Les vœux du Père Georges Colomb - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Les vœux du Père Georges Colomb

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Chers confrères,

Chers séminaristes et volontaires M.E.P.

Chers Amis, comme beaucoup d’entre vous, j’ai vu le film très émouvant de Xavier Beauvois, Des hommes et des dieux, qui relate les dernières années de la communauté des moines de Tibhirine. Ils étaient confrontés à un choix radical : demeurer ou non parmi leur peuple d’élection en terre d’Algérie lacérée par la violence terroriste – sachant bien entendu que s’ils faisaient le choix de demeurer, la mort les rattraperait tôt ou tard. La suite tragique et glorieuse, nous la connaissons tous, puisqu’il y a seulement quatorze ans que ces sept moines trappistes ont rendu à l’Amour du Christ le témoignage suprême. Ceci nous rappelle le massacre de trente-trois moines trappistes par les troupes communistes à Yangjiaping en 1947 en Chine.

Le Cardinal André Vingt-Trois en ouvrant les travaux de la Conférence Episcopale à Lourdes en novembre dernier a mis ce film en parallèle avec un film d’un autre genre « le grand silence » qui nous a donné d’entrer un peu dans le mystère de la Grande Chartreuse et qui a attiré des foules de personnes qui, pour la plupart, ont bien peu de liens avec l’Eglise catholique. Certains d’entre nous, en voyant tous ces hommes et ces femmes qui se pressaient pour voir ces films, ont pu se dire : « Mais, c’est beaucoup trop dur ! C’est une image beaucoup trop forte et trop exigeante de la foi chrétienne que nous leur donnons à voir ! ». Or, c’est évidemment dans cette présentation de l’aventure chrétienne dans ce qu’elle a de plus radical et de plus fidèle au Christ que se trouve le secret de l’attrait exercé par ces œuvres sur ces innombrables spectateurs. En effet, il leur est donné de voir ici – sans discours, sans commentaires – le christianisme dans sa vérité, la plus pure oserai-je dire. Comment une telle vérité ne fascinerait-elle pas ?

N’est–ce pas ce radicalisme évangélique demandé aux missionnaires qui interroge les jeunes Français qui nous rejoignent et qui se préparent au séminaire à devenir missionnaires M.E.P. ? Le Vénérable Pape Jean-Paul II s’est exprimé sur la vérité dont témoignent les martyrs dans l’encyclique Fides et ratio :

Le martyr, en réalité, est le témoin le plus vrai de la vérité de l’existence. Il sait qu’il a trouvé dans la rencontre avec Jésus Christ la vérité sur sa vie, et rien ni personne ne pourra jamais lui arracher cette certitude. Ni la souffrance ni la mort violente ne pourront le faire revenir sur l’adhésion à la vérité qu’il a découverte dans la rencontre avec le Christ. Voilà pourquoi jusqu’à ce jour le témoignage des martyrs fascine, suscite l’approbation, rencontre l’écoute et est suivi. C’est la raison pour laquelle on se fie à leur parole ; on découvre en eux l’évidence d’un amour qui n’a pas besoin de longues argumentations pour être convaincant, du moment qu’il parle à chacun de ce que, au plus profond de lui-même, il perçoit déjà comme vrai et qu’il recherche depuis longtemps. En somme, le martyr suscite en nous une profonde confiance, parce qu’il dit ce que nous sentons déjà et qu’il rend évident ce que nous voudrions nous aussi trouver la force d’exprimer.1

Cette vérité, si éloquente dans l’aventure des moines de Tibhirine, prend la forme du don de soi. L’un des moments que j’ai trouvés les plus poignants de ce film est le moment où le frère Christophe reçoit la parole décisive qui le convainc de demeurer sur place jusqu’au bout. Depuis des jours, en effet, il était confronté à un violent combat intérieur – jusqu’à en perdre le sommeil. Il passait des nuits d’angoisse, quand tout à coup, d’une façon très simple, un de ses frères lui dit : « Mais pourquoi te demandes-tu si tu dois donner ta vie ? Ta vie, tu l’as déjà donnée en entrant au monastère ».

