Depuis le Bon Larron, à qui le Christ affirma malgré ses crimes qu’il serait avec Lui en paradis, il y a toujours eu des voleurs de ciel. Juste avant la mort, ceux-ci, tels l’empereur Constantin baptisé sur son lit de mort, tels le triple meurtrier Pranzini en 1887 embrassant le crucifix avant d’être guillotiné – par l’intercession de Thérèse de Lisieux –, se débarrassent de leur inconduite pour choisir le Ciel. Et prennent la voie la plus sûre pour s’y rendre : le repentir et la confiance en un Dieu d’amour et miséricordieux. C’est dire l’enjeu de ces derniers instants avant la mort, que les partisans de l’euthanasie voudraient abréger par leur nouvelle offensive de ces derniers mois. Pour non plus « voler » l’accès au Ciel, mais en barrer la route… Voler les voleurs en quelque sorte.
Assaut législatif
Après l’Espagne et le Portugal, c’est maintenant au tour de la France de subir cet assaut législatif : le 7 mai dernier, plus de 300 députés ont demandé à Jean Castex la poursuite du débat, après le semi-échec d’une proposition de loi en avril dernier.
En pleine crise sanitaire, où tout est fait pour préserver la vie des personnes âgées, un tel acharnement laisse soupçonner que l’enjeu est colossal. Sous couvert d’une fausse compassion – « humaniser l’agonie des mourants » face à la souffrance –, il s’agit en réalité de s’octroyer droit de vie et de mort sur autrui, ce dernier l’eût-il accepté dans un moment de faiblesse. Et de se hausser ainsi à la place de Dieu. Orgueil prométhéen, et choix destructeur qui s’apparente à celui des anges qui ont refusé la dépendance du Créateur.
Certes, depuis 2016, le ver est dans le fruit : la loi Leonetti-Claeys a introduit une brèche par l’introduction d’une sédation « profonde et continue », propice à des interprétations contraires au respect de la vie jusqu’à son terme. Mais il n’est pas trop tard : c’est pourquoi les chrétiens doivent se lancer héroïquement dans cette bataille spirituelle, armés de leur espérance que la mort n’est pas la fin de tout.
Depuis les origines, l’Église s’est toujours préoccupée de soulager la souffrance des mourants. Aujourd’hui encore, des religieuses comme les Petites Sœurs des pauvres ou les Augustines de la Miséricorde (Malestroit) déploient des trésors de charité et d’inventivité, pour permettre aux personnes en fin de vie de partir dans les meilleures conditions, en ayant transmis ce qui devait l’être, en termes affectifs notamment.
Mais en notre temps où la technique médicale et la réanimation rendent les situations complexes – si l’on ne veut pas tomber dans l’acharnement thérapeutique –, ce combat, l’apostolat des mourants, est sans doute encore plus déterminant pour le salut des âmes de nos frères et parents.
C’est aussi, soulignons-le, l’occasion de réconcilier les Français avec eux-mêmes, avec la foi de leur enfance, comme le disait Bernanos : « Le péché nous fait vivre à la surface de nous-mêmes, et nous ne rentrons en nous que pour mourir, et c’est là qu’il (Dieu) nous attend. »