Depuis le début du vingtième siècle, où elles furent créées par Marius Gonin, les Semaines sociales ont joué un rôle important dans la définition du catholicisme français et son incarnation dans la cité. Leur histoire a évolué au gré des modifications politiques et sociologiques du pays. Marquées à l’origine par une forte identité qu’elles tenaient de la doctrine des papes depuis Léon XIII, elles ont été menacées de disparition, alors qu’on assistait à un effacement des spécificités de l’engagement chrétien. Leur renaissance a correspondu à une nécessité impérieuse de retour à une affirmation dans l’espace public. Il est remarquable qu’elle coïncide avec une remise en cause générale des valeurs, elle-même consécutive à la crise systémique à laquelle nous assistons.
Le sujet choisi cette année pour la session des Semaines (25-26-27 novembre) s’inscrivait dans l’interrogation et même l’inquiétude qui s’emparent de l’opinion. La démocratie qui structure toutes les sociétés occidentales pose des problèmes nouveaux que les chrétiens doivent envisager selon l’éclairage qui leur est propre, non sans en débattre avec l’ensemble des familles intellectuelles qui constitue l’identité nationale. Il est trop tôt pour faire le bilan de la réflexion qui s’est développée au cours des interventions qui furent diverses autant dans leur inspiration que dans les domaines explorés. On retiendra, outre la présence des représentants des courants politiques, les questions fondamentales posées par un Paul Thibaud ou un Pierre Manent. On peut concevoir d’ailleurs une certaine perplexité qui s’explique par la profondeur des ébranlements intellectuels qui secouent l’ordre international et l’ampleur des déplacements des notions philosophiques qui semblaient les mieux assurées.
Si l’individu l’emporte de plus en plus sur le citoyen, c’est l’exercice même de la légitimité démocratique qui devient problématique. C’est sans doute l’occasion d’un réexamen des fondamentaux de la vie sociale, ainsi que Benoît XVI l’a fait dans son grand discours au Bundestag, lors de son voyage en Allemagne.