-moi votre dernière bénédiction et priez Dieu qu’il me soutienne jusqu’à la fin. »
Durant le trajet d’une heure dans le carrosse qui traverse Paris de la prison du Temple jusqu’à l’échafaud, le roi lit dans son bréviaire la prière des agonisants puis le convoi arrive sur la place où se dresse la guillotine. Louis XVI descend de la voiture : d’un ton d’autorité, il s’adresse aux bourreaux en leur demandant de veiller à ce qu’aucun mal ne soit fait à l’abbé de Firmont une fois l’exécution achevée. Le roi ôte ensuite lui-même sa cravate et le col de sa chemise. Le bourreau veut lui lier les mains mais Louis XVI refuse, indigné. L’abbé le pousse à obéir : « Sire, je ne vois dans ce dernier outrage qu’un dernier trait de ressemblance entre vous et le Dieu qui va être votre récompense.
— Il ne me faut rien moins que l’exemple de Dieu pour que je me soumette à un pareil affront, dit le roi. Faites ce que vous voudrez, je boirai le calice jusqu’à la lie. »
Louis XVI monte à l’échafaud, dont les marches deviennent les étapes du Chemin de Croix de cette France chrétienne, débutée avec le baptême de Clovis, qui trouve à ce moment-là son agonie suprême. Échappant quelques instants au bourreau, Louis XVI, victime expiatoire, adresse ses derniers mots : « Je meurs innocent de tous les crimes dont on m’accuse. Je pardonne à tous ceux qui sont coupables de ma mort. Et je prie Dieu pour que le sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France. » Alors que le roi est attaché sur la bascule, l’abbé de Firmont proclame : « Fils de Saint Louis, montez au ciel ! » Le bourreau montre la tête ensanglantée du roi. L’ambiance est à la stupeur et à la consternation, et beaucoup viennent tremper leur mouchoir dans le sang royal. Le bourreau Sanson est lui-même impressionné, il en témoigne dans son journal : « Le roi a soutenu tout cela avec un sang-froid et une fermeté qui nous a tous étonnés. Je reste très convaincu qu’il avait puisé cette fermeté dans les principes de la religion chrétienne dont personne plus que lui ne paraissait pénétré ni persuadé. » Depuis sa prison du Temple, la reine Marie-Antoinette entend les canons et comprend que Louis XVI n’est plus. Elle prend ses enfants dans ses bras puis s’incline devant son fils de 8 ans qui, selon les Lois fondamentales du royaume – « le roi est mort vive le roi » –, devient à ce moment-là Louis XVII, futur « Enfant-martyr du Temple ».
« Le second Saint Louis »
Le calvaire de la famille royale se poursuit. La reine meurt décapitée le 16 octobre 1793 en chrétienne après une parodie de procès mêlant calomnies et intimidation. Dans sa dernière lettre, rédigée à 4 h 30 du matin, Marie-Antoinette écrit : « Je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j’ai pu commettre depuis que j’existe. J’espère que, dans sa bonté, il voudra bien recevoir mes derniers vœux. » Le 10 mai 1794, c’est la pieuse et fidèle Madame Élisabeth qui est guillotinée pour le seul motif d’être la sœur du roi. Elle montre un courage extraordinaire et réconforte ceux qui meurent avec elle.
Le 21 janvier 1815, Louis XVIII, après avoir fait inhumer les corps de Louis XVI et de Marie-Antoinette à l’abbaye royale de Saint-Denis, fait bâtir une chapelle expiatoire à l’endroit où les corps de son frère et de sa belle-sœur avaient été mis en terre. La ferveur chrétienne des derniers moments du roi acquiert une telle renommée qu’au XIXe siècle un dossier de canonisation est présenté au pape en faveur de Louis XVI, surnommé le « second Saint Louis » : jusque dans la mort, le « Roi très chrétien » aura montré un attachement sans faille à la foi de ses ancêtres.