Leurs vies étaient déjà données : non seulement par les vœux qu’ils avaient faits mais aussi par la fidélité à leur devoir d’état dans la vie communautaire et le partage des tâches quotidiennes. Portés fraternellement les uns par les autres, et surtout « par la puissance de Dieu qui se déploie dans la faiblesse »2, ils ont pu offrir totalement leur vie – et non se la faire enlever – à l’image du Seigneur qui nous a dit : « Ma vie, nul ne la prend mais c’est moi qui la donne » (Jn 10, 18).

***

Si au début de cette traditionnelle lettre de voeux, j’ai voulu revenir sur ce film qui, j’espère pourra parvenir bientôt en Asie, d’une façon ou d’une autre, c’est parce que l’aventure des moines de Tibhirine, qui nous sont contemporains, nous ramène à l’aventure de la Société des Missions Etrangères qui se poursuit depuis plus de 350 ans, et au destin des Eglises d’Asie que nous avons le privilège de servir.

Tous ceux qui visitent la Salle des Martyrs à la rue du Bac sont interpellés au plus profond d’eux-mêmes par ce témoignage que nos confrères unis à leurs chrétientés ont rendu au Christ. Il n’est qu’à voir la longue liste des confrères martyrs pour se rendre compte que l’idéal du martyre est le don de soi jusqu’à la fin (Jn 13, 1). A ce don suprême, il faudrait aussi ajouter tous ces dons de soi silencieux et fidèles qui ont tissé la vie des quelque 4300 missionnaires que l’Eglise par notre Société, a envoyés en Asie et dans l’océan Indien pour annoncer le Seigneur Crucifié et Ressuscité.

Telle est la beauté de notre Société : elle s’inscrit dans l’oblation de toute l’Eglise. Et c’est pour cela que nous sommes fiers d’elle. Bien sûr, cette fierté, nous la vivons aussi dans l’humilité car, comme je le rappelais dans l’exhortation finale de notre Assemblée Générale en juillet, nous connaissons toutes nos misères, toutes nos lâchetés et combien si souvent nous avons voulu reprendre ce que nous avons donné au Seigneur et aux peuples auxquels il nous a consacrés. Pour autant, si toutes ces ombres et tous ces péchés ne viennent que de nous, toute cette lumière et toute cette vérité du don viennent, elles, du Seigneur qui nous a donné la force et le courage de vivre ainsi. C’est pourquoi nous pouvons être fiers de toute cette histoire puisque son véritable auteur – à travers toutes nos fragilités – c’est le Seigneur lui-même.

L’histoire de ce don, qui résume si bien notre Société, est indissociable de l’histoire de toutes les Eglises d’Asie. Je ne la rappellerai pas ici mais je voudrais juste dire que ce don et ces souffrances n’appartiennent pas seulement au passé. Combien de chrétiens souffrent aujourd’hui même et sont persécutés à cause de leur foi ? Pensons au Pakistan, à l’Indonésie, à la Corée du Nord, à nos frères chrétiens d’Irak ! Nous pourrions citer de nombreux pays d’Asie ! Tant de visages seraient à montrer pour qu’aucun ne soit oublié, moi-même, je n’oublierai jamais ces évêques, ces prêtres, ces religieuses, ces nombreux chrétiens de Chine qui, durant des années, se sont cachés et ont passé une grande partie de leur existence en prison par fidélité à leur foi, à Rome. Certains souffrent aujourd’hui et ont le sentiment d’être incompris et abandonnés ! Je pense aussi à telle ou telle personne, qui ne connaissait pas le nom de Jésus, mais vivait mystérieusement de sa vérité tant elle était admirable dans le don d’elle-même. En faisant ainsi mémoire de ces frères aînés dans la foi, nous mesurons la dette que nous avons envers eux. Ces amis du Christ « je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle mes amis » nous ont appris concrètement à nous donner. Ils sont pour nous des exemples.

