Les Verts, envers et contre tous ? - France Catholique
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La justice de Dieu
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Les Verts, envers et contre tous ?

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Aujourd’hui, je me « lâche », comme disent nos savants lycéens, inventeurs perpétuels d’une nov-langue admirée à chacune de ses surrections trépidantes par le sémillant ancien ministre de la culture « Jack » Lang.

Contre qui donc en ai-je ? Contre, cher lecteur – je n’ose toujours pas ajouter l’s du pluriel, par une sorte de superstition inversée, ayant beaucoup de difficulté à me retrouver perdu dans une foule – nos élégants « sans-culotte » de la gauche intellectualisée à outrance, bardée d’une infinité de diplômes réservés à leur espèce1– mais chez qui l’on découvre de grasses couches cachées d’ignorances et de verbiages piteux ! Ils s’indignent du côté « réactionnaire » de ce qui aujourd’hui unit chrétiens, juifs et musulmans sans compter nombre d’agnostiques et même d’athées sensibles à l’abandon de valeurs multiséculaires – ne sont-elles pas éternelles ? –, par exemple le respect des morts, dont les dépouilles aujourd’hui sont condamnées au bout de trente ans à déguerpir de leur cimetière2….

Mais que c’est-il passé ? La goutte qui fait déborder le vase : un ami m’a envoyé copie du communiqué des Verts à propos d’une déclaration de Monseigneur Delmas, évêque d’Angers et donc depuis mon évêque : je l’ai lu et mon sang n’a fait qu’un tour.

Je crois qu’il faut en finir avec l’imposture intellectuelle et morale de ces perpétuels donneurs de leçons, qui s’imaginent, eux qui ont fourré la civilisation dans un cul de sac, connaître, les misérables, le fin mot du destin de l’humanité et donc de tout homme. Qui croient que leur minable idéologie totalitaire, athée, sectaire et par-dessus le marché intolérante, est le vade mecum absolu de la modernité : être le sens ultime de notre vie. (Il suffit de lire certaines interventions de députés à l’audience des responsables religieux lors du débat tronqué sur le mariage entre semblables pour être certain que le démon existe !)

« Modernité », mot que l’on va devoir un jour haïr, tant il est porteur d’abandons, de négations, de stupidités à prétention universitaire, de nullités conceptuelles fourrées dans les neurones de nos pauvres concitoyens, devenus malgré eux colporteurs de billevesées que l’on croit – mais est-ce sérieusement ? – dignes rivales de ce qui est apparu dans l’histoire comme le plus extraordinaire message de tous les temps, la foi en Jésus le Christ. Leur gendeure, par exemple, monument de tristesse, nous sauvera-t-il du désespoir ? Il ne fera que l’accentuer à rendre suicidaires nos chers concitoyens. Nous les aimons trop pour qu’ils soient ainsi exposés à la sottise redondante et disqualifiante.

Le mot « réactionnaire » est, pour moi, un mot sublime : un corps capable encore de réagir avec force est un corps de vivant, ce qu’à Dieu plaise toujours que je le sois jusqu’après ma dernière seconde. Ceux qui veulent faire taire ce vivant prouvent par leur violence même qu’ils sont du côté de la mort : car ils manifestent ainsi leur profonde ignorance de ce qu’est la liberté : non un bien dont ils devraient seul profiter, mais un caractère d’être qui est commun à tous et dont chacun doit pouvoir user dans la mesure même où ils savent qu’il ne saurait empiéter sur le droit des autres.

Ce qui motive mon indignation actuelle – et Dieu sait combien mon pauvre (mais très cher) lecteur ne peut que me juger perpétuel indigné, bien au-delà de ce que peut penser de la question Monsieur Hessel dont on n’entend plus beaucoup parler depuis que le gouvernement est devenu vertueusement socialiste – c’est le communiqué des Verts, ces petits et verbeux godillots de Madame Dufflot, anti-cathos extrémiste quoique mariée à l’église :

« Nous regrettons que Mgr Delmas, évêque d’Angers, tombe dans des travers réactionnaires remettant en cause le droit fondamental à l’avortement. La solidarité est une valeur que nous défendons et qui ne doit pas être galvaudée par un ordre moral archaïque. Nous condamnons l’appel de Mgr Delmas en faveur de l’abolition du droit à l’avortement ! » : communiqué envoyé alors que cet évêque courageux vient d’entrer à l’hôpital. Très bienséante, n’est-ce pas, et bienveillante intervention !

Oui, je m’étonne, cher lecteur, d’une impudence aussi sûre d’elle, d’un irrespect aussi triomphant, bases même de l’idéologie idolâtre de la Terre : ces vertus nouvelles normes, qui effacent les anciennes et que ces « vestales » du néant nous distillent de jour en jour avec plus de morgue que la veille et qui vont de pair avec leurs convictions mortifères, je dois dire que je les considère dans un mouvement de profond dégoût : il est urgent de rétablir l’ordre des mots et de ne pas laisser leurs ambitions nihilistes côtoyer l’ordre moral spirituel. Je les plains du fond de mon âme, de mon esprit comme de mon cœur mais je déteste tout autant les mauvaisetés morales et intellectuelles qu’ils répandent.

Exemple : il m’arrive de lire les textes d’un des leurs les plus farouches, qui plaide notamment pour une politique dite nécessaire, prétendue indispensable mais résolue à faire disparaître cinq milliards et demi d’habitants de cette planète : car ce digne intello la juge, le propos est audacieux, incapable de porter plus de cinq cent millions d’habitants. Quels tourments idolâtres, quelles pratiques totalitaires seraient susceptibles d’atteindre un tel résultat ? Je ne sais même pas si des émules de Staline ou d’Hitler ou de Mao sauraient y parvenir ! Que ces mots me soient pardonnés s’ils sont jugés excessifs, mais il est des heures où il faut se remettre debout et montrer à quel point l’infamie – ne regardez pas du côté de Voltaire – ne passera pas.

Les Verts sont redoutables dans leur constance à mépriser l’être humain alors qu’ils ne sont que vénération des chauves-souris, des manchots et des cobras ; qu’ils ne sont qu’inquiétude pour la planète au point qu’ils nous somment de faire chaque jour un geste en sa faveur, mais jamais en la nôtre ; qu’ils ne sont qu’attentions à la Bardot pour les embryons des ours polaires, des vampires des grottes brésiliennes et des sauterelles de je ne sais quel coin de Provence où l’on ne saurait construire une route parce qu’elle y sautillent allègrement : mais massacreurs patentés d’embryons humains, considérés comme matière première pour laborantins ; qu’ils ne sont que dorloteries pour les désirs des « homos », aussi minoritaires qu’ils soient, désirs qu’après tout ces derniers sont assez grands pour les assumer eux-mêmes sans qu’il soit nécessaire d’en entendre chaque jour vanter les hypothétiques mérites… Je dois avouer que j’en ai plus qu’assez de cette campagne médiatique outrée qui finirait par faire croire aux enfants que seule la condition d’homo permet le vrai bonheur, alors que nous savons parfaitement combien de souffrances sont le lot de la plupart d’entre eux. Ils n’y peuvent apparemment rien, comme nous tous de l’autre bord, mais ils en souffrent et nous font aussi souffrir.

Donc il « regrettent » que Monseigneur Delmas soit tombé dans cette horreur suprême que sont, selon eux, « les travers réactionnaires » : pourtant ils n’ont pas hésité à proférer ce qui ne peut être considéré que comme un jugement d’exclusion, une sorte de condamnation sociétale, nouvelle espèce de stigmatisation infamante, dudit évêque d’Angers. Exclusion, condamnation, stigmatisation sont des pratiques interdites véhémentement (et avec raison) quand des hommes de droite les commettent, mais tout à fait légitimes quand il s’agit d’hommes de gauche, surtout maquillés en vert.

Donc ils « regrettent », à la place de Monseigneur Delmas, que soit remis « en cause le droit fondamental à l’avortement », en oubliant le droit bien plus « fondamental » du nouvel être embryonnaire de vivre sa propre vie alors qu’il est promis à la casse.

C’est que ces bonnes âmes angéliques sont extrêmement solidaires envers ces pauvres femmes qu’ils incitent pourtant à commettre ces actes indignes : plus souvent qu’on ne le croit, elles éprouvent, parfois des années plus tard, avec une acuité d’une violence redoutable, des souffrances d’une désespérance tragique et d’une culpabilité qui devrait pourtant n’être que celle de leurs inspirateurs. La « solidarité » dont ils se glorifient est une valeur quand il s’agit du bien et de la vérité, sinon il s’agit d’une complicité de mauvais aloi. Il est vrai que le bien « moral », pensent-ils, ne saurait appartenir qu’à un « ordre archaïque », sorte d’infamie qui répugne aux amateurs de désordre moral. En effet, si l’on dénonce l’ordre moral3, on ne peut mettre face à lui que ce désordre. À moins que soit répudiée l’ancienne logique ?

Mais ce qui appartient à la permanence de l’être ne saurait devenir archaïque car s’imposant à tous les temps.

Le mot condamnation vient enfin, qui était déjà sous-entendu dans le « regret » initial : « Nous condamnons l’appel de Mgr Delmas en faveur de l’abolition du droit à l’avortement ». Mais si l’évêque d’Angers avait encouragé la reconnaissance de ce droit loufoque : pire, une ânerie criminelle, il aurait immédiatement dû jeter sa mitre au bas des grands escaliers qui, devant sa cathédrale, descendent jusqu’à la Maine, parce qu’un successeur des apôtres du Christ ne peut que défendre la vie, soutenir l’existence des plus petits, plaider en faveur des plus faibles, braver les puissants à ces sujets comme à d’autres – la liberté de penser, la liberté de croire et d’adorer, la liberté de s’opposer etc. – que ces puissants soient de la veille, du jour ou du lendemain quand ils osent l’irréparable, l’impardonnable, c’est-à-dire convaincre le peuple notre peuple de commettre ce qui est indicible, l’attentat inhumain contre les humains les plus petits, quoiqu’ils soient également porteurs de notre avenir.

Quelle sera la peine prononcée ? Déjà elle a été énoncée : monseigneur Delmas est pour toujours expédié aux oubliettes où tous les pourfendeurs de mauvaisetés se retrouvent, destinés à l’oubli que méritent ceux qui tentent de sauver ce qu’il est encore possible de sauver dans cet immense désastre que représente le naufrage de notre société. Mais Monseigneur le sait 4 : ces oubliettes ne sont autres que le Royaume de Celui qu’il sert, rejeté de ces imprécateurs sans mémoire mais oublieux qu’ils furent des embryons humains, sinon aujourd’hui ils ne seraient que bestioles sans importance.

  1. On dirait que certains diplômes ont été inventés pour la gensdegauche
  2. Personnellement, ce « détail » m’indiffère : est-ce que la très admirable Jeanne, au sortir de son bûcher, a bénéficié d’une place au cimetière ? Les assassinés et les noyés dont on ne retrouve pas les corps, les voyageurs disparus on ne sait où, les soldats réduits en miette sous les bombes… Mais je pense aux multitudes qui seront blessées par une telle décision, même si je comprends que l’on finira par avoir quelque difficulté à loger tout le monde, encore que l’on a omis d’interroger les architectes afin qu’ils conçoivent le cimetière du futur sans recourir nécessairement à la si triste et désespérée solution de la brûlerie.
  3. Je ne parle pas ici de l’ordre moral que des tyrans ont voulu ou voudraient encore installer, parce qu’alors il ne s’agirait à proprement parler que d’une autre sorte de « désordre moral »… ce qu’au fond le gouvernement socialiste rêve de mettre en place sur plusieurs points réellement « fondamentaux ». C’est une des raisons pour laquelle je veux être à la manifestation du 13 janvier.
  4. Je puis me permettre de dire mon indignation, ce qu’il ne saurait faire, étant la victime.