Lettre à mon ami Jacques Julliard - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Lettre à mon ami Jacques Julliard

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Mon cher jacques, nous avons déjà longuement parlé en­semble de la crise qui secoue l’opinion à propos de l’Église et dont les effets sont profonds. Vous vous êtes d’ailleurs fait l’interprète de l’émotion publique dans vos éditoriaux du Nouvel Observateur. Le dernier d’entre eux, que j’ai lu et relu, m’a incité à reprendre notre controverse ouvertement, tant il me paraît de salut public de discuter franchement et avec la plus grande rigueur des sujets qui troublent au point d’ébranler la confiance de certains dans l’Église catholique. Je reviendrai rapidement sur la lamentable affaire Williamson, pour m’étonner que des médias n’aient pas compris sur le champ que Benoît XVI n’avait jamais eu l’intention de « réintégrer un négationniste ». Donner à penser le contraire était une ignominie. D’ailleurs la communauté juive, après un premier moment de flottement, n’a pas été dupe de la manipulation, et l’État d’Israël s’apprête à recevoir Benoît XVI avec une grande satisfaction. Je ne reviens sur l’éprouvante affaire du Brésil, que pour mentionner la mise au point du porte-parole officiel du Pape, le Père Lombardi qui a, enfin, livré le jugement que l’on attendait en rappelant simplement la compassion maternelle et évangélique de l’Église pour une petite fille que le Christ aurait consolé dans sa détresse.

Oui, il est vrai que dans les deux cas, et même dans un troisième qui concerne la question du sida, la communication du Vatican a cafouillé et qu’il est grand temps qu’à Rome on reprenne les choses en main. Cela n’excuse pas pour autant la hargne des médias beaucoup plus préoccupés de salir le Pape que d’informer sérieusement. Mais j’espère, comme vous que, selon le proverbe, « Le diable porte pierre » et que tout cela débouchera sur des clarifications et des approfondissements. Car le déchaînement médiatique cache trop souvent la véritable nature des enjeux et notre vocation, à nous, est de les rappeler sans relâche. Ainsi, à propos de la défense de la vie et des fondements de la bioéthique. Là-dessus, je dois vous signifier un désaccord radical. Comment pouvez-vous incriminer un prétendu  « vitalisme » de l’Église qui la conduirait dans une attitude de refus à l’égard des progrès scientifiques?

L’´Église n’est pas vitaliste, elle est personnaliste, et défend la dignité de la personne contre vents et marées. C’est ce qu’a compris le grand philosophe et compatriote de Benoît XVI qu’est Jürgen Habermas. Un des enjeux majeurs actuels, c’est que la science médicale ne cherche plus à guérir les malades. Elle fait du tri génétique, sélectionne impitoyablement les embryons non conformes, selon des critères d’éradication qui rendront bientôt improbable l’existence des personnes trisomiques. Un Jacques Testart l’avait prévu de longue date. Comment ne voyez-vous pas que l’Église se bat contre la barbarie, au seul service de la dignité humaine ? Et c’est sans doute pour cela qu’on la déteste autant.

Cordialement.

Gérard LECLERC


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