Lincoln, un film emblématique - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Lincoln, un film emblématique

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Le très attendu Lincoln sorti mercredi 30 janvier sur les écrans français n’est certainement pas l’excellent film que laisse présager la pluie de ses nominations aux Oscars 2013. Ce n’est certainement pas non plus le meilleur Spielberg que l’on a connu plus inspiré : l’aventure et l’action conviennent incontestablement mieux à son sens de la narration et sa créativité que la grande histoire, surtout quand il s’agit de relater une bataille parlementaire, si passionnée soit-elle. Non décidément, l’intérêt de ce Lincoln ne se trouve pas dans ses très minces qualités cinématographiques, même si Daniel Day Lewis campe un Lincoln époustouflant d’humanité et de réalisme. Le film traite en 2H30 des derniers mois de la vie du Président américain, et c’est déjà trop long ; heureusement, les scènes de la vie politique alternent avec celles de la vie de famille d’un Lincoln vieillissant, et allègent ce gros pensum. L’intérêt véritable du film est dans ce qu’il révèle de la façon dont les Américains appréhendent leur histoire. Quelques mois avant d’être assassiné, Lincoln entreprit de faire adopter par le congrès le treizième amendement qui abolissait l’esclavage, au risque de faire capoter les pourparlers de paix mettant fin à la guerre de secession. Un pari risqué pour celui qui tient à réconcilier un pays déchiré et qui peine à convaincre ses collaborateurs les plus proches. Ce n’est donc pas une des pages les plus glorieuses de l’histoire des Etats-Unis, qu’a choisi de conter Spielberg ; d’autant qu’elle se termina, comme on sait par l’assassinat de Lincoln. Et pourtant, Spielberg le fait sans à priori sur les partisans ou les adversaires de ce 13ème amendement. On y apprend d’ailleurs, au passage, que les Démocrates, qui passent pour proches de notre gauche française, étaient alors de fervents partisans de l’esclavage. Les Etats-Unis ont connu, comme le rappelle ce film, la plus cruelle des épreuves pour une nation, la guerre civile. Mais ils ont réussi à se réconcilier entre eux et avec leur histoire. C’est ce qui explique les louanges unanimes outre atlantique recueillies par ce film pourtant médiocre : pour eux, la page est tournée et bien tournée : les Américains, non seulement assument leur histoire, mais ils en sont fiers. Une réaction qui nous est à nous Français , totalement étrangère ; exemple, alors qu’à peine la guerre du Vietnam terminée, les cinéastes américains s’emparaient du sujet, en France, le cinquantième anniversaire des accords d’Evian a révélé que les fractures d’alors étaient toujours à vif et qu’un débat serein sur la période coloniale française était impossible. De même, nous sommes toujours en capacité de nous écharper sur la Révolution ou encore sur la seconde guerre mondiale, où chacun s’agrippe à une grille de lecture particulière, sans faire l’effort élémentaire de replacer les évènements dans leur contexte. Tant que nous ne serons pas réconciliés avec notre histoire mouvementée, nous ne pourrons pas comprendre et connaitre cet amour de la patrie que partagent tous les américains aux origines les plus disparates, et qui cimente l’unité de toute nation.

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=61505.html