Deux textes dominent la vie et le règne de Louis XV : les derniers mots de son arrière-grand-père, Louis XIV, et son propre testament.
Jean-Baptiste Massillon, évêque de Clermont le rappelait à l’enfant Louis XV dans la chapelle des Tuileries : « On est toujours petit quand on n’est grand que par la vanité […]. Sire, regardez toujours la guerre comme le plus grand fléau dont Dieu puisse affliger un empire […]. Puissiez-vous n’effacer jamais de votre souvenir les maximes de sagesse que ce grand prince vous laissa dans ses derniers moments comme un héritage plus précieux que sa couronne ! Il vous exhorta à soulager vos peuples […]. Il vous inspira l’horreur de la guerre et vous exhorta là-dessus de ne pas suivre son exemple ; soyez un prince pacifique ; les conquêtes les plus glorieuses sont celles qui nous gagnent les cœurs. »
Économe du sang de ses soldats
Charles Gilbert, son maître en écriture, avait calligraphié et encadré au chevet de son lit ces paroles. Son ministre Choiseul et une opinion publique naissante lui reprochèrent son pacifisme qu’on retrouve dans des formules célèbres, dont ce texte à ses officiers : « N’oubliez pas, Messieurs, que le sang de vos ennemis est aussi le sang des hommes. »
Le 6 janvier 1766, de retour à Versailles, le roi rédigea son testament :
« Je remets mon âme à Dieu, mon Créateur, et le conjure d’avoir pitié d’un grand pécheur, soumis entièrement à sa sainte volonté et aux décisions de son Église catholique, apostolique et romaine. Je prie la Sainte Vierge, tous les saints, et particulièrement Saint Louis, mon aïeul et mon patron, d’intercéder pour moi près de Jésus-Christ, mon divin Sauveur et Rédempteur, pour que j’obtienne le pardon de mes péchés, l’ayant si souvent offensé et si mal servi. Je demande pardon à tous ceux que j’ai pu offenser ou scandaliser, et les prie de me pardonner et de prier Dieu pour mon âme. Je prie de tout mon cœur le Tout-Puissant d’éclairer celui de mes petits-fils qui me succédera dans le gouvernement du Royaume […] pour qu’il gouverne mieux que moi… »
Bien qu’il assistât chaque jour à la messe, son sens aigu du péché le dissuadera de communier – sauf quand, malade, il craindra pour sa vie. « Il a mieux aimé s’abstenir des sacrements que les profaner », dira le cardinal de Bernis.