LES POUX, LES ENFANTS ET LE LION - France Catholique
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LES POUX, LES ENFANTS ET LE LION

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Concord, Walden I and Walden II (1971) - Tom Philips (1937)

Concord, Walden I and Walden II (1971) - Tom Philips (1937)

CC by sa : Pedro Ribeiro Simões

Nous avons tous entendu parler des « communes », ces communautés nées des divers mouvements de la contre-culture et, en particulier, des milieux hippies. Il en existe de nombreuses aux États-Unis. Il y en a aussi en France, dans la région parisienne et dans le Midi, où leurs adeptes leur donnent plutôt le nom d’« ashram », soit parce qu’ils se réclament de spiritualités orientales soit que, sous couvert d’orientalisme, on s’y drogue.

Psychologie vient de publier un très intéressant document sur l’une de ces communes (a). C’est le témoignage d’une universitaire qui participa à sa fondation en 1967 et qui y vit depuis lors avec sa fille. Son témoignage relève de ma chronique car la commune en question, Twin Oaks, en Virginie, s’inspire de Walden Two, le roman utopique de B.F. Skinner, et Skinner est l’un des psychologues américains les plus renommés1.

Ne tenir compte que du moteur

C’est lui qui, en étudiant l’apprentissage chez le rat, a imaginé le principe de l’enseignement programmé (c’est évidemment un raccourci un peu sommaire de son œuvre). Les succès de l’enseignement programmé, qui sont réels et qui montrent l’importance extraordinaire du conditionnement, même dans les activités les plus intellectualisées de l’être humain, peuvent sembler donner un fondement scientifique à la forme de société décrite dans Walden Two et qu’un groupe de jeunes (et moins jeunes) Américains s’efforcent de réaliser à Twin Oaks.

Voyons donc ce qu’est Twin Oaks, et d’abord Walden Two, son modèle utopique. J’en emprunte le résumé à Psychologie : « Walden Two (est) destiné à illustrer ses théories psychologiques (de Skinner). Il croit en effet à l’amélioration du sort de l’homme par l’application de certains principes scientifiques. Dans son roman utopique, Skinner s’est laissé aller à rêver ce que serait une microsociété régie par les lois de la science. Il imagine une communauté vivant dans un village expérimental où les techniques de la psychologie seraient étendues à de nombreuses activités permettant une amélioration considérable du bien-être de ses membres (…). »

Ce simple exposé en dit assez pour permettre quelques réflexions.

1. Il est vrai, certes, que la psychologie est une science, que ses découvertes sont nombreuses et bien démontrées. Mais ce que la psychologie sait de l’homme n’est rien auprès de ce qu’elle ignore. Comment, dès lors, prétendre imaginer une société « régie par les lois de la science » ? Régira-t-on cette société en ne tenant compte que de ce qu’on sait ? Imaginons un ingénieur spécialisé en thermodynamique et qui prétendrait réformer l’automobile en ne tenant compte que du moteur, sous prétexte que le reste, il l’ignore : la direction, les amortisseurs, le frein, les sièges, connais pas ; on ne connaît pas, donc cela n’a pas à être pris en considération : on fait comme si l’auto n’était qu’un moteur, on la réduit au moteur. Evidemment, un tel ingénieur, s’il insistait, serait promptement fourré au cabanon. Parce qu’il s’agit d’auto. Avec l’auto, on ne plaisante pas. Tandis que dans Walden Two, parbleu, il ne s’agit que de l’homme : pourquoi l’ingénieur myope Skinner se gênerait-il ? Il décrit donc son utopie, la lance sur le marché, et écoutons Kathleen Kinkade : « Pour moi, Walden Two fut comme un éclair de lumière éblouissante. L’émotion qui m’envahit à cette lecture est indescriptible. La communauté qui s’y trouvait dépeinte représentait tout ce que j’avais toujours voulu, tout ce en quoi j’avais toujours cru, tout ce qui me semblait indispensable à mon bonheur » (b)2.

2. Skinner veut « améliorer le sort de l’homme », il veut « accroître son bien-être », etc. Améliorer par rapport à quoi ? Dans quel chapitre de la psychologie a-t-il trouvé son échelle des valeurs humaines ? Cette prétention est absurde et risible.

Skinner a si bien vu que la liberté humaine est impossible à soumettre à ses lubies qu’il vient d’écrire un livre « prouvant » que la liberté est une illusion et qu’elle n’existe pas3. Le droit de ratiociner est sacré, il n’y a donc rien à répondre à son livre.

3. Il n’y a rien à répondre, sauf s’il nous menace, auquel cas cela ne relève plus de la ratiocination, mais de la politique. Nous menace-t-il ?

