« Libération » en danger - France Catholique
Edit Template
100 ans. Donner des racines au futur
Edit Template

« Libération » en danger

Copier le lien

Libération est en danger. Oui, le quotidien qualifié souvent et à juste titre, de libéral-libertaire. Sa rédaction est en pleine révolte contre ses actionnaires qui ont décidé une mutation radicale qui trahirait tout simplement leur vocation de journalistes : « Nous sommes un journal » ont-ils répliqué sur le mode d’un manifeste à la une, où s’exprimait leur colère. Depuis, Nicolas Demorand, le directeur de la publication a démissionné, après plusieurs mois de conflit ouvert avec l’ensemble du personnel de Libé. Il est difficile de prévoir quel sera le débouché de cette crise qui pourrait être fatale pour un titre qui porta bien des espoirs, fut emblématique de bien des choix de société.

Faut-il voir dans ce déclin indéniable le résultat de l’évolution globale de la presse écrite, fragilisée par la concurrence du numérique, dépendante d’un actionnariat dont les capitaux sont étrangers à son activité ? Sans nul doute. Mais le cas Libération oblige aussi à se poser la question d’une certaine culture en prise avec ce qu’on appelle aujourd’hui les réformes sociétales. Ma génération a suivi de près les mutations d’un journal, qui, à l’origine était l’expression d’une extrême-gauche ultra-révolutionnaire, qui se réclamait du patronage de Jean-Paul Sartre, mais aussi de mon ami Maurice Clavel. Avec les années 80, c’est l’adieu définitif au grand timonier Mao Tse-tung et à l’utopie du grand soir. Du style populiste on passe à un style branché qui correspond à une posture libérale en économie et libertaire pour les mœurs.

Il semblerait qu’aujourd’hui une telle posture soit toujours en phase avec cette partie de l’opinion qui approuve, par exemple, le mariage gay. Il est vrai que Le Monde est désormais exactement sur la même ligne et que l’originalité de Libé n’est plus si évidente. Pour ma part, je ne me réjouirai pas de la disparition d’un confrère, si contraire me soit-il par son inspiration. Je reste irréductiblement attaché à l’exigence d’un vrai combat des idées.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 17 février 2014.