A la fin d’une année marquée par de nombreuses catastrophes naturelles et humaines qui n’ont pas épargné les régions où nous travaillons, n’oublions pas ceux qui continuent d’en pâtir. Pour eux et pour ceux qui sont affrontés à la souffrance, l’Eglise doit refléter en actes la charité du Christ et apporter des raisons d’espérer encore.

Chers confrères, je sais le don que vous faites de vous-mêmes chaque jour : depuis vos premières années de mission passées dans l’aridité de l’apprentissage des langues jusqu’à aujourd’hui où vous êtes toujours fidèles à la mission que vous avez reçue. Je sais combien vous vous donnez à toutes les communautés chrétiennes dont vous êtes les pasteurs et aussi à toutes ces personnes qui ne sont pas chrétiennes et auprès desquelles vous apportez un témoignage si éloquent du Christ. Je sais aussi le don que vous faites de vous-mêmes au Seigneur et au monde entier dans la prière fidèle et dans l’offrande quotidienne de l’eucharistie – je pense en particulier ici à nos confrères âgés qui, par leurs prières et leurs souffrances, continuent leur vie missionnaire et qui sont chaque jour en communion avec les peuples qu’ils ont servis.

Pour tous ces dons, je veux vous dire à nouveau merci en ce début d’année. Merci parce que, dans cette offrande de vous-mêmes, vous éveillez le désir des jeunes de se donner. Merci aussi, d’une façon plus personnelle parce que vous m’aidez ainsi à me donner dans cette charge de supérieur général qui est aujourd’hui la mienne.

C’est justement au nom de cette charge que je voudrais vous encourager à vous donner toujours davantage. Allez de l’avant avec un enthousiasme renouvelé ! Continuez ainsi à être fidèles à l’histoire de don qu’a été la vie missionnaire de tous ceux qui nous ont précédés ! Faites fructifier cet héritage ! Ne laissez rien perdre ! Donnez-vous toujours davantage !

Nous savons tous qu’un jour nous quitterons cette terre mais, à l’heure de notre mort, quelle aura été notre vie ? Serons-nous comme ces fruits qui n’ont jamais grandi et qui se sont desséchés trop vite ? Ou serons-nous comme ces fruits qui, gorgés de soleil, tombent d’eux-mêmes ? Je prie pour que nous soyons des personnes qui meurent sans crainte parce qu’ayant déjà tout donné, la mort n’aura plus rien à leur ravir !

***

« Mais pourquoi te demandes-tu si tu dois donner ta vie ? Ta vie, tu l’as déjà donnée en entrant au monastère ».

Cette réponse faite à frère Christophe, je voudrais aussi vous l’offrir en présent d’ordination chers Etienne, Guillaume, Philippe qui deviendrez prêtres le 8 janvier prochain à 15 H à Notre-Dame de Paris au même moment où, à vos côtés, Donatien, Emmanuel et Guillaume deviendront diacres et recevront leur destination à un pays de mission ad vitam. Je n’oublie pas non plus Damien qui deviendra prêtre au cours de cette année 2011 si Dieu le veut.

Mes chers jeunes amis, dans le sacrement de l’ordre, le Christ va se donner à vous, et à travers vous à toute l’Eglise. Devant tant de grâces, vous n’aurez pas d’autre réponse que de vous donner entièrement. Cela est d’ailleurs clairement signifié dans ces paroles du rituel d’ordination diaconale : « Vous êtes prêts à vous engager au célibat. Voulez-vous, pour signifier le don de vous-mêmes au Christ Seigneur, garder toujours cet engagement à cause du Royaume des cieux, en vous mettant au service de Dieu et de votre prochain ? ». D’une façon sublime le rituel de l’ordination sacerdotale le redit au moment de la remise du calice et de la patène : « Recevez l’offrande du peuple saint pour la présenter à Dieu. Ayez conscience de ce que vous ferez, imitez dans votre vie ce que vous accomplirez par ces rites et conformez-vous au mystère de la Croix du Seigneur ».

