C’est Le Figaro d’hier qui donnait l’alarme avec un titre de première page : « Les Églises chrétiennes inquiètes pour leur liberté ». En effet, les représentants en France des Églises catholique, orthodoxes et protestantes viennent de publier un texte commun, pour s’inquiéter vivement de certaines des dispositions contenues dans la loi « confortant le respect des principes de la République ». À l’origine il y avait la volonté de construire une loi visant spécifiquement le séparatisme islamiste, contre lequel Emmanuel Macron avait prononcé un discours vigoureux aux Mureaux, le 2 octobre de l’an dernier. Le président dénonçait « un projet conscient, théorisé, politico-religieux qui se traduit souvent par la constitution d’une contre-société ». Ce projet comportait un véritable endoctrinement qui s’en prenait aux principes essentiels de la République.
Pourquoi est-on passé de la lutte contre le séparatisme à une loi qui remet en cause les relations des religions avec l’État, telles qu’elles s’étaient forgées dans la suite de la loi fondatrice de 1905 ? Ce sont, en effet, toutes les religions qui sont dans le collimateur du législateur. Et l’inquiétude est profonde du côté des responsables des Églises chrétiennes, qui vont jusqu’à dénoncer une atteinte aux libertés fondamentales que sont « la liberté de culte, d’association, d’enseignement et même à la liberté d’opinion malmenée déjà par une police de la pensée qui s’installe dans l’espace commun ». Police de la pensée ? Les termes sont forts et significatifs d’un changement d’orientation fondamentale. La loi de séparation avait au moins cet avantage de reconnaître la pleine autonomie de l’espace religieux, où l’État n’avait plus rien à faire. Reviendrait-on à un contrôle de type concordataire ? L’enjeu est trop grave pour ne pas alerter tous ceux qui sont attachés à la liberté de conscience et à la liberté religieuse.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 11 mars 2021.