C’est là que le témoignage de Kathleen Kinkade peut inspirer la réflexion. A Twin Oaks, la Bible c’est Walden Two. Or, la vie qui y est décrite est la plus intolérante, la plus morose, la plus répressive qui soit. Et, comme c’est la règle, l’intolérance s’y exerce au nom de la liberté. Ecoutons Kathleen Kinkade : « La liberté sexuelle est devenue la norme à Twin Oaks, tant en théorie qu’en pratique. Evidemment, cette norme n’exclut pas la monogamie dans la mesure où les deux partenaires la désirent. Mais nous désapprouvons la personne qui s’accroche à une liaison dont le partenaire est visiblement las… La pression du groupe s’abat sur le (ou la) partenaire possessif ou jaloux et soutient celui (ou celle) qui réclame sa liberté… Il est arrivé que des couples quittent la communauté, de crainte de voir leur union compromise par les mœurs sexuelles en vigueur. » A Twin Oaks, donc, la pression du groupe s’exerce constamment dans ce que la vie de l’être humain a de plus intime et de plus secret, et elle s’exerce dans le sens de la dissolution.

La Société est bonne fille

Mais les enfants, alors, au sein d’un tel système, que deviennent-ils ? Eh bien, les enfants, c’est une plaie, on ne sait pas qu’en faire. Kathleen Kinkade raconte l’histoire du petit Timothy, un vrai poison « dont nous avions sous-estimé le besoin d’affection, qui refusait de rester seul, qui s’attachait à nos pas et voulait participer à tout ». Les huit enfants que la communauté (sic) eut jusqu’en 1969 étant tous de ce modèle insupportable (qui est d’ailleurs le modèle standard), les disciples de Skinner s’en débarrassèrent en les envoyant chez les grands-parents (sic) ou ailleurs, on ne sait pas très bien où, et depuis, tout le monde ayant compris, il n’y a plus eu un seul enfant dans cette belle « communauté ».

Kathleen Kinkade ne nous dit pas ce que l’on fera des vieillards, dans quelques années. Où les « enverra »-t-on ? Si elle n’en sait rien, je peux le lui dire : la « société » s’en occupera, car la société est bonne fille et nourrit ses contestataires avec la même indifférence que le lion ses poux4.

Skinner, son Walden Two et ses Twin Oaks nous menacent-ils ? On voit bien que non : tout cela manque du plus élémentaire sérieux. Mais le lion a bien le droit de se gratter un peu, fût-ce en bâillant.

Aimé MICHEL

(a) Kathleen Kinkade : « J’ai vécu cinq ans dans une communauté » (Psychologie, août 1973, n° 43).

(b) Psychologie, ibidem, p. 31. K. Kinkade est (hélas) une philosophe. Eût-elle fait un peu de physiologie que déjà cette « émotion indescriptible », cette conversion irrationnelle à un système de concepts lui eussent paru suspectes. Cf. mon étude sur les Sectes dans le volume les Religions, de l’Encyclopédie du C.E.P.L., 114, Champs-Elysées, Paris, VIIIe).

Chronique n° 151 parue dans France Catholique-Ecclesia – N° 1393 – 24 août 1973


Notes de Jean-Pierre ROSPARS du 29 avril 2013

  1. Burrhus Frederic Skinner (1904-1990), professeur à Harvard de 1958 à 1974 et auteur prolifique (21 livres et 180 articles), fut un psychologue très influent. Sa contribution théorique majeure est le conditionnement opérant qu’il étudia expérimentalement à l’aide d’un dispositif appelé boîte de Skinner. Il inventa cette boîte qui porte son nom en 1929 alors qu’encore étudiant il s’intéressait au comportement alimentaire des rats. Il s’agit typiquement d’une boîte cubique de 30 cm de côté muni d’un levier sur l’une des parois. En pressant sur le levier, le rat déclenche un mécanisme qui délivre (ou non) une boulette de nourriture. Simple n‘est-ce pas ? Mais à quoi cela peut-il bien servir demandera-t-on ? Eh bien à beaucoup d’expériences. En effet, le rat, surtout s’il est à jeun, apprend facilement à appuyer sur le levier pour obtenir sa nourriture en réponse à un signal, par exemple si et seulement si une lumière est allumée. On voit qu’on peut ainsi « poser des questions » au rat, avec des lumières, des sons, des odeurs plus ou moins complexes, ou bien encore des images d’autres animaux, de l’environnement naturel etc. et accéder ainsi à ce que le rat est capable de percevoir et de comprendre. Bien entendu ce dispositif a été adapté à bien d’autres espèces animales.

    Skinner a développé sur cette base une théorie du comportement animal et l’a étendu à l’espèce humaine. Il fut ainsi le fondateur d’une philosophie à base scientifique appelée béhaviorisme radical faisant complètement abstraction des processus mentaux (voir la chronique n° 5, Le caractère sur ordonnance, mise en ligne le 15.08.2009, notamment la note b). Skinner pensait en particulier que le libre arbitre n’est qu’une illusion et que les actions humaines s’expliquent fort bien par leurs conséquences : si elles sont bonnes l’action est renforcée, sinon cette action cesse rapidement d’être répétée ; c’est ce qu’il appelle principe de renforcement. Selon lui, l’explication du comportement doit être recherchée dans l’histoire (génétique et personnelle) de chaque individu et dans son environnement, non dans ses états mentaux qui ne sont que des métaphores ou des fictions.

  2. Aimé Michel s’est beaucoup intéressé à ces « conversions irrationnelles ». On peut lire son article sur les sectes cité en note sur le site http://www.revue3emillenaire.com/blog/les-sectes-les-religions-paralleles-par-aime-michel. Il y propose « une analyse des phénomènes psychologiques impliqués dans la naissance et le développement des sectes ». Si son objectif semble de prime abord relativement modeste il ne faut pas s’y fier : il s’agit en réalité d’une réflexion profonde sur la nature humaine. Son enquête est nourrie de nombreuses anecdotes sur les fondateurs de sectes célèbres ou oubliés, traitées avec un mélange rare en cette matière de distanciation critique, de respect et d’humour.

    À l’origine de toute secte on trouve une « conversion », c’est-à-dire « un changement psychologique radical et généralement instantané. Elle peut n’avoir aucun rapport avec la religion. Elle peut être idéologique, politique, poétique, morale. C’est par un tel changement radical et instantané que Rimbaud, de poète prodige, se trouve transformé en aventurier du négoce, ou que Koestler, de bourgeois décadent, se mue en militant communiste. » La conversion du fondateur « survient au terme d’un temps d’angoisse qu’elle clôt en retournant la situation angoissante, en guérissant l’angoisse par sa cause. » De ce fait, il y a autant de conversions que d’angoisses. Ainsi, une mère frustrée dans sa maternité (Ann Lee, fondatrice des Shakers au XVIIIe siècle) trouve-t-elle le salut dans la continence et un rationaliste (John Wesley, fondateur de l’Église méthodiste à la même époque) le trouve-t-il dans la foi ; Joseph Smith (fondateur de l’Église mormone dans les années 1830) se voit-il révéler la justification de l’Amérique en lutte et Pascal, « l’une des plus profondes intelligences de l’humanité, trouve-t-il la paix en “s’abêtissant”, selon son expression. »

    Aimé Michel attire l’attention sur un fait curieux et significatif à ses yeux : « Au début de toutes les sectes, et parfois pendant un temps assez long, il y a ce que le sectateur appelle les “miracles”. Si l’historien objectif n’en parle guère, pour le sectateur, ils ont une importance capitale. (…) Quand une secte naît, ses adeptes (et parfois des profanes) attestent la production de nombreux “miracles” : guérisons, voyances, prophéties, etc. Ils lui réservent une place importante dans leur vie et leurs pensées. Il est admis par tous les gens “sensés” que ces miracles sont inexistants. Les gens sensés ont peut-être raison, mais quelqu’un s’est-il jamais demandé s’il en est bien ainsi ? »

    Le meilleur est à la fin, dans l’interprétation du phénomène sectaire comme conséquence inévitable de la capacité de l’homme à évoluer. « Les sectes attestent et mesurent la disponibilité psychologique, spirituelle et morale de l’homme. Déplorer leur existence, c’est méconnaître l’un des traits les plus profonds de notre être. Autant déplorer la couleur du ciel ou la rotondité de la Terre. La disponibilité de l’homme est une adaptation évolutive ayant pour fonction d’ouvrir l’homme aux changements de l’histoire. Ces changements eux-mêmes naissent de transformations que nos inventions techniques, économiques, sociales et culturelles opèrent sur notre milieu vivant. »

    La naissance du christianisme n’échappe pas à cette analyse. Pourquoi cette secte a-t-elle mieux réussi que les autres (pour reprendre la fameuse formule d’Ernest Renan) ? « Le mécanisme de la conversion en chaîne répond à cette question : pour que la conversion du fondateur en déclenche d’autres, il faut que la réponse qu’elle donne ait valeur d’exemple. Si l’exemple s’impose à l’humanité entière, c’est que la conversion atteint à l’essence de l’homme. Son succès mesure son universalité. Son dynamisme mesure la profondeur des niveaux qu’elle mobilise dans la personne vivante. » De même, « le nombre et l’éclat des miracles au sein du christianisme naissant (…) témoigneraient pour le moins de la profondeur humaine du phénomène chrétien, profondeur confirmée par le succès ultérieur du christianisme. »

  3. Ce livre est Au-delà de la liberté et de la dignité (1971). Il est fondé sur l’idée qu’un agent autonome (le libre arbitre) n’est pas le moteur de nos actions, qu’il faut l’accepter (et même abolir cet homme intérieur autonome) pour créer une société meilleure fondée sur la science et la technologie. Le critique le plus mordant et influent de ce livre fut le linguiste Noam Chomsky, un des fondateurs du mouvement cognitiviste actuellement en grande faveur dans les milieux universitaires. Déjà, en 1959, Chomsky avait fortement critiqué un livre précédent de Skinner, Verbal Behavior. Chomsky conteste que les travaux de laboratoire de Skinner puissent être étendus à l’homme, que toute extension de ce genre relève d’un scientisme non scientifique et que Skinner ne peut être considéré comme scientifique en raison de son rejet de la méthode hypothético-déductive.

    On ne doit pas être trop surpris de la négation du libre arbitre par Skinner. Il est loin d’être le seul scientifique ou philosophe qui, au terme de ses méditations, renonce au libre arbitre parce qu’il ne voit pas comment le concilier avec les enseignements de la physique. En effet la physique ne connaît que le strict déterminisme et le pur hasard, or ni l’un ni l’autre n’ouvrent sur la liberté, mot sans signification en physique.

    Ou du moins est-ce là ce qu’on disait jusqu’à ces toutes dernière années, avant que certains physiciens ne s’avisent que la physique quantique n’est ni déterministe ni probabiliste au sens des probabilités usuelles. Ils en ont conclu que non seulement les êtres humains jouissent du libre arbitre mais que les particules quantiques (photons, électrons, protons, atomes etc.) en jouissent aussi. C’est le fameux « théorème du libre arbitre » proposé par John H. Conway et Simon Kochen (Found. Phys., 36, 1441-1473, 2006 et Notices Am. Math. Soc. 56, 226-232, 2009). Venant de mathématiciens moins célèbres qu’eux la suggestion aurait sans doute fait sourire mais, en l’occurrence elle paraît prise fort au sérieux. Je renvoie le lecteur qui désirerait en savoir plus à l’article de J.-P. Delahaye (Pour la Science, n° 386, déc. 2009, http://www.doublecause.net/libre_arbitre_quantique.pdf) et aux livres de S. Ortoli et J.-P. Pharabod, Métaphysique quantique (La découverte, Paris, 2011, notamment l’Annexe 2) et de N. Gisin, L’impensable hasard (Odile Jacob, Paris, 2013, pp. 138-140).

  4. Twin Oaks existe encore aujourd’hui comme on peut s’en assurer en se rendant sur le site http://www.twinoaks.org. La communauté, y apprend-t-on, vit de la manufacture de hamacs, de meubles et de tofu, de l’indexation de livres et de la culture de semences. Fort bien, mais qu’en est-il des principes béhavioristes issus de Walden II à la base de la communauté lorsqu’elle fut fondée en 1967 ? Pas grand chose apparemment, car ces principes ont été abandonnés au bout de quelques années si bien que seul subsiste le système de gouvernement décrit dans le livre, un conseil de planificateurs assisté d’administrateurs en charge des divers services de la communauté. D’ailleurs, explique-t-on au visiteur, « nous ne sommes plus une communauté béhavioriste. » Aujourd’hui, « quelques-uns de nos membres ont lu Walden II, mais la majorité ne le connaît pas bien. »

    Par contre on ne sera guère surpris qu’il n’y ait pas de norme pour les relations entre membres de la communauté de Twin Oaks : « Quelques membres sont célibataires, quelques-uns sont mariés, d’autres ne sont pas mariés mais en couples stables, d’autres encore ont une série de relations au cours du temps, ou sont polyamoureux (en relation avec plus d’une personne à la fois). Des bisexuels, lesbiennes, gays et hétérosexuels vivent ici (plus quelques-uns qui refusent d’être étiqueté). » (Je ne sais si Skinner envisageait cette diversité quand il parlait d’« affection libre », pour le reste il promouvait des « relations sociales et vie familiale riches »).

    Et l’éducation des enfants ? Là aussi le système original a été abandonné. « Nous avons commencé avec un système complètement communautaire pour les soins aux enfants sur le modèle des kibboutz israéliens ». Les enfants vivaient dans une maison spéciale et des équipes s’occupaient d’eux par roulement. « Cependant le système se révéla peu satisfaisant pour les parents qui voulaient plus de contact avec leurs enfants. » Aujourd’hui, suivant les préférences des enfants et des parents, certains parents s’occupent de leurs enfants tandis que d’autres les confient la plupart du temps à des adultes volontaires.

    Bref, il ne reste rien de l’ambitieuse utopie skinnérienne visant à rendre l’homme heureux par la négation du libre arbitre, la maîtrise de l’environnement et « l’attitude expérimentale envers toute chose », si tant est qu’elle fut tentée même dans les premières années. Aimé Michel voyait donc juste en concluant que « tout cela manque du plus élémentaire sérieux ».