Si, un jour, au cours de votre vie missionnaire, votre barque est violemment secouée et que vous êtes pris de découragement au point de douter de votre engagement ou d’hésiter à aller toujours plus loin, rappelez-vous alors qu’un jour vous avez donné sans retour votre vie. Afin que vous ne l’oubliiez jamais, dans sa miséricorde, le Seigneur vous le rappellera chaque jour quand, à l’autel, vous ferez mémoire de son sacrifice en redisant avec lui « Ceci est mon corps livré pour vous… Ceci est mon sang versé pour vous » et, même si vous êtes épuisés, l’Esprit vous donnera la force de suivre Jésus dans le don de votre vie.

Chers futurs diacres et prêtres, le jour de votre ordination, nous nous tiendrons à vos côtés, physiquement et spirituellement, en présence de vos familles que nous ne saurions trop remercier pour ce qu’elles vous ont donné et qui participent admirablement à ce don de vous-même, en présence des séminaristes pour lesquels vous serez comme des premiers de cordée, en présence de tant de jeunes qui durant ce moment sacré entendront sûrement le Seigneur les appeler à donner leur vie dans la mission, dans le sacerdoce, dans la vie monastique ou dans ce chemin de don tout aussi exigeant qu’est le mariage chrétien. Vous serez aussi accompagnés par la prière des confrères M.E.P. qui vous attendent en Asie et dans l’océan Indien ainsi que par la prière des nombreux évêques qui vous attendent en mission, celle des évêques de vos diocèses d’origine et celle des nombreux fidèles qui, en France, vous ont accueillis et accompagnés dans les paroisses, les aumôneries, les groupes de scouts et les divers mouvements de notre Eglise.

Nous voulons vous remercier de vous donner ainsi au Seigneur, à son Eglise et à tous ces peuples d’Asie et de l’océan Indien auxquels vous êtes consacrés de façon particulière. Nous voulons vous remercier pour la fraîcheur et la beauté de votre don qui ravive en nous l’enthousiasme de nous donner au quotidien dans nos missions respectives.

***

Chers confrères et chers amis, en vous écrivant ces lignes et en méditant avec vous sur le don de nos vies, j’expose aussi toute ma vie à ces paroles que je vous livre. Vous le savez, je suis au sein de la Société, depuis le 9 juillet dernier, à la place du serviteur où m’ont élu mes confrères, guidés par l’Esprit-Saint, lors de l’Assemblée Générale que nous avons vécue.

Celle-ci n’a pas généré de grands concepts, mais elle a fait apparaître l’esprit qui anime aujourd’hui la Société, esprit qui allie le réalisme face à la diminution de nos forces et la confiance en la Providence. Il s’agit, en adaptant nos pratiques et nos structures aux réalités actuelles, de vivre résolument notre ministère avec les Eglises locales et leurs presbyteriums, sans nous laisser paralyser par la peur. Nous ne pouvons plus envoyer autant de missionnaires qu’autrefois, mais comme l’écrivait Saint Paul aux Corinthiens (2 Co 8, 12) « quand l’intention est vraiment bonne, on est bien reçu avec ce que l’on a, peu importe ce que l’on n’a pas ! ».

J’ai eu le privilège de vivre en Chine durant une dizaine d’années, je suis revenu en France à l’appel de la Société. Le Père Etcharren, auquel j’ai l’honneur de succéder, m’a confié pendant deux mandats successifs d’assistant et de vicaire général la pastorale des jeunes, des vocations, des séminaristes, du volontariat. Ce furent des années passionnantes qui m’ont beaucoup apporté. A nouveau je voudrais remercier chacun de ces nombreux jeunes avec lesquels j’ai eu la grâce de cheminer un temps : merci pour votre enthousiasme et le don de vous-mêmes, merci pour votre foi et votre espérance, merci pour votre charité qui a fait des merveilles en Asie. J’ai tant reçu de vous et vous habitez toujours ma prière de prêtre. Je sais que le Seigneur vous redonnera au centuple ce que vous avez donné – il vous donnera la vérité que vous cherchez dans votre vie, il se donnera lui-même à vous ! Sachez que je reste proche de vous mais je suis appelé désormais à servir d’une nouvelle façon toute notre Société et les Eglises d’Asie et de l’océan Indien auxquelles nous appartenons. Sachez aussi que je garde précieusement devant moi votre enthousiasme pétillant d’une belle impertinence qui me rappelle que si je dois prendre avec beaucoup de sérieux mon nouveau service, je ne dois pas me prendre moi-même au sérieux, pour rester fraternel et accueillant !

