Libérés par le Christ - France Catholique
Edit Template
La Tunique de la Passion
Edit Template

Libérés par le Christ

Copier le lien

Il me semble que l’on est toujours déconcerté par certaines expressions de saint Paul : si ramassées, si denses, usant de vocables qui, parfois, nécessiteraient quelques développements. C’est ainsi que ce matin, lisant un extrait de son « Épitre aux Galates », j’ai été interrogé par son début : « Frères, écrit-il, c’est afin de nous rendre libres que Jésus le Christ nous a libérés. Alors tenez bon, ne vous mettez pas à nouveau sous le joug de l’esclavage (V, I-13). » Mais que sont cette liberté, cette libération, cet esclavage ?

J’entends, sur ces notions, réfléchir plutôt en divagant qu’en usant du strict raisonnement : tout en étant bien certain en effet que nous avons été, du haut de la Croix de Jésus, « libérés » d’une dictature qui commença à l’heure même où fut écoutée et suivie la suggestion du Serpent au pied de l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal ; en ces lieux là, précisément, d’abord l’Arbre pour la Chute, puis la Croix, autrement dit l’Arbre de Vie, pour le Pardon !
Les temps que nous vivons s’interrogent sur la liberté et l’esclavage, à la fois comme et tout autrement que saint Paul, mais surtout bien autrement que le Seigneur. Il est entendu que le plus grand nombre de nos frères humains n’ont jamais lu ce verset paulinien, pas davantage les « Écritures », jamais enseignées par l’École de la République alors qu’elles sont la matrice de notre civilisation en duo avec les lettres et les arts de la Grèce antique 1

Pour nos Français, (je me limite dans l’espace et le temps), le mot « liberté » relève plutôt de la Révolution telle que la comprend Monsieur Mélanchon, frangin de Robespierre, que des Évangiles… Grand écart dont il faut saisir la nécessité. Quant au propos tenu par saint Paul sur l’« esclavage » il ne concerne pas l’odieux phénomène que retient l’Histoire et qui fut pratiqué par tous les peuples de l’Antiquité, par tous les musulmans dès leur apparition au VIIe siècle, par nombre, hélas, de chrétiens sincères comme de faux jusqu’en plein dix-neuvième siècle… Peut-être encore aujourd’hui…

La « Liberté » est le premier mot inscrit sur le fronton de nos mairies : mais il fut, ce mot, reconnu dès leur baptême par tous les « amis » du Christ. Le signe le plus probant de cette liberté venue du Ciel serait donc ce peu d’eau versée sur la tête ? Mais les apôtres, qui ont obéi sans hésiter à l’appel de Jésus alors qu’Il ne leur était pas connu, étaient eux-aussi capables de refuser, tout de suite ou plus tard, ou de prendre le temps de la réflexion comme de se présenter au Seigneur un peu plus tard… Leur accord donné à Jésus ressemble d’ailleurs à une « libération » progressive, non vraiment semblable à celle que vécut la France en 1945, quoique…

Feuilleter les notes que consacre à ces mots le Grand Robert serait un exercice des plus agréable en même temps que fort long à désosser : trois grandes pages de citations ouvrant sur diverses formules élargissant merveilleusement le champ de la liberté comme aussi bien le restreignant : c’est ce dernier participe présent qui me paraît la bonne voie.

Qu’est-ce qui m’intéresse dans l’expression de saint Paul ? Rien d’autre que ce qui doit être entendu par quiconque médite cette phrase : en Jésus, nous savons parfaitement que chacun des termes majeurs qu’Il emploie doivent être compris dans la totalité de leurs significations. Nous sommes en face d’un être infini dont la liberté personnelle et absolue a été et demeure totalement mise au service de son Père, lui-même infini et qui, par l’acte éternel que fut, qu’est et demeurera l’engendrement de son Fils, a dû, librement, abdiquer sans hésitation sa propre liberté, condition première justifiant le surgissement en éternité de ce Fils admirable dont le Coran refuse qu’Il soit sous prétexte que « Dieu (serait) trop grand pour avoir un enfant »…

Jamais on n’aura supprimé à tel point la liberté du Créateur : car enfin, s’il est trop grand pour avoir « engendré mais non créé », cela signifierait ipso facto qu’Il reste aussi bien trop grand pour s’occuper de cailloux, d’herbes diverses, de montagnes et de mers, de poissons et de vaches sans conscience, enfin d’hommes, tous bien plus « petits » que cet enfant, le Verbe éternel soi-même…

Dominique DAGUET

(La suite pour demain)

  1. Est-ce pour cela que l’on vient de diminuer une fois de plus l’enseignement du grec ?