Liberté d’expression : pas de limite contre l’Église ? - France Catholique
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Liberté d’expression : pas de limite contre l’Église ?

Les outrages au christianisme sont de moins en moins sanctionnés en Europe. Comme si la liberté d’expression autorisait désormais les profanations.
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Salle d'audience de la Cour européenne des droits de l'homme à Strasbourg.

Salle d'audience de la Cour européenne des droits de l'homme à Strasbourg.

© Adrian Grycuk / CC by-sa

Le 30 novembre, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a rejeté la requête d’une association d’avocats chrétiens contre les autorités espagnoles, accusées de ne pas avoir appliqué les dispositions pénales sanctionnant l’offense faite aux religions. La CEDH estime que les requérants n’ont pas épuisé les voies de recours en droit interne, notamment sur le plan administratif.

242 hosties profanées

L’affaire remonte à 2015. Un « artiste » avait posé nu dans une église de Pampelune à côté du mot « pédophilie », écrit au sol au moyen de 242 hosties consacrées que l’auteur avait lui-même dérobées et profanées, une par une, en faisant semblant de communier au cours de l’Eucharistie. Les photos de cet artiste avaient ensuite été exposées dans cette église désaffectée, avec le soutien de la municipalité de Pampelune qui avait financé l’exposition.

Les autorités espagnoles, fruit d’une coalition de gauche anticléricale, ont toujours refusé de faire appliquer, dans ce domaine, le code pénal. Le droit sanctionne pourtant les actes qui « offensent les sentiments d’une confession religieuse légalement protégée dans une église ou un lieu de culte, ou une cérémonie religieuse ». Des dispositions appropriées dans cette affaire : « l’artiste » a reconnu avoir volontairement utilisé des hosties consacrées afin de créer un scandale. « Si je n’avais pas utilisé des hosties consacrées, les croyants ne seraient pas descendus dans la rue pour protester, et la performance n’aurait pas été complète », a-t-il déclaré.

Tout donne l’impression qu’au nom de la liberté d’expression, on est prêt à autoriser les pires profanations alors que le respect des croyances religieuses est une composante de la liberté de culte reconnue tant par le droit espagnol que par le droit européen. En fait, au nom de « l’esprit Charlie » – revendiqué à l’encontre du christianisme mais de plus en plus rarement par l’extrême gauche s’agissant de l’islam –, on fait de la liberté d’expression un nouveau dogme qui autorise tous les outrages.

L’État, nouvelle idole ?

Tout se passe comme si le sacré s’était déplacé de la sphère religieuse vers la sphère civile avec la sécularisation des sociétés occidentales. Comme le souligne le théologien américain William Cavanaugh, « le sacré a progressivement migré de l’Église vers l’État. L’État moderne s’est constitué contre l’Église en absorbant ses prérogatives. Au fil des siècles, l’État s’est retrouvé toujours plus investi d’une dimension sacrée […] tandis que la religion a été progressivement reléguée vers l’espace intime, devenant de plus en plus inoffensive et insignifiante ».

Or, l’art contemporain n’est pas une idole légitimant les pires profanations. Il ne peut s’exonérer de sa responsabilité sur le plan moral, social et religieux.