Avec mes quatre assistants, le Père Gilles, Reithinger, vicaire général, le Père Alain Bourdery, le Père Xavier Demolliens et le Père Bernard Jacquel, que je voudrais remercier encore d’avoir accepté de revenir ou de rester à la rue du Bac, nous nous sommes mis très tôt au travail. Nous savons bien que, dans une Société comme la nôtre, pour être fidèles à 350 ans d’histoire et à la mission que l’Eglise nous a confiée, nous ne pouvons pas nous complaire dans un certain confort et une certaine facilité qui n’affronteraient aucun changement. Il nous faut au contraire, comme nous l’avons fait ensemble cet été pendant l’Assemblée Générale, nous tenir à la disposition de l’Esprit et entendre ses appels. C’est l’unique façon de faire pour être les dignes héritiers de toute cette histoire de don que j’ai voulu vous rappeler au début de cette lettre.

Depuis notre assemblée générale en juillet dernier, nous avons pris un certain nombre de décisions pour que notre institut remplisse toujours mieux son rôle dans la fidélité à l’histoire de notre Société et des Eglises d’Asie et aussi son rôle de formation des volontaires, des séminaristes ainsi que des prêtres étudiants asiatiques. Je voudrais vous présenter en particulier l’une d’elles, l’ouverture d’un foyer vocationnel. Ce foyer accueille déjà quatre jeunes qui, tout en travaillant ou en ayant pris une année de disponibilité, prennent sérieusement les moyens pour discerner leur vocation missionnaire et sacerdotale. Dans le cadre de cette pastorale de l’accueil, nous avons aussi mis sur pied des week-ends et des semaines missionnaires qui permettront à des jeunes Français originaires de la province de venir faire un pèlerinage à Paris, de recevoir un enseignement sur la mission, l’Eglise, la culture des pays d’Asie, de prier avec nous chaque jour, d’écouter des témoignages de missionnaires, de séminaristes ou de volontaires M.E.P. Au sujet de la prière, car nous ne pourrons pas être féconds et appelants sans une intense vie spirituelle, nous nous retrouvons désormais à la crypte de la rue du Bac le dimanche soir pour un temps d’adoration du Saint-Sacrement et une messe pour les jeunes suivie d’une rencontre conviviale. Une retraite ouverte à tous les confrères, prêchée par le Père Michel Guittet, prêtre du diocèse de Paris, est prévue à la fin du mois de juin 2011. D’autres nouveautés seraient aussi à évoquer dans le cadre de nos différents services du volontariat, des vocations, de l’animation pastorale, des projets verront le jour… Vous les découvrirez peu à peu dans les prochains numéros de notre revue.

Un voyage m’a conduit en Birmanie, à Bangkok et à Singapour au cours de ce mois de décembre et je reprendrai l’avion pour aller visiter mes confrères en Asie ainsi que les Eglises auxquelles nous sommes liés. Le supérieur général doit, durant les six ans de son mandat, faire la visite de tous ses confrères en Asie, dans l’océan Indien et en France. Cela demande évidemment un peu d’organisation dans un agenda qui ne manque pas d’être noirci par toutes sortes de rendez-vous et d’appels, mais c’est pour moi une grande joie de retrouver des personnes qui me sont chères. Pour accomplir ma mission et prendre des décisions justes, j’aurai besoin de prendre le pouls du terrain, d’écouter longuement les uns et les autres. Il faudra, grâce à l’expérience de mes confrères, prendre pleinement la mesure de la diversité des situations, des pays où nous servons afin de procéder, je l’espère, à l’envoi de plus d’une vingtaine de jeunes confrères durant les six années à venir. L’année 2011 nous procurera la joie de l’ordination de sept jeunes prêtres M.E.P. Il me faudra l’assistance de l’Esprit de discernement et aussi de l’Esprit d’audace car nous ne pouvons vivre qu’en allant toujours de l’avant !

Je serai assez souvent en Asie durant les années qui viennent mais toujours en lien avec vous grâce à internet et à ce fameux téléphone portable qu’aiment brocarder certains amis ! Plus sérieusement, c’est dans la prière que je resterai profondément uni et proche de vous.

***

Chers familles et chers amis, cette méditation sur le don de notre vie que j’ai voulu faire dans cette lettre, je ne l’adresse pas seulement à mes confrères, aux vingt jeunes en formation dans différents séminaires en France, aux volontaires, ainsi qu’aux prêtres étudiants qui apportent dans notre maison la jeunesse de l’Eglise en Asie. Je vous l’adresse aussi et comme j’ai remercié les missionnaires pour le don qu’ils font d’eux-mêmes, je voudrais aussi vous remercier pour le don que vous faites de vous-mêmes et qui nous est si précieux.

Je pense tout d’abord à vous, nos chères familles. Combien nous avons appris de vous ! Combien c’est aussi une leçon stimulante, pour nous prêtres qui n’avons pas de charge de famille, de vous voir vous donner au quotidien dans l’éducation de vos enfants – tâche si belle et si exigeante ! Merci d’accompagner notre mission en Asie par vos prières et votre affection et merci de nous offrir, lors de notre retour, cette tendresse qui nous est si précieuse. Merci aussi à vous les parents de nos jeunes confrères d’accepter qu’ils s’éloignent de vous physiquement – mais jamais affectivement ou spirituellement – pour qu’ils puissent accomplir la mission que le Seigneur leur a donnée.

Merci à vous les amis des Missions Etrangères, et à vous tous, bénévoles et salariés qui nous aidez soit à Paris, soit dans nos différentes maisons. Vous savez que nous constituons spirituellement une seule famille et que nous puisons ensemble dans les richesses de l’héritage que nous ont laissé ceux qui nous ont devancés. Oui, nous sommes tous ensemble lancés dans une même aventure dans laquelle le Seigneur nous unit et nous donne déjà de goûter à la joie du Royaume – traversant tous ensemble toutes les frontières et nous réjouissant tous ensemble de la richesse des cultures des uns et des autres.

A vous tous, en signe de gratitude, je voudrais vous livrer ce dernier exemple du don de soi dont j’ai été le témoin récemment.

Au début du mois d’octobre, je me suis rendu à Rome pour rencontrer S.E. le Cardinal Ivan Dias, le Préfet de la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples, sous la direction de laquelle travaille notre Société. J’ai profité aussi de cette visite pour me rendre en pèlerinage à la tombe de Pierre et j’ai eu l’honneur de pouvoir saluer le Saint Père Benoît XVI. Je lui ai d’ailleurs redit tout l’attachement spirituel des Missions Etrangères à son égard et je lui ai demandé de nous bénir.

Pendant presque deux heures, j’étais assis non loin de lui, sur la place Sain- Pierre durant son audience du mercredi matin. J’ai été ainsi le témoin d’un tout petit aspect de l’immense don de lui-même que fait ce Pape qui, à 83 ans, est tout entier au service de l’Eglise. Je peux vous dire que j’ai été fortement impressionné par son attention envers les personnes venues le saluer mais aussi envers tous les groupes présents sur la place. Le Pape sait faire preuve d’attention et de douceur, et silencieusement il nous fait grandir en nous entraînant à nous donner joyeusement. Devant un tel témoignage, nous n’avons pas d’autres solutions que d’aller de l’avant, aussi dur que soit parfois le chemin.

Je conclus cette lettre en vous redisant toute mon affection fraternelle. Que cette année 2011 soit bonne pour chacun d’entre vous, qu’elle vous donne la joie des recommencements, l’intuition pour des initiatives porteuses d’avenir, la vie en abondance dans vos familles, la joie du travail bien fait et du devoir accompli. Restons unis par la prière, l’affection et l’amitié. Très bonne année 2011 !

P. Georges Colomb, M.E.P.
Supérieur Général

  1. Jean-Paul II, Fides et Ratio 32.