Depuis que quelques-uns d’entre eux ont décidé à la fin du mois dernier qu’on était le 34 mars, les représentants les plus remuants du mouvement « Nuit debout » ont pris la fâcheuse habitude de dépasser les bornes. Si certains parlent toujours de dialogue Place de la République au fil de débats souvent oniriques, d’autres ont en revanche une conception singulièrement unilatérale de la discussion : le philosophe académicien Alain Finkielkraut a pu le constater, en se voyant chasser de l’endroit comme un indésirable, d’une manière bien peu académique, par des « Jeunes communistes » ou prétendus tels, se vantant de leur exploit comme d’un haut fait…
Issu des manifestations d’opposition à la loi El Khomri sur le travail, « Nuit debout » a été de plus en plus l’occasion d’affrontements de groupes violents avec la police et a régulièrement provoqué de multiples dégâts aux abords immédiats de ses lieux de rassemblement, à Paris comme en province.
Alors qu’il s’était montré particulièrement brutal avec les manifestants pacifiques pro-famille de la « Manifpourtous » et avec les « Veilleurs » non-violents, le gouvernement de l’Etat-PS semble devenu soudain particulièrement hésitant devant cette brusque flambée de violence qui semble annoncer un printemps difficile.
Mais plus généralement, c’est l’ensemble des partis politiques classiques qui, déjà peu en phase avec les nouvelles formes d’expression des opinions dans la rue manifestées dans le mouvement de la Manif pour tous de 2013, paraît désarçonné devant le phénomène de la « Nuit debout » : outre sa dimension violente, c’est son caractère insaisissable, irrationnel et quelque peu désespéré qui inquiète les représentants de la classe politique. Comme si, absorbée jusqu’à l’excès- parfois jusqu’à l’indécence – par les jeux des rivalités et des ambitions personnelles préalables à la campagne présidentielle, celle- ci sentait confusément que la jeunesse et des fractions entières de la population n’attendent plus rien d’elle…, ou si peu…
Et si bientôt, d’une part les « Veilleurs » de la Culture de Vie, et d’autre part les contestataires de la « Nuit debout », malgré leurs excès, rappelaient cette classe politique à une conscience plus juste du bien commun et de l’intérêt général ? Mais penser cela, serait-ce rêver, qu’on soit debout ou assis ?