Louis-Philippe : Sortir de la Révolution - France Catholique
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Louis-Philippe : Sortir de la Révolution

Sans illusion sur les hommes, il possédait l’art de gouverner. Il paracheva l’œuvre de la Restauration mais refusa de faire tirer sur les émeutiers et abdiqua.
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Louis-Philippe Ier, roi des Français, 1841, Franz Xaver Winterhalter, Versailles

Il y a un mystère Louis-Philippe. Lucide, il avait écrit : « C’était sans doute un grand problème à résoudre que celui de faire sortir des orages révolutionnaires une liberté sans licence et un pouvoir sans oppression. La France l’a résolu. Mais il ne faut pas oublier que, pour consolider et conserver ces grands avantages, il faut continuer à éteindre l’effervescence des passions, et surtout obtenir de tous les pouvoirs et toutes les autorités de l’État que chacun se meuve franchement dans le cercle de ses attributions, sans jamais chercher à s’arroger celles des autres. Les émeutes n’engendrent que la misère et le désappointement de ceux qui espèrent y trouver des moyens d’amélioration. »
Et pourtant, il dut abdiquer en février 1848, et partit en exil « pis que Charles X », selon ses propres mots.

Paix et l’équilibre en Europe

De 1830 à 1848, pendant dix-huit ans, au travers de troubles et malgré huit tentatives d’assassinat, Louis-Philippe avait réussi à maintenir la paix à l’extérieur, l’équilibre en Europe, la prospérité à l’intérieur, achever la conquête de l’Algérie et ouvrir à la France l’Afrique noire. Il avait fondé cette institution unique et spécifiquement française : la Légion étrangère. Et, s’il avait perdu son fils aîné dans un accident absurde, il lui restait quatre fils courageux et brillants et un gendre, roi des Belges, qui soutenait sa politique extérieure.

Tous les historiens s’accordent à dire qu’en 1848 il aurait pu, par une ordonnance promulguant le suffrage universel étendu à toute la population, y compris les femmes, désarmer l’opposition de gauche et se faire plébisciter, ce qui aurait désarmé son opposition de droite – légitimiste. Il ne l’a pas fait. Était-ce à cause de son âge ? Il avait 75 ans. De sa solitude due à la mort de sa sœur, qui avait été son principal conseiller ? Il lui restait cependant une épouse fidèle, qu’il écoutait beaucoup et qui était opposée à une abdication, et ses fils.

Réprimer l’émeute ?

Mais, surtout, il aurait fallu commencer par réprimer l’émeute, ce que le général Bugeaud, ministre de la Guerre, se faisait fort de faire en une journée à condition qu’il ait la liberté de tirer sur le peuple, ce que le roi ne voulut pas – même si les émeutiers n’étaient pas le peuple mais des professionnels de l’agitation qui savaient se servir du peuple.

Lorsque Louis-Philippe, dans son exil en Angleterre, aura repris ses esprits et apprendra que le gouvernement provisoire de la République a étouffé les émeutes par une répression militaire dirigée par le général Cavaignac, il dira : « Ils ont de la chance, les républicains, ils peuvent faire tirer sur le peuple, moi pas. »

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