Les Thénardier - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Les Thénardier

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19 mars

La campagne médiatique anti-Benoît XVI continue de faire rage. Je m’en occupe par ailleurs en essayant de ne pas me prêter – et c’est extrêmement difficile – à l’entraînement de sa violence. L’atroce affaire de la petite fille brésilienne, violée par son beau-père, avortée des deux bébés qu’elle portait, fait les choux-gras de la presse internationale. C’est pour moi insupportable en soi. Devant un drame comme celui-là, le silence s’impose. On me dit que ce tintamarre indécent est dû à l’arche­vêque de Récife lui-même, qui a prévenu la presse de l’excommunication encourue par les responsables de l’avortement. Mais je crois aussi que la féroce bataille qui a lieu au Brésil sur la législation abortive en est la cause première. Mon réflexe a été de m’étonner de la réaction de l’homme d’Église. J’aurais voulu qu’il témoigne de la seule compassion de la prière. Mais ma tristesse profonde ne saurait me solidariser avec le lynchage dont l’archevêque est l’objet. Ce lynchage est trop intéressé et partisan pour être honnête. C’est une aubaine pour ceux qui voudraient faire passer la suppression de petits êtres dans le ventre maternel comme moralement indifférente.

Benoît XVI n’est évidemment pour rien dans cette affaire, mais la perversité médiatique concourt à en faire le responsable essentiel. Il est vrai que la déclaration malheureuse du cardinal Re, approuvant l’archevêque de Recife dans un quotidien italien, est venue cautionner l’interprétation selon laquelle « le Vatican approuvait ». Je suis persuadé du contraire. Le processus est identique à celui du scandale Williamson. Il s’agit de faire pivoter l’axe de la flèche accusatrice pour viser le même personnage. En utilisant les mêmes procédés mensongers qui relèvent plus ou moins du non-dit. Qui croira jamais – sauf cas de folie furieuse – que le Pape ait la moindre complaisance négationniste ? Qui croira qu’il accablerait des gens écrasés sous le poids de leur misère et de leur douleur ? N’empêche que faire passer aujourd’hui un minimum de raison face aux accusateurs déchaînés relève de la gageure.

On m’a reproché d’avoir traité mes confrères de Thénardier. Je persiste. Les exploiteurs de la détresse humaine, si bien caractérisés par le Victor Hugo des Misérables, peuvent aussi revêtir les habits d’informateurs professionnels. Ils se révèlent aussi rapaces. Cosette est pour eux un prétexte afin de poursuivre leur offensive de dénigrement. Qu’ils fassent pourtant très attention. Tout pourrait, quelque jour, se retourner contre eux… En attendant, je préfère relire quelques pages de la Nouvelle Histoire de Mouchette, de Bernanos (que l’éditeur bordelais Le Castor astral vient tout juste de republier). J’y retrouve toute la pudeur qu’il nous faudrait face à l’infinie détresse d’une